Après une saison d'été que la critique et le public, dans leur ensemble, taxent de faiblesse, la rentrée s'annonce fertile en bouleversements.

Nombre de récepteurs

Au 30 avril 1970, on compte officiellement 10 528 768 téléviseurs en France. Ce chiffre, établi d'après les redevances versées, est légèrement inférieur à la réalité. La différence est due au temps nécessaire à l'enregistrement des nouveaux abonnés. Ont été vendus, en 1967, 20 700 récepteurs couleur ; en 1968 ; 57 000 récepteurs couleur et 1 407 000 noir et blanc (chiffres définitifs) ; en 1969, 106 000 récepteurs couleur et 1 311 364 noir et blanc (chiffres définitifs). Le parc français compte donc 183 700 récepteurs couleur. 23,1 % des foyers français disposaient de la télévision en 1962 ; 61,9 % en 1969.

L'émancipation

Le 17 septembre, le Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, définit devant l'Assemblée nationale sa conception d'une rénovation de l'ORTF : autonomie financière de l'Office, compétition entre première et deuxième chaîne, indépendance de l'information, création d'un comité d'entreprise et étude des modifications à apporter au statut. On entrevoit des horizons nouveaux.

Mais, dès le début, la réalisation apparaît difficile. Une conférence de presse du directeur général et du président du conseil d'administration de l'ORTF est reportée en toute dernière minute. Annoncée quelques jours plus tard, elle est ajournée une deuxième fois, pour être finalement annulée sine die vingt-quatre heures après.

Les remous sont nés autour des noms de Pierre Desgraupes et de Jacqueline Baudrier, à qui il est question de confier les responsabilités des deux unités d'information. Les milieux politiques s'agitent autour de cette affaire. La majorité notamment. Le 26 septembre, enfin, Pierre Desgraupes et Jacqueline Baudrier sont officiellement nommés directeurs de deux unités autonomes d'information. Un moment ébranlée, l'autorité de l'Office semble s'affirmer face aux pressions. En mettant dans la balance le poids de leur démission, P. de Leusse et J.-J. de Bresson semblent avoir réussi à soustraire temporairement l'Office à l'emprise des pressions politiques.

Tout laisse alors espérer des changements ; la mise en place d'une grille transitoire de programmes, l'augmentation de la durée des émissions (annuellement, 104 heures supplémentaires sur la première chaîne et 234 sur la deuxième), l'implantation de nouveaux émetteurs et réémetteurs et une plus grande vitalité des stations régionales. Tout cela devrait conduire l'Office à conquérir un public plus dense.

Jacqueline Baudrier

Diplômée de la faculté des lettres de Paris, Jacqueline Baudrier, chroniqueur de l'émission Actualités de Paris, chroniqueur de politique étrangère des journaux parlés, animatrice des grandes émissions du Journal parlé (1950-1960), fit ses premiers reportages pour la télévision dans les premiers mois de l'année 1952. Rédactrice en chef responsable du Journal parlé, de 1966 à 1968, et adjointe du directeur de la Radiodiffusion chargée de l'information depuis 1968, elle obtint le prix Maurice-Bourdet en 1960.

Pierre Desgraupes

Né en 1918, à Angoulême, Pierre Desgraupes, licencié en philosophie, travailla pour le service de presse du ministère des Anciens Prisonniers, en 1944. Collaborateur du service littéraire de la Radio (1945), puis rédacteur en chef du Journal parlé (1947-1956), il devint producteur de radio à Europe no 1 et à Radio Luxembourg (1958-1965). Coproducteur d'émissions télévisées (Lectures pour tous, En votre âme et conscience, Cinq Colonnes à la une et De nos envoyés spéciaux). Il obtint le Prix de la Télévision en 1954.

Nouvelles équipes

Il faudra près de deux mois aux responsables des deux unités pour constituer leurs équipes et mettre au point leur formule. Il est largement fait appel à des journalistes de la presse écrite et de la radio. Le 25 novembre, les actualités télévisées font peau neuve : Pierre Desgraupes et Jacqueline Baudrier présentent respectivement Information première, dorénavant diffusé un quart d'heure plus tôt (19 h 45), et 24 heures sur la 2 (20 h 30). Le décalage horaire doit permettre à ceux qui rentrent chez eux trop tard pour suivre la première chaîne d'être informés par la deuxième. On reviendra, en janvier, à des horaires simultanés.