La mode

Automne-hiver : un favori, le maximanteau

La mode continue. Avec ses audaces, ses sortilèges et ses incertitudes. À quelques traits, les spécialistes reconnaîtront plus tard le « cru 1969 ». Mais il n'y a pas, cet hiver, de révolution. Tout au plus une évolution. Rien de brutal ni de spectaculaire, rien qui se puisse comparer au new-look imposé par Christian Dior en 1947.

Les femmes, il est vrai, montrent désormais plus d'indépendance de jugement. À la recherche d'une certaine stabilité, elles tentent aussi d'individualiser leur choix. Moins sensibles à l'influence des grands noms de la couture, elles le sont davantage aux attraits du prêt-à-porter élaboré par des stylistes de talent.

Logique et fantaisie

Le grand phénomène de l'hiver, c'est le maximanteau. Il apparaît tard — octobre rayonnant a raccourci l'automne — et lentement. La mode du maxi-coat, qui fait fureur aux États-Unis et en Angleterre, saisit la France avec les premiers froids. Les femmes ainsi vêtues se singularisent encore. Adapté aux rigueurs de la saison, le manteau long réconcilie la logique, la fantaisie et la décence. Il devrait rassurer les pudibonds : il les irrite. Dans la foule des minijupes et des bottes de cuir, c'est lui qui paraît incongru... Pourtant, le maximanteau n'est pas né d'hier. Mais ses débuts, à l'automne 1967, se sont faits sans tapage.

La mode longue, estiment certains, a peu de chance de durer au-delà de l'hiver, car elle est encombrante. Que faire de cette ampleur dans les transports publics, en voiture ? Les couturiers n'ont pas tranché la question. Saint-Laurent et Givenchy ont seuls, avec Chanel, présenté des collections longues (à 33 cm du sol, et au-dessous du genou). Dior, Cardin, Ricci et Patou jouent sur les deux tendances. Ungaro, Courrèges, Féraud sont résolument courts.

L'objet du débat ne passionne plus personne. Chacun choisit ses frontières et sa liberté.

Le pantalon-guêtre

Sur le pantalon, l'unanimité s'est faite. Le plus célèbre de ses détracteurs, Cardin, a rendu les armes en créant le pantalon-guêtre. En flanelle plissée, étroit sur la cuisse, évasé au genou, il se porte sous une tunique-chasuble à basques arrondies posée sur un tricot blanc à col roulé. Le pantalon de l'hiver doit être plat à la hauteur des hanches, long de jambe, cassé sur la chaussure devant, au ras du talon derrière. En tweed, en gabardine, en velours, il est, sous le manteau lèche-botte, la tenue anti-froid par excellence.

Ce parti pris de confort est traité avec brio tout au long des collections. Anti-froid sous les manteaux longs, matelassés de vinyle, qui s'ouvrent sur des jupes courtes et des collants' chauds, les manteaux-capes, ronds et écossais (Cardin), le vaste pardessus vert et rouge et son ensemble tunique-pantalon (Givenchy), la cape-guérite (Patou), le manteau-poncho (Venet), coupé en biais dans une flanelle double face, le manteau en toile de bâche blanc, doublé de chat sauvage (Ungaro), les grandes écharpes nouées, en laine ou en vison...

Le colle-au-corps

Anti-froid les robes à la cheville, en tweed, en lainage imprimé, fluides, minces, ceinturées aux hanches, assorties de bas foncés, de bottines cache-cheville (Cardin), les chasubles gaies, courtes, aux tons crus (Courrèges). Pour ce besoin de chaleur, le tricot est à l'honneur. Courrèges a mobilisé les aiguilles et les écheveaux. Bonnet, maillot, moufles, tout, jusqu'aux bottes, est en laine travaillée à grosses mailles. Pour un nouveau collant qui tient chaud de l'orteil à l'oreille, Cardin a inventé un mot : le colle-au-corps.

Anti-froid, le jersey quotidien l'est aussi. Tissé jacquard, il devient justaucorps sur une jupe, tunique sur un pantalon. Il peut être manteau, canadienne, bourru et chaud sous un col et des parements de laine bouclée. Les sweaters s'allongent, bien ajustés, bien ceinturés, jusqu'aux hanches. Le gilet est sur son déclin : il s'étire et s'achève en tunique ou en chasuble, sur une jupe ou sur un pantalon. La combinaison s'impose. Effilée, mince et chaude, elle remplace le tailleur.