Journal de l'année Édition 1970 1970Éd. 1970

Matières premières

La très forte hausse des métaux non ferreux a été le fait dominant des douze mois écoulés. En revanche, une baisse sensible a eu lieu sur la laine, les céréales et le cacao. L'expansion économique mondiale explique le gonflement de la demande sur les produits utilisés à des fins industrielles (métallurgie, automobiles, matériel électrique, construction). Comme l'offre a été réduite soit par de longues grèves, soit par des troubles politiques, soit enfin par des nationalisations, la hausse des cours s'est accélérée. En outre, la Chine communiste, en raison de ses dissensions avec l'Union soviétique, s'est tournée vers les pays occidentaux pour obtenir certains métaux fournis auparavant par l'URSS. Quant aux États-Unis, ils n'osent accélérer le déblocage des stocks stratégiques pour ménager les pays en voie de développement, satisfaits d'obtenir des prix rémunérateurs pour leurs produits de base.

Si l'on recherche un trait commun à ces marchés, on peut également constater que l'évolution des cours s'est trouvée le plus souvent influencée par le désir des intéressés de ne pas constituer de stocks. Cela n'a rien de surprenant, étant donné la hausse des taux d'intérêt qui rendait onéreux pour les utilisateurs le stockage de matières premières. Dans ces conditions, c'est au jour le jour que les consommateurs, privés des amortisseurs que constituent les stocks, devaient s'approvisionner sur les marchés.

Il ne faut pas non plus négliger l'influence exercée par la situation monétaire. Devant les incertitudes concernant la monnaie, les spéculateurs ont recherché des valeurs refuge et se sont intéressés aux matières premières, notamment aux métaux non ferreux. La forte chute de Wall Street en mai et juin a influencé certains marchés, notamment celui de l'argent métal.

Sucre

Les cours ont évolué de façon irrégulière depuis le début de 1969, époque de l'entrée en vigueur du nouvel accord international, Après avoir atteint en mars 38 livres par tonne à Londres, leur plus haut niveau depuis 1964, les cours sont retombés en août aux environs de 28 livres par tonne à la suite de ventes à bas prix émanant des pays qui ne participent pas à l'accord, notamment les pays de la Communauté économique européenne. Une reprise est ensuite intervenue, les cours remontant jusqu'à 39 livres fin juin 1970 ; elle s'explique en grande partie par la décision d'un très grand nombre de pays consommateurs d'interdire, pour des raisons de santé, l'usage des cyclamates, produits édulcorants de synthèse destinés à remplacer le sucre pour certaines applications.

La plupart des observateurs estiment que la position statistique sera en 1970 à peu près équilibrée : l'accroissement prévu de la production devrait, en effet, être compensé, dans une large mesure, par celui de la demande, de sorte que les stocks mondiaux (de l'ordre de 19 millions de tonnes, soit plus de trois mois de consommation) ne s'accroîtraient que modérément. La récolte cubaine, qui aurait pu faire pencher la balance dans l'autre sens si les 10 millions de tonnes promis par Fidel Castro avaient été tenus, ne s'est élevée, comme prévu par les experts, qu'aux environs de 8 millions de tonnes.

Café

La fermeté du marché ne s'est pas démentie durant les derniers mois, les cours à Londres s'élevant à 370 livres par tonne en juin, contre 315 livres par tonne en septembre 1969. Comme ils étaient de 260 livres par tonne du printemps dernier, l'augmentation ressort à près de 50 % en moins d'un an. Cette hausse s'explique essentiellement par la perspective d'une forte diminution de la récolte brésilienne, non seulement en 1969-70, mais aussi durant les campagnes suivantes, en raison des importants dégâts causés par le gel aux plantations en juillet 1969. Une disparition totale des stocks brésiliens, qui pendant longtemps avaient pesé sur le marché, est prévisible avant la fin de 1973. En France, il faut noter l'ouverture probable d'un nouveau marché à terme des cafés Robusta, à Paris, avant la fin de l'année 1970.

