L'équipe de Limeil a utilisé comme générateur d'énergie un laser de puissance relativement modeste (4 milliards de watts), et comme cible du deutérium solide. Pour être solidifié, le deutérium — isotope d'hydrogène de poids atomique 2 — doit être refroidi à – 265 °C. C'est donc au cœur d'un bâtonnet transparent congelé aux approches du zéro absolu que le faisceau laser, convergeant en un foyer optique, engendre dans un tout petit volume une température de 7 à 10 millions de degrés. Telle est, en effet, la valeur mesurée à Limeil, du moins en ce qui concerne la température électronique, car, dans un plasma, les atomes étant dissociés en électrons et en ions positifs, la notion de température se complique. Celle-ci doit être considérée séparément pour chacune des catégories de particules.

Tout comme la fission des noyaux lourds, la fusion des noyaux légers s'accompagne d'une émission de neutrons. Elle a été effectivement observée et mesurée à Limeil, ce qui atteste qu'un certain nombre de noyaux de deutérium ont fusionné, donnant des noyaux d'hélium.

Nature thermonucléaire

Les chercheurs du CEA s'attachent maintenant à vérifier que les réactions de fusion qu'ils ont obtenues sont bien de nature thermonucléaire, c'est-à-dire liées à l'élévation de température due au rayonnement laser. Des noyaux de deutérium peuvent, en effet, fusionner quand ils sont simplement accélérés dans les zones instables du plasma. Une telle réaction est sans intérêt, car elle demeure incontrôlable et exige beaucoup plus d'énergie qu'elle n'en libère. C'est elle qui avait induit en erreur les physiciens britanniques lorsque, ayant décelé quelques neutrons au cours de leurs expériences, ils s'étaient imaginé, à tort, avoir réalisé des réactions thermonucléaires. On peut espérer que rien de semblable ne s'est produit à Limeil, car l'intensité du flux neutronique mesurée correspond à celle que prévoyait la théorie pour des réactions engendrées par le rayonnement laser utilisé.

L'emploi de lasers plus puissants — actuellement en cours de réalisation — permettra d'arriver à un second stade, où une partie de l'énergie de fusion sera récupérée dans le plasma et rendra légèrement positif le bilan global d'énergie. Ce résultat, espère-t-on, sera obtenu dans les trois ou quatre années à venir. Si l'on atteint l'étape suivante, celle de la réaction de fusion en chaîne et contrôlée, toute la politique actuelle de l'énergie sera bouleversée.

Les ondes de gravitation, une nouvelle clé de l'Univers

L'équipe du physicien américain Joseph Weber (université du Maryland) annonce, au début de l'été 1969, la première détection des ondes gravitationnelles. La nouvelle est accueillie avec scepticisme.

En février 1970, un compte rendu de travaux plus récents de ces mêmes chercheurs semble avoir levé beaucoup de doutes sur la découverte.

L'histoire des ondes de gravitation débute en 1916 par une prévision d'Einstein. D'après la théorie de la relativité généralisée, on envisageait comme possible que des masses en oscillation perdent de l'énergie en émettant un rayonnement encore inconnu, tout comme des charges électriques oscillant dans une antenne engendrent les ondes radio-électriques. Ces ondes devraient se propager dans le vide à la vitesse de la lumière. C'est pour les mettre en évidence que Weber, depuis une dizaine d'années, a créé une technologie et un appareillage nouveaux.

Vibrations électriques

Il a calculé que le passage des ondes gravitationnelles dans de grosses masses métalliques devrait y provoquer des vibrations élastiques très faibles, mais d'amplitude suffisante pour que des cristaux piézo-électriques (analogue de la tête d'un pick-up de tourne-disque, mais beaucoup plus sensible) les transforment en vibrations électriques. Ces dernières seraient ensuite amplifiées et enregistrées par les moyens classiques de l'électronique à haute sensibilité (premiers étages refroidis à – 196 °C par de l'azote liquide et même à – 268 °C par de l'hélium liquide, pour diminuer le bruit de fond toujours présent dans un récepteur électronique).