L'abondance de ces situations particulières entretient l'intérêt de la Bourse jusqu'en janvier. Le Deutsche Mark a été entre-temps réévalué de 9,29 %, mesure positive pour notre commerce extérieur ; l'or s'est replié sur les différents marchés, le franc s'est raffermi devant l'évolution favorable du plan de redressement, les Suisses et les Allemands ont obtenu le bénéfice de l'avoir fiscal. Les résultats de l'exercice qui vient de s'achever s'annonçant de plus excellents, l'indice général des actions françaises culmine à 682 à la fin de janvier, ayant progressé de 15 % sur les cours du 8 août.

Mention spéciale doit être faite de la sidérurgie, qui se présente comme le secteur vedette de ce début d'année. Trois hausses de barème, en juin, septembre et octobre 1969, avaient déjà permis un certain raffermissement des prix, sans que soient encore rattrapés les tarifs d'août 1962 ni les niveaux pratiqués à l'étranger. Une nouvelle hausse moyenne de près de 9 % intervient alors en janvier, qui sera suivie d'un nouvel ajustement en avril, tandis que la conjoncture reste très forte et le marché acheteur. Après avoir longtemps tardé, en raison du souvenir aigu des mauvaises années, la Bourse redécouvre la sidérurgie, dont l'indice progresse de 35 % en quatre mois.

Influence de Wall Street

Le maintien, à la fin de janvier, de l'essentiel des mesures d'encadrement du crédit et l'influence déprimante de New York, dont la baisse se poursuit, constituent toutefois de sérieux sujets d'inquiétude pour le marché parisien, dont le volume des transactions tend à plafonner. Considérée comme une main-mise de l'État sur le secteur pétrolier, l'affaire Antar déçoit, voire inquiète, faisant douter d'un libéralisme maintes fois affirmé. La hausse des prix atteint 0,8 % en janvier et 0,6 % en février, tandis que les appels de capitaux se multiplient, qu'il s'agisse d'émissions d'actions ou d'obligations.

La liquidation de février est perdante. Elle l'est encore en mars, puis pareillement en avril et en mai, bien que les éléments d'appréciation internes, en dépit de certaines difficultés de trésorerie et d'une agitation sociale sporadique, soient plutôt favorables au marché français en raison des excellents résultats annoncés et d'une activité économique très soutenue. À l'image des autres places internationales, Paris est, en effet, devenu étroitement dépendant de Wall Street, dont le recul s'accentue. L'exceptionnelle conjonction récession-inflation, la tension politique internationale observée tant au Moyen-Orient qu'en Asie du Sud-Est, où le conflit vietnamien s'élargit en conflit indo-chinois, l'opposition rencontrée par Nixon aux États-Unis mêmes, voire la crise de l'IOS de Bernard Cornfeld, sont autant d'éléments dont l'influence accentue la baisse amorcée à la fin de 1968. Les paliers 800 et 700 ayant été successivement enfoncés, l'indice Dow Jones des valeurs industrielles atteint le 26 mai son niveau le plus bas à 631,16, ratifiant une chute de 36 % en un an et demi et de plus de 15 % en un mois.

Un tel repli sur la plus importante place mondiale ne pouvait qu'entraîner une baisse des autres marchés. Comparé à Francfort, Amsterdam, Londres ou Tokyo, Paris a finalement beaucoup mieux résisté, sans pouvoir néanmoins s'en désolidariser entièrement. Sensible à court terme, cette influence américaine ne saurait toutefois être exagérée sur une longue période, l'expérience des deux dernières décennies confirmant même l'existence de dissemblances importantes entre les courbes représentatives des deux marchés.

C'est presque là un motif d'optimisme pour le marché parisien, qui, par-delà ses hésitations présentes, devrait conserver sa tendance propre, haussière depuis le retournement d'août 1967. Les chiffres traduisant l'activité des premiers mois de l'exercice sont d'ailleurs suffisamment favorables pour laisser espérer que 1970 figurera, sans doute, parmi les années fastes.

Commerce extérieur

Amélioration de la balance commerciale

Après la très vive expansion de la fin de l'année 1968, les premiers mois de 1969 avaient vu une certaine modération de la conjoncture, à un haut niveau cependant. Au premier trimestre, les importations étaient relativement stables et les exportations montraient une tenue satisfaisante. Mais, dès avril, la reprise de la croissance et les comportements inflationnistes entraînaient de vives tensions de l'appareil productif et l'aggravation du déséquilibre des échanges commerciaux.