Si l'accident s'était produit lors du retour, rien n'aurait pu empêcher les trois hommes de périr dans l'espace, mais ayant eu lieu à l'aller, les hommes disposaient d'un atout providentiel, le module lunaire. Avec ses moteurs et sa réserve de propergol, il permet de manœuvrer l'épave pour qu'elle soit à même de regagner la Terre ; sa cabine offre à l'équipage un abri pourvu de ressources en oxygène, en eau et en énergie électrique suffisantes pour tenir pendant quatre jours. La formidable infrastructure de la NASA, avec ses ordinateurs, ses simulateurs, les nombreuses voies de télémesures qui la relient au vaisseau, trouve sur-le-champ une solution à chacun des problèmes que pose le retour dramatique ; elle indique les corrections de trajectoire à faire, au nombre de quatre, pour abréger ce retour et pour injecter l'engin dans le couloir de rentrée.

« OK Joe »

Le 17 avril, cinq heures avant l'amerrissage, le module sinistré est largué : « Un vrai gâchis ! », s'exclame Lovell en constatant les dégâts par le hublot. Puis, c'est le largage émouvant du module lunaire auquel les hommes doivent leur vie. Enfin, la capsule — dont le bouclier thermique, fort heureusement, n'a pas été endommagé par l'explosion — pénètre dans l'atmosphère. La liaison radio est interrompue pendant trois minutes qui semblent longues. Quand elle reprend, on entend la voix de Swigert qui dit simplement « OK JOE » : les parachutes se sont ouverts. La capsule touche les eaux du Pacifique à 19 h 8 mn, à l'endroit prévu, et l'équipage est récupéré dans d'excellentes conditions. Le programme Apollo subira peut-être un certain retard, mais il doit continuer.

Astronomie

Étoiles à rayons gamma

Une équipe de chercheurs australiens et américains annonce, le 27 septembre 1969, la découverte d'un nouvel objet astronomique baptisé Sgr γ-1 : Sgr pour indiquer qu'il se trouve dans la constellation du Sagittaire, γ parce qu'il émet des rayons gamma, et 1 parce que c'est le premier objet ponctuel de ce type retrouvé dans deux observations consécutives.

Depuis 1960, les ballons stratosphériques, les fusées et les satellites ont emporté des milliers d'instruments nouveaux. La gamma-astronomie a pu naître ainsi. Elle observe l'univers au-delà des rayons X, dans un domaine où l'énergie d'un photon est plusieurs millions de fois plus grande que celle du photon lumineux visible. En fait, à ces énergies le caractère ondulatoire des radiations se perd ; les rayons gamma se comportent presque uniquement comme des particules. Les appareils construits pour les étudier ressemblent davantage aux détecteurs nucléaires qu'à des télescopes terrestres.

Toutes les expériences effectuées à ce jour, dont celles du satellite astronomique américain OSO 3, ont montré que le rayonnement gamma observé peut se décomposer en trois classes : la première est issue de sources ponctuelles bien localisées ; la seconde, diffuse, émane de tous les points du plan de notre galaxie ; la troisième, d'intensité bien plus faible et appelée composante isotrope, provient uniformément de toutes les régions de l'espace.

Étoiles ou galaxies ?

La nature exacte des sources gamma ponctuelles est très controversée. Sauf celle du Sagittaire, elles n'ont été détectées qu'une fois. Comme l'on ne peut vérifier un tir qu'après plusieurs mois de dépouillement complet des mesures, on pense que les sources avaient une durée de vie plus courte, de l'ordre du mois. On prépare de très nombreuses expériences qui couvriraient tout le ciel pour savoir s'il s'agit d'objets appartenant à notre galaxie et relativement proches (gamma-étoiles) ou d'amas d'étoiles et de poussières très éloignés (gamma-galaxies). Les théoriciens savent que des collisions entre des protons très rapides ou entre des protons et des antiprotons engendrent des rayons gamma. Le problème est d'expliquer comment ces particules se localisent dans l'espace. Selon certains, les pulsars (Journal de l'année 1968-69) seraient aussi des gamma-étoiles.

L'origine du rayonnement diffus émis par le plan galactique semble mieux comprise. Les étoiles de ce plan, comme le Soleil, éjectent des électrons et des rayons infrarouges ; le choc des uns sur les autres produit des rayons gamma (effet Compton). Un phénomène analogue engendre la composante isotrope : la radio-astronomie nous apprend que l'Univers baigne dans un rayonnement radio continu très faible, sorte de fossile d'une ère où l'Univers était bien plus condensé. Le rayonnement isotrope serait produit par le choc des électrons voyageant entre les galaxies sur ces ondes radio-électriques ; les électrons nécessaires seraient continuellement rejetés dans les espaces intergalactiques par les galaxies elles-mêmes.