La conjoncture économique et financière, sans être alarmante, préoccupe les responsables. Certes, des progrès sont enregistrés dans la production, en particulier dans l'industrie et dans les exportations. Un des facteurs de cette expansion économique a été l'établissement depuis 1967 de quelques 100 000 nouveaux immigrés. On enregistre une hausse du produit national brut passé de 3,86 milliards de dollars en 1967 à 5,4 milliards prévus pour 1970. Par ailleurs, la production industrielle a augmenté successivement de 29 % en 1968 et de 18 % en 1969.

Enfin, la conclusion d'un accord fin juin 1970 avec la CEE devrait infléchir dans un sens favorable des échanges commerciaux avec l'Europe des Six.

Cinq vedettes quittent mystérieusement Cherbourg la nuit Noël 1969, malgré l'embargo. Une enquête est ouverte pour établir les responsabilités, tandis que les cinq bâtiments réussissent à gagner dans le plus grand secret leur port d'attache en Israël.

Dégradation des réserves

Mais les achats à l'étranger de matériel militaire, de matières premières et de produits de consommation courante s'accroissent à un rythme plus élevé et aggravent le déficit de la balance commerciale. Il atteignait, en 1969, 595 millions de dollars. Il en va de même pour la balance des paiements, dont le déséquilibre contribue à réduire dangereusement les réserves nationales en devises fortes. À l'automne de 1969, ces réserves sont à un niveau inférieur de la côte d'alerte de 500 millions de dollars, considéré par les responsables israéliens comme un minimum. Toutefois, la dégradation des réserves se stabilise, au début de 1970, à un niveau de 400 millions de dollars environ.

Le 11 novembre 1969, le gouverneur de la Banque d'Israël David Horowitz préconise, à la télévision, l'instauration d'une politique courageuse de taxation, la restriction de la consommation courante (qui a augmenté de 43 % depuis la guerre de juin 1967) et des mesures d'encouragement à l'épargne. Cependant, les prix sont restés relativement fermes et le coût de la vie a augmenté en 1969 de 3,4 %.

Certains impôts sont augmentés, mais les syndicats obtiