Le gouvernement subit une nouvelle secousse à la suite d'une interview accordée, en mars 1971, par Golda Meir au Times et dans laquelle le Premier ministre avait laissé entendre qu'elle rendrait la majeure partie des territoires en échange d'une véritable paix. Tandis que Washington estime les exigences de Golda Meir malgré tout « démesurées », trois de ses ministres appartenant au parti religieux considèrent, au contraire, qu'elle a été beaucoup trop loin en ce qui concerne les concessions territoriales qu'elle envisageait. Cependant la Knesseth repousse, le 16 mars, une motion de censure présentée par le Gahal et le Centre libre. Entre-temps des assurances avaient été données au parti religieux que rien ne serait décidé sans son accord.

La tendance dominante au sein du parti majoritaire partage d'ailleurs les préoccupations des formations nationalistes. Le 5 avril, en effet, le Parti du travail, à l'issue de son congrès, adopte une résolution affirmant que tout règlement du conflit israélo-arabe devrait comporter de « substantielles rectifications » de frontières. Le général Dayan avait déclaré auparavant : « Nous resterons sur les lignes nécessaires à notre défense, même si cela doit provoquer une reprise des hostilités. »

À plus d'un égard, la sécurité d'Israël parait assurée. Son armée est, de l'avis unanime des experts, supérieure aux forces arabes réunies. La Résistance palestinienne, vaincue en Jordanie, tenue sous tutelle ou persécutée dans la plupart des pays arabes, en perte de vitesse au sein de l'opinion palestinienne elle-même, n'indispose plus les autorités israéliennes dans les territoires occupés. À l'exception de Gaza, où une situation très particulière prévaut, la population arabe vaque normalement à ses occupations. Entre-temps, en l'absence d'une paix négociée avec les États arabes, la politique dite des « faits accomplis », maintes fois exposée par le général Dayan, est mise en œuvre dans les territoires occupés. De nouveaux quartiers juifs sont mis en chantier dans l'ex-secteur jordanien de Jérusalem, le peuplement des hauteurs du Golan par des soldats-agriculteurs israéliens se poursuit, une route côtière est construite pour relier Eilat à Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, etc.

Rapports avec les USA

À diverses reprises, les Nations unies condamnent le comportement des autorités Israéliennes. Le 15 décembre, l'Assemblée générale adopte une résolution par 52 voix contre 2 et 43 abstentions invitant le gouvernement de Jérusalem à cesser toute violation des droits de la population arabe dans les territoires occupés. Le 14 mars, la commission des droits de l'homme dénonce ce qu'elle considère être des abus : le refus aux réfugiés de rentrer dans leurs foyers, le recours aux châtiments collectifs, l'expulsion de ressortissants des territoires occupés, les arrestations arbitraires, etc. Le 18 mai, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) accuse Israël de mettre en péril la santé de la population arabe et par 42 voix contre 2 et 53 abstentions invite Jérusalem à « respecter la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre ». Le gouvernement israélien repousse chacune de ces accusations, les attribuant aux intrigues des pays arabes et de leurs alliés au sein des organisations internationales.

Le plus souvent, le délégué américain s'abstient de voter des résolutions anti-israéliennes. Les États-Unis continuent à se comporter en amis et en alliés de l'État juif, lui fournissant (avec facilités de paiement) l'armement dont il a besoin, lui accordant des crédits s'élevant à 500 millions de dollars et des promesses d'aide économique qui se chiffrent à 1 500 millions de dollars pour les années 1971-73. Une intime coopération se développe entre les deux pays. C'est ainsi que, selon l'hebdomadaire spécialisé Aviation week and space technology, Washington accepte de financer pour le compte d'Israël la mise au point d'armements pouvant détruire le réseau de défense anti-aérienne de conception soviétique que les Égyptiens ont installé au cours de 1970. En contrepartie, rapporte encore la revue, les Israéliens se sont engagés à fournir aux experts américains des informations sur l'efficacité du système le jour où les combats reprendraient au Proche-Orient.