Journal de l'année Édition 1970 1970Éd. 1970

Les élections cantonales des 8 et 15 mars

Seule consultation électorale d'envergure prévue au cours de l'année 1970, le renouvellement, les 8 et 15 mars, de la moitié des conseillers généraux de la métropole intéressait 1 609 cantons et environ 14 millions d'électeurs. On n'en attendait guère que des indications fragmentaires dans le domaine politique, ainsi qu'il est de règle pour un scrutin local. En raison de la proximité relative de l'élection présidentielle, les enseignements des cantonales ne pouvaient, en effet, donner la température de l'opinion ; tout au plus les votes devaient-ils aider à la formation des listes et à la conclusion des ententes en vue des élections municipales de 1971, en fixant la cote de telle personnalité dans son fief, de telle tendance à l'échelle des grandes villes — à l'exception de Paris, qui ne votait pas.

Un décret publié au Journal officiel du 17 janvier élargit les attributions des conseils généraux. Désormais, les assemblées départementales sont obligatoirement consultées par le préfet sur les travaux préparatoires à l'élaboration des tranches régionales du plan national de développement économique et social. Le Conseil général doit aussi donner son avis sur les priorités à accorder aux investissements publics prévus dans le département.

Le premier tour

Le premier tour se caractérise d'abord par un certain recul des abstentions, généralement très importantes dans ce type de consultation : 38,2 % seulement, moins donc qu'en 1961 (43,5 %), qu'en 1964 (44,4 %) et qu'en 1967 (42,6 %). Au plan des partis, les communistes reprennent leur étiage traditionnel (23,8 %) des suffrages ; les socialistes et la gauche non communiste se maintiennent tant bien que mal, avec un progrès plus marqué pour le PSU ; le centre souffre de ses divisions ; la majorité, qui avait choisi d'attaquer partout, avec une assez forte discipline entre l'UDR et ses partenaires, enregistre un gain assez sensible par rapport aux précédentes cantonales. Au plan des hommes, des succès comme ceux de A. Peretti, président de l'Assemblée nationale, à Neuilly, de Marc Jacquet, président du groupe UDR du Palais-Bourbon, à Melun, de Y. Guéna à Périgueux, et l'élection de douze des quatorze membres du gouvernement qui étaient candidats font oublier à la majorité les échecs de Sanguinetti (UDR) à Toulouse, de Leroy-Beaulieu (UDR) à Béziers, d'O. Giscard d'Estaing (républicain indépendant) à Cannes (où Cornut-Gentille écrase littéralement tous ses adversaires) et de Cressard, député UDR, qui n'a pu mettre en difficulté Fréville, le maire centriste de Rennes.

Le second tour

Le second tour voit la majorité consolider son avance en faisant notamment élire MM. Ortoli à Lille et Limouzy à Castres — les deux membres du gouvernement en ballottage. Toutefois, avec 12,8 % des sièges (contre 10,38 % en 1964), l'UDR ne peut se prévaloir d'une représentation cantonale équivalente à sa représentation législative ou présidentielle. Les divers gauches, avec 18,14 % des sièges (au lieu de 20,08 %), les socialistes, avec 16,34 % (au lieu de 17,16 %), en comptent plus qu'elle, le parti communiste, avec 8,94 % (au lieu de 8,14 %), et le Centre démocrate, avec 8,76 % (au lieu de 9,19 %), à peine moins. Pas de raz-de-marée donc, ni de surprise.

L'élection des présidents des Conseils généraux (18 mars) confirme le jugement des urnes. Dans les quatre-vingt-quatorze départements de la métropole soumis à renouvellement partiel, on ne dénombre que vingt nouveaux présidents et l'ampleur des changements politiques est plus limitée encore puisqu'ils ne portent que sur onze fauteuils.