Des mesures à court terme ont été étudiées pour répondre à la demande croissante des utilisateurs. La première est destinée à favoriser le raccordement des terminaux de dialogue légers pour les services de temps partagé et l'interrogation des banques de données : elle a consisté à ouvrir, au mois d'octobre 1969, le réseau télex, dont la qualité de service est actuellement satisfaisante, à la transmission de données à 200 éléments binaires par seconde.

Les projets du CNET

Pour les utilisateurs de transmission de données à moyenne vitesse, le CNET (Centre national d'étude des télécommunications) a étudié comment pourrait être mis en place à brève échéance (1972) un réseau spécialisé de transmission de données : projet Caducée ; le projet est soumis pour décision à la Direction générale des télécommunications. Le réseau proposé serait du type téléphonique à commutation de circuits et permettrait des liaisons bilatérales simultanées jusqu'à une vitesse de 4 800 éléments binaires par seconde. Il comporterait au départ un autocommutateur électromécanique ou électronique implanté à Paris et des concentrateurs de circuits sur les artères reliant cet autocommutateur aux abonnés des grandes métropoles de province.

La tarification serait prévue de façon que le bilan économique pour les utilisateurs soit sensiblement le même que dans le cas de l'utilisation du réseau téléphonique, mais correspondrait à une qualité de service meilleure : débit des liaisons, absence d'encombrement, possibilité d'appel et de réponse automatiques, possibilité d'interconnexion des réseaux privés.

Ce réseau aurait une existence transitoire et devrait être abandonné au bout de cinq à six années pour laisser la place à un système généralisé à l'ensemble du réseau des télécommunications. Les débits utilisables seraient alors couramment de l'ordre de 50 000 à 70 000 éléments binaires par seconde, pour des prix de revient comparables à ceux des liaisons téléphoniques actuelles : projet Hermès. La mise en œuvre de dispositifs multiplex de grande capacité permettrait simultanément l'établissement de liaisons à plusieurs millions d'éléments binaires par seconde.

En retard sur l'étranger dans la construction des grands ordinateurs, l'industrie française a, par contre, pris un bon départ dans la production des installations terminales. Mais l'essor de la télé-informatique risque d'être freiné par l'insuffisance du réseau téléphonique français. Un document du CNET reconnaît que « la qualité irrégulière des liaisons disponibles ne permet pas de garantir dans tous les cas des débits élevés, et l'encombrement du réseau commuté rend difficile la mise en œuvre des systèmes ».

Le « mariage de l'ordinateur et de la télécommunication », pour reprendre l'expression d'un ingénieur américain, ne sera fécond que si chacun des deux conjoints bénéficie d'une bonne santé.

Ordinateurs géants et mémoires tampons

Les ordinateurs évoluent dans deux directions en apparence opposées. D'une part, on s'efforce de produire de très petites installations, accessibles à des entreprises de taille modeste ; d'autre part, on se dirige vers le gigantisme, avec de très grosses machines. La contradiction n'est qu'apparente, dans la mesure où les calculatrices géantes sont surtout appelées à travailler en temps partagé, c'est-à-dire à être employées simultanément par plusieurs utilisateurs, dont certains disposeront de leur propre terminal. Prise isolément, la même opération revient moins cher sur une grosse machine ; le problème est d'amortir celle-ci en la faisant travailler à pleine capacité, ce que permet précisément la technique du temps partagé.

Vitesse limitée

Un ordinateur comprend essentiellement des circuits électriques où s'opèrent les calculs et des mémoires où sont stockées les données. La rapidité des calculs, celle du stockage et de l'extraction des données ne peuvent être augmentées sans se heurter à une limite physique : la vitesse des impulsions électriques. Le temps pris par la machine pour effectuer une opération s'évalue en milliardièmes de seconde, ce qui peut sembler très peu par rapport au calcul humain. Pour réaliser un calcul, l'ordinateur ne travaille pas comme l'homme : il effectue successivement, et très rapidement, un très grand nombre d'opérations élémentaires. Et la somme de ces milliardièmes de seconde finit par faire des minutes. Plus une calculatrice comporte de composants et plus elle est capable de traiter des problèmes complexes, et d'en traiter plusieurs à la fois. Mais l'augmentation de volume des machines a une rançon, qui est l'allongement des circuits électriques, c'est-à-dire un accroissement de la durée des calculs.