Cacao

Le marché, qui était resté très ferme jusque vers la fin de l'année dernière, s'est ensuite nettement affaibli : à Londres, les cours sont revenus, en juin, à 250 livres par tonne, après avoir atteint 420 livres par tonne au début de novembre 1969, soit une baisse de plus de 40 %. Le renversement de la tendance s'explique essentiellement par la perspective d'une modification de la position statistique durant la campagne ; la production mondiale est, en effet, estimée à 1 330 000 t pour 1969-70, en hausse de plus de 9 % par rapport à la campagne précédente, alors que la consommation devrait, au contraire, décliner de 3 % pour s'établir aux environs de 1 300 000 t. D'après ces statistiques, un excédent apparaîtra donc en 1969-1970, alors que les quatre campagnes précédentes avaient été déficitaires.

Cuivre

La tendance du marché est restée très ferme durant les premiers mois de 1970, les cours s'établissant à Londres, en mars, aux environs de 690 livres par tonne, contre 650 livres en octobre dernier. Fin juin, ils s'inscrivaient à 610 livres. Aux États-Unis, le prix à la production a été augmenté une nouvelle fois : les grandes firmes (Anaconda, Kennecott, Phelps Dodge et American Smelting and Refining) l'ont relevé de 52 à 56 cents par lb, soit de 485 livres à 522 livres par tonne, tandis qu'une société moins importante, la Copper Range, l'a porté jusqu'à 60 cents, soit 560 livres ; pour cette dernière entreprise, la hausse des barèmes ressort à 33 % en moins d'un an. La position statistique, à peu près en équilibre en 1969, sera sans doute caractérisée en 1970 par un léger surplus des approvisionnements. La production passerait, en effet, d'une année à l'autre de 5 750 000 à 6 150 000 t, soit un progrès d'un peu moins de 7 %, tandis que la consommation n'augmenterait que de 5,6 %, pour s'établir à 6 070 000 t. Toutefois, selon la British Métal Corporation, l'excédent ne pèsera pas fortement sur le marché, de sorte que les cours ne devraient pas fléchir en deçà du niveau de 600 livres par tonne avant la fin de l'année 1970.

Zinc et plomb

Le marché est resté orienté à la fermeté depuis le printemps dernier. En juin, les cours du zinc s'établissaient à 122 livres par tonne et ceux du plomb à 130 livres, contre, respectivement, 116 et 112 livres, il y a un an. Aux États-Unis, les producteurs ont porté les prix des deux métaux à 15,5 et 16,5 cents par lb, soit des majorations de 1,2 à 2,5 cents. Le marché continue d'être caractérisé par une pénurie des approvisionnements et l'on ne prévoit pas que le déséquilibre disparaîtra avant fin 1970.

Étain

À la suite d'une forte poussée de la demande, le marché a continué de se raffermir durant les derniers mois de 1969, les cours atteignant à Londres, au début de décembre, 1 660 livres par tonne, soit un niveau supérieur de 55 livres par tonne au prix plafond de l'accord international. Cette situation a amené le Conseil à décider la suppression du contingentement des exportations des pays principaux producteurs, soit la Malaisie, l'Indonésie, la Thaïlande, le Nigeria, le Congo-Kinshasa et la Bolivie. Cette mesure a provoqué une certaine détente, les cours revenant aux environs de 1 450 livres par tonne en juin 1970. Leur hausse par rapport au niveau d'il y a un an n'en reste pas moins substantielle.

Caoutchouc

Le marché s'est affaibli depuis l'automne dernier : à Londres, les cours de la feuille fumée no 1 ont fléchi de 28 à 22 pence par lb, retrouvant ainsi le niveau auquel ils se trouvaient au début de l'an dernier. La baisse est imputable, en partie, à l'annonce par les autorités américaines de la reprise des ventes provenant du stock stratégique des États-Unis. Elle peut aussi s'expliquer dans une certaine mesure par l'abondance des approvisionnements, étant donné que les expéditions du principal pays producteur, la Malaisie, ont été en très forte augmentation durant les derniers mois de 1969. Il semble que la diminution de la demande ait été le facteur prédominant.