On peut donc dire que la tombe du Ve siècle doit dater de 490 à 480 : l'époque de Marathon et de Salamine. Elle est appelée désormais « tombe du Plongeur ». La dalle de pierre formant couvercle, le plafond de la sépulture porte une scène où l'on voit un homme en train de plonger au bord de la mer. Les parois intérieures montrent une scène de banquet dont les spécialistes admirent la finesse et la sobriété.

Les autres fresques ne sont pas tout à fait du même style. Plus jeunes d'un siècle ou un siècle et demi, elles datent d'une époque où les indigènes de la région, les Lucaniens, s'étaient emparés de la ville : leurs sépultures sont décorées par une peinture qu'on peut considérer comme grecque, mais qui apparaît influencée et quelque peu modifiée par le goût et le style locaux.

Voici donc à la disposition des archéologues et des historiens de l'art environ 150 parois peintes témoignant de la peinture grecque à sa grande époque. Les Grecs, pourtant, ne peignaient pas leurs sépultures. Aucune tradition de peinture funéraire n'a été retrouvée dans le monde grec, si ce n'est pour une époque perdue et dans des régions marginales.

Particularisme local

Par contre, cette tradition de peinture funéraire était très vivace en Lucanie. Les tombes du IVe siècle seraient donc celles de Lucaniens fidèles à leur tradition, traduite en grec en quelque sorte. Quant à la tombe du Ve siècle, décorée à un moment où Paestum était colonie grecque, elle pourrait être celle d'un notable lucanien hellénisé : on l'aurait autorisé à se faire inhumer comme ses ancêtres. Mais la décoration aurait été confiée à un peintre grec.

C'est donc à un particularisme local que l'on doit les fresques de Paestum. Le bon état de conservation de ces œuvres est dû lui-même aux marécages qui se sont établis dans la région depuis l'Antiquité ; l'eau ou le sol humide peuvent être d'excellents agents de préservation, tout comme une parfaite sécheresse. Les marais ont été drainés en 1944, mais il est probable que les cultures faites au-dessus des tombes y ont maintenu une certaine humidité. On doit réunir toutes les dalles peintes dans un bâtiment spécial, climatisé, construit près du lieu de la découverte. Quant à la tombe déjà célèbre du Plongeur, elle resterait au musée de Paestum.

Mycènes : perspectives nouvelles avec la chambre des idoles

Haut lieu de l'archéologie, connu depuis plus d'un siècle, Mycènes a révélé de nouvelles richesses à une équipe de chercheurs anglais que dirigeait lord William Taylour. Les recherches ont eu pour objet les restes d'un édifice situé contre le mur de la citadelle, appelé « maison de la citadelle ».

Des fouilles avaient permis d'y découvrir, en 1968, un groupe de figures d'argile, probablement des idoles, hautes de 60 cm en moyenne. Jamais encore un site mycénien n'avait rien livré de semblable.

Premier vrai temple

La campagne de 1969 n'a pas été moins riche. On a fouillé plusieurs pièces voisines de celle aux figures d'argile. De la chambre aux idoles, un escalier descendait dans une autre pièce relativement grande. Là, une série de plates-formes étaient disposées à différentes hauteurs, particularité inconnue jusqu'ici dans le monde mycénien. Sur la plus haute, debout, à côté d'une structure qui semble être un ancien autel, on a découvert une idole. Comme les précédentes, elle a 60 cm de haut, un corps modelé au tour de potier, les bras et la tête étant rajoutés. D'aspect rébarbatif, elle se caractérise par une absence de front et par un nez, des yeux et un menton fort proéminents. Des séries de perforations, notamment dans le cou et dans les bras, servaient peut-être à fixer des ornements.

La proximité de la chambre aux idoles, la présence de cette figure, celle de l'autel et enfin les dimensions mêmes de la pièce, grande pour l'époque (5,10 m × 4,20 m), tout semble bien indiquer qu'il y avait là un édifice sacré, un temple. Cette impression est confirmée par la présence d'autres idoles dans un petit réduit adjacent.

Or, tous les sanctuaires mycéniens connus avant cette découverte étaient de dimensions beaucoup plus réduites. C'est donc, en somme, le premier vrai temple mycénien. On y a même reconnu les empreintes et les bases de trois colonnes le long de l'escalier.

Contre l'envahisseur

À quelques mètres de là se trouve la chambre de la fresque : sur l'un de ses murs, une fresque en excellent état de conservation a été découverte en 1968. Entièrement fouillée en 1969, cette pièce a révélé en son centre un grand foyer serré entre trois colonnes et, contre un de ses murs, une petite baignoire. Contre un autre, une sorte de longue banquette couverte de pierres plates. Elle se révéla contenir une grande quantité de récipients de toutes sortes : des jarres, une coupe et une sorte de louche. Il y avait aussi une tête d'ivoire, de 7 cm de diamètre, d'un travail extrêmement délicat. Une petite annexe de cette pièce devait avoir un usage religieux : elle contenait une idole d'argile dont la peinture, encore en bon état, dessinait les vêtements, les ornements et le visage. Contre son piédestal, 44 perles ou boutons de verre.