C'est dans ces conditions qu'à l'automne 1969, constituée en unités d'information, l'actualité télévisée des deux chaînes fut confiée respectivement à Pierre Desgraupes et à Jacqueline Baudrier, que la direction de la Télévision fut supprimée, que la responsabilité de toute l'actualité parlée fut donnée à Georges Bortoli. Parallèlement, le contrôle financier de l'Office était assoupli, les régimes des personnels étaient allégés et placés sous la seule autorité du directeur général. Bientôt de nombreux engagements, mutations, nominations et quelques départs entraînaient une très large redistribution des responsabilités à tous les échelons rédactionnels — un peu comme si le Monde, France-Soir et le Figaro (qui ensemble comptent environ 700 journalistes professionnels) avaient en même temps changé d'affectation la moitié de leurs rédacteurs, licencié ou remplacé l'autre moitié.

Il est incontestable que ces bouleversements, joints à la discrétion nouvelle des autorités gouvernementales, ont fait passer un certain air de liberté sur les ondes ; et le public, à travers les sondages, a porté témoignage de ce sentiment. Des protestations se sont élevées, plus souvent, désormais, dans les rangs de la majorité que dans ceux de l'opposition, entre le ton nouveau de l'une et l'autre chaîne de télévision. On constatait, d'autre part, quasi unanimement cette fois, une amélioration notable de l'objectivité, de la qualité aussi, des émissions des quatre chaînes de radiodiffusion de l'Office.

Quelques incidents, inévitables, se sont produits : ainsi le pouvoir a-t-il cru devoir supprimer telle émission de variété (Tous en scène), une séquence trop libre projetée pendant la semaine de Pâques ayant choqué certains milieux catholiques. Ainsi encore une émission consacrée à l'agriculture a-t-elle suscité les plus vives critiques des dirigeants des organisations professionnelles. Mais des séries comme XXe siècle, de nouvelles formes de débats politiques comme À armes égales, l'appel plus fréquent et plus ouvert à des témoignages et à des concours extérieurs librement choisis et exprimés, ont démontré à la fois les difficultés, les limites et cependant la réalité de la libéralisation intervenue.

Parallèlement, une Commission chargée d'étudier les modifications à apporter au statut de l'Office avait été mise en place sous la présidence de Lucien Paye. Sur le vu de son rapport, remis fin juin au gouvernement, l'éventualité d'une réforme, un moment envisagée pour la session parlementaire de printemps, était toutefois ajournée à l'automne 1970.

Vers la fin juin, également, on a beaucoup reparlé de chaînes privées de télévision. Il a surtout été question d'un projet baptisé « Canal 10 ». Mais, là aussi, il semble bien que le débat ne reprendra réellement qu'à la rentrée de septembre 1970.

Dans les chaînes privées de radiodiffusion, on notera qu'Europe 1 a traversé une crise marquée par de nombreux licenciements et départs dans sa rédaction, tandis que Radio-Télé-Luxembourg et Radio-Monte-Carlo procédaient à de nombreux aménagements de leurs grilles de programme et multipliaient les innovations.

Les hommes

– À l'ORTF, la réorganisation a entraîné les nominations de :
PIERRE DESGRAUPES, directeur de l'information de la première chaîne, assisté de JOSEPH PASTEUR, rédacteur en chef, IGOR BARRÈRE, conseiller pour la réalisation, JEAN-PIERRE DELANNOY, secrétaire général, F.-H. DE VIRIEU (affaires politiques et économiques), OLIVIER TODD (actualité hebdomadaire), rédacteurs en chef adjoints, et des chefs de service suivants : FRANCIS MERCURY (étranger), PHILIPPE GILDAS (informations), FRANÇOIS GAULT (affaires sociales), FRANÇOIS DE CLOSETS (sciences), JACQUES LEGRIS (documentation), etc.
JACQUELINE BAUDRIER, directrice de l'information de la seconde chaîne, assistée de JACQUES ALEXANDRE, directeur adjoint, JEAN LACOUR, secrétaire général, JEAN BARBEROUSSE, rédacteur en chef technique, BERNARD LION, conseiller artistique, MICHEL PÉRICARD et J.-O. CHATTARD, respectivement rédacteur en chef pour la politique intérieure et pour la politique étrangère.
GEORGES BORTOLI est devenu directeur adjoint de la radio et directeur de l'actualité parlée.
ANDRÉ FRANÇOIS a quitté la direction de la télévision pour assumer une mission de normalisation entre l'ORTF et le cinéma.
BERNARD GOULEY, devenu directeur des relations publiques du groupe Empain-Schneider, a quitté le poste de délégué aux stations régionales, qui a été confié à JACQUES HOMERY.