L'Amérique du Nord et le Moyen-Orient continuent de produire ensemble plus de la moitié du tonnage mondial : plus de 500 millions de tonnes chacun.

Mis à part le Texas et la Louisiane, la plupart des puits américains ont une très faible capacité (quelques tonnes par jour, contre 500 à 1 000 au Moyen-Orient). Le pétrole américain est un produit particulièrement cher, le plus cher du monde, et les États-Unis l'un des pays les plus protectionnistes, malgré certains refrains libéraux. Des mesures ont été envisagées, à la fin de 1969, pour accroître les quotas d'importation et diminuer le coût pour les usagers. On a également diminué de plusieurs points la détaxe pour la reconstitution des gisements (qui donne aux pétroliers les fonds considérables et indispensables pour poursuivre les recherches). C'est dans ce climat que se poursuit l'estimation des réserves nouvelles de l'Alaska, véritable ballon d'oxygène pour l'Amérique pétrolière. Il est de plus en plus question d'atteindre les 100 millions de tonnes par an à la fin de la décennie, mais les plus grandes incertitudes règnent encore quant au mode d'évacuation : pipe-line transalaskan ou pétroliers brise-glace.

Les champs de Libye

Le second grand événement pétrolier de la fin des années 60 est la confirmation des formidables champs de Libye. Ce pays, non producteur il y a dix ans, se classe aujourd'hui parmi les plus grands : 150 millions de tonnes en 1969. Rien ne permet pour l'instant de prévoir un frein à cette explosion (20 % d'augmentation en un an). L'intérêt de la Libye est également lié à sa situation géographique. À l'ouest de la zone chaude du Moyen-Orient, elle fait face aux côtes méditerranéennes de l'Europe. Ces différents facteurs revêtent une importance croissante.

Au Moyen-Orient, l'Iran a retrouvé en 1969, avec une production de près de 170 millions de tonnes, le rang qu'il avait perdu après la crise de 1952. Il est suivi de près par l'Arabie Séoudite et par le Koweit, qui se développent à une cadence plus faible. Le Moyen-Orient est une remarquable illustration de l'échiquier international : s'ajoutant aux parties prenantes traditionnelles (USA, Angleterre, France), de nombreux pays ont obtenu des concessions, seuls ou en association : Allemagne, Espagne, Italie, Japon, et même les démocraties populaires et l'URSS.

Second producteur mondial avec 328 millions de tonnes en 1969 et exportateur d'environ 50 millions de tonnes vers les pays européens, l'URSS voit croître sa consommation d'une façon accélérée (ainsi que celle de ses satellites, qu'elle s'est engagée à satisfaire). Vraisemblablement, elle se rangera parmi les nations importatrices avant la fin de la décennie en cours. Le « nouveau Bakou », dans l'Oural, et la Sibérie sont le terrain de nombreuses prospections. Mais leur mise en production est une tâche « comparable par sa complexité à la recherche spatiale ». En Sibérie orientale, l'URSS négocie avec le Japon des accords où Tokyo fournirait spécialistes et techniques, en échange d'un approvisionnement en pétrole brut. Pour le gaz naturel, l'URSS a signé des accords de troc avec l'Allemagne et l'Italie ; en échange de son gaz, elle reçoit des canalisations pour l'exportation et son innervation intérieure.

D'autres recherches se poursuivent en Extrême-Orient, principalement en Indonésie et à Bornéo, en Australie dans le détroit de Bars et sur le plateau continental du Nord-Ouest, un peu partout en Amérique latine et en Europe.

Les pétroliers géants

Les régions productrices de pétrole (USA, Venezuela, Moyen-Orient, Afrique du Nord, URSS) produisent plus qu'elles ne consomment ; seuls, les États-Unis sont à la fois gros producteurs et gros consommateurs. L'Europe occidentale produit pour sa part moins de 5 % de sa consommation totale (de l'ordre de 600 à 700 millions de tonnes). La découverte, au printemps 1970, d'un très important gisement de pétrole à Ekofisk, en mer du Nord — on parlait de réserves d'un milliard de tonnes — pourrait quadrupler la production européenne. En attendant, le déséquilibre entre consommation et production européennes engendre un abondant commerce maritime : en 1969, sur environ 2 milliards de tonnes de marchandises transportés par mer, plus de la moitié était des produits pétroliers.