Ce virus — ou une forme très voisine — se retrouve dans certaines tumeurs du nasopharynx que l'on observe exclusivement chez les Chinois du Sud-Est asiatique.

Troisième point : on a démontré aux USA qu'il existe une relation privilégiée entre le cancer du col utérin et l'herpès génital, comme en témoigne la présence très fréquente d'anticorps spécifiques de cette infection chez les malades.

Le plus curieux est qu'un virus du même type cause en Amérique et en Europe une prolifération énorme de certains globules blancs : les mononucléaires. Cette mononucléose infectieuse n'est heureusement pas une leucémie : la maladie affaiblit beaucoup, mais se guérit toujours.

Tous ces faits sont troublants. On doit cependant les interpréter avec prudence. Ces virus jouent vraisemblablement un rôle important dans la genèse du cancer, mais ils n'en sont pas la seule cause. En particulier dans le cas de la maladie de Burkitt, le paludisme chronique chez les Noirs est certainement un facteur hautement favorisant.

Et il n'a pas encore été démontré que tous ces virus, qui sont très difficiles à purifier, aient une activité cancérogène en culture de tissus.

Leucémies et sarcomes

D'autres virus, dits du complexe leucémies-sarcomes, sont encore plus vraisemblablement responsables de cancers. Ce sont tous des virus à acide ribonucléique (ou à ARN) et ils forment une famille homogène. Citons notamment les virus des leucémies des poules, découverts en 1908 par les savants danois V. Ellermann et O. Bang ; le virus du sarcome de la poule, mis en évidence trois ans plus tard par Peyton Rous ; le virus des leucémies de la souris, isolé par L. Gross en 1951 ; et enfin celui de la leucémie des chats, qui vient d'être signalé par William et Oswald Jarrett, du Centre des leucémies animales de l'université de Glasgow.

Chez les oiseaux, les rongeurs et le chat, le pouvoir cancérogène de ces virus a été prouvé. Sont-ils également responsables des sarcomes et des leucémies de l'homme ? Le virus des sarcomes humains découvert par les chercheurs américains appartient précisément à cette famille. De plus, des particules virales du même type ont été décelées au microscope électronique dans des cellules leucémiques de bovins et dans certains ganglions de leucémies humaines ; mais ces virus n'ont pas encore été isolés. En somme, aucune preuve décisive, mais certaines présomptions.

Ces virus à ARN peuvent se multiplier dans la cellule sans la détruire. Ils ne s'intègrent pas au noyau, mais s'assemblent au voisinage immédiat de la surface cellulaire et en sortent par une sorte de bourgeonnement, au cours duquel ils emportent avec eux un petit morceau de la membrane ; le trou ainsi fait est aussitôt réparé.

Progrès thérapeutiques

Aucun remède vraiment spécifique n'est apparu en cancérologie ; cependant, le pronostic de certaines formes de cancer s'est amélioré. On manie mieux les thérapeutiques dont on dispose.

C'est le cas notamment de la maladie de Hodgkin, affection maligne du système réticulaire, c'est-à-dire des cellules qui sont présentes dans le foie, la rate, la moelle osseuse et surtout les ganglions lymphatiques. Elle frappe les sujets entre vingt et trente ans et paraît plus fréquente que naguère. Fait caractéristique : elle semble assez souvent se développer à partir d'une porte d'entrée et envahir les ganglions territoire par territoire. Pourtant, aucun virus n'a pu être mis en évidence chez l'homme. Mais l'étiologie virale de certaines maladies réticulaires chez l'animal fait suspecter un agent de ce type chez l'être humain.

On irradie maintenant non seulement les zones atteintes, mais encore les zones adjacentes, et cela plus profondément grâce à la bombe au cobalt. D'autre part, on associe la chimiothérapie à cette nouvelle forme de radiothérapie. Résultat : aux USA, 60 % des malades qui ont été dépistés à un stade précoce survivent au-delà de six à huit ans. En France, où ces méthodes sont mises en œuvre depuis moins longtemps, il semble bien qu'on pourra parler de guérison dans le même pourcentage de cas.