Journal de l'année Édition 1970 1970Éd. 1970

C'est pourquoi, sans doute, le gouvernement israélien refuse, début avril 1970, d'autoriser le Dr Nahoum Goldmann à se rendre éventuellement au Caire pour s'entretenir avec le président Nasser, conformément au vœu que ce dernier aurait exprimé devant des interlocuteurs étrangers, en particulier le maréchal Tito. Le président du Congrès juif mondial estime qu'il n'est pas nécessaire, pour parvenir à un règlement, d'engager, du moins dans une première phase, des négociations directes. Il est surtout personnellement favorable à une paix fondée sur la restitution de la majeure partie, sinon de tous les territoires conquis.

Son point de vue n'est pas très différent de celui que partagent les quatre grandes puissances, dont la concertation sur le Proche-Orient est récusée par Israël. Selon Maurice Schumann, ministre français des Affaires étrangères, les Quatre sont d'accord sur deux principes fondamentaux : la conquête ne crée pas des droits ; l'évacuation des territoires occupés doit être accompagnée de garanties de sécurité pour tous les États de la région, y compris Israël.

Cependant, les délibérations à New York entre les représentants de Washington, Moscou, Londres et Paris traînent et sont interrompues à plus d'une reprise, faute d'entente sur les moyens d'assurer la sécurité d'Israël.

Les désaccords portent sur d'éventuelles rectifications de frontières, l'ampleur des territoires qui devront être démilitarisés, l'embargo général sur les livraisons d'armes aux pays de la région, la durée du stationnement des forces de l'ONU à Charm el-Cheikh, etc. Même ces obstacles, estime-t-on, auraient pu être surmontés si les deux super-Grands n'avaient pas à tenir compte de l'avis de leurs alliés respectifs dans la région. Le président Nixon hésite à heurter de front le gouvernement israélien, de crainte de susciter une forte opposition au Congrès et dans l'opinion américaine, largement favorables à Israël. Moscou, pour sa part, ne veut pas s'aliéner l'opinion arabe en lui imposant un règlement qu'elle risque d'interpréter comme une capitulation camouflée. Par-dessus tout, l'URSS ne veut pas porter préjudice au régime nassérien, dont l'existence dépend pour beaucoup des conditions dans laquelle la paix serait conclue. Aussi l'Union soviétique, après la RAU, rejette, en décembre 1969, le plan Rogers, considéré comme trop favorable à Israël.

Les deux super-grands ne rompent pas, pour autant, le dialogue. L'un et l'autre veulent éviter, atout prix, une dangereuse confrontation militaire, à laquelle les entraînent leurs amis respectifs. L'un et l'autre redoutent le développement de la guérilla palestinienne, tournée vers Pékin et dont l'influence grandissante risque un jour de faire échec à tout arrangement à l'amiable. Washington veut donner un coup d'arrêt à la dégradation de ses positions au Proche-Orient. Moscou craint que le prolongement du conflit rie finisse par miner les régimes qui lui sont proches.

Le dialogue des super-grands

Un rapprochement entre les deux puissances se dessine à partir de janvier 1970. Le président Nixon ajourne, à plusieurs reprises, sa décision concernant la livraison d'avions supplémentaires à Israël. Le 18 février, il met en garde l'URSS contre tout effort pour s'assurer une « position prédominante »au Proche-Orient, mais s'abstient de prendre des mesures concrètes quand, le 28 avril, Israël révèle officiellement la participation de pilotes soviétiques à la défense de la RAU. Abba Eban tente, mais en vain, lors de sa visite à Washington, le 19 mai, de convaincre ses interlocuteurs américains d'adresser un avertissement à l'URSS pour l'empêcher d'installer des bases de fusées SAM-3 le long du canal de Suez. Le président Nixon, qui a, semble-t-il, reçu des assurances à cet égard de Moscou, estime que le rapport des forces est encore en faveur d'Israël. Il se réserve cependant le droit de modifier son attitude si l'Égypte et la Jordanie rejetaient son plan de paix formulé par William Rogers le 25 juin.

Les organisations de fedayin dans le conflit

Des divergences d'ordre idéologique, politique et tactique empêchent les douze organisations de résistance palestiniennes de fusionner.