L'étonnante popularité de Hoover auprès de l'opinion américaine remonte aux années de la prohibition et de la lutte sans merci que ses G-Men menèrent contre les gangsters de l'époque. Dans un passé plus récent, néanmoins, le FBI a perdu en efficacité ce qu'il a encore gagné en puissance. Il n'a pu mettre fin au développement inquiétant de la criminalité ni décapiter la mafia, plus subtilement organisée que ne l'étaient autrefois Al Capone et ses amis. Conservateur à tous crins, Hoover a, en revanche, donné de plus en plus d'importance à l'aspect politique des activités du Federal Bureau. Non sans commettre quelques impairs. En novembre 1970, manifestement pour justifier une demande de 14 millions de dollars de crédits supplémentaires, il affirme, devant une commission sénatoriale, que ses services ont déjoué un grave complot de militants pacifistes. En janvier, six personnes sont, en effet, accusées d'avoir voulu enlever Henry Kissinger, conseiller du président pour les affaires étrangères, et d'avoir projeté de faire sauter les installations de chauffage central de plusieurs bâtiments fédéraux.

En mars, Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice du président Johnson et auteur d'un livre (Crime in America) qui n'a pas eu l'heur de plaire à Hoover, accepte d'assurer la défense des frères Berrigan et de leurs amis. Cette décision coïncide avec un autre incident dont le FBI ne sort pas grandi : le vol, à la Sûreté fédérale de Media (Pennsylvanie), de documents secrets. Les dossiers, peu flatteurs pour les collaborateurs de Hoover, sont communiqués à la presse par les auteurs du cambriolage, membres d'un certain Comité d'enquête sur le FBI.

Ping-pong

Une première mesure concrète est prise le 15 mars. Elle est présentée comme une ouverture à l'égard du gouvernement de Pékin : le département d'État lève les restrictions sur les voyages de citoyens américains à destination de la Chine populaire. Moins d'un mois plus tard, l'équipe de tennis de table des États-Unis est invitée par Pékin à se rendre en Chine. Les pongistes, accompagnés de plusieurs journalistes, sont les premiers sportifs américains à franchir les frontières de la Chine communiste depuis l'accession de Mao Tsé-toung au pouvoir, en 1949.

Washington demande alors aux pétroliers de suspendre leurs recherches dans les îles revendiquées par Pékin, puis annonce, le 14 avril, une série de mesures destinées à faciliter les relations commerciales pratiquement inexistantes entre les deux pays. L'embargo sur les échanges directs de certains produits non stratégiques avec la Chine est levé.

En quelques jours, la diplomatie du Ping-pong va modifier, dans un sens positif, l'image que le public américain se faisait jusqu'ici de la Chine de Mao.

Mais le président va s'employer à tempérer l'enthousiasme bruyant affiché par certains de ses compatriotes : « Nous avons brisé la glace. Il nous faut maintenant tâter l'eau » (conférence de presse du 29 avril).

Aucune décision n'est prise à propos du problème de la reconnaissance du régime de Pékin et de celui de son admission à l'ONU. « Plusieurs options demeurent ouvertes », précise le président Nixon le 1er juin.

Une consultation sans vainqueur ni vaincu

Une consultation sans réel vainqueur ; ainsi pourrait-on définir les élections législatives qui se sont déroulées le 3 novembre 1970 et qui ont permis le renouvellement de la Chambre des représentants, du tiers du Sénat, de 35 des 50 gouverneurs et des parlements d'État.

À l'échelle nationale, les candidats du parti démocrate pour le Sénat et les postes de gouverneur ont obtenu 28 328 437 voix (53 %) ; ceux du parti républicain, 25 108 799 voix (47 %).

En s'engageant personnellement à fond dans la bataille, le président Richard Nixon, assisté du vice-président Spiro Agnew, visait trois objectifs : infirmer la règle qui veut, depuis le début du siècle — à l'exception de 1934 —, que le parti au pouvoir soit battu aux élections de mi-course (mid-term elections) ; refaire du Grand Old Party républicain une formation majoritaire au Congrès, en particulier au Sénat, où l'opposition à la politique du chef de la Maison-Blanche est la plus frondeuse ; arracher aux démocrates la fraction de leur clientèle considérée comme la plus conservatrice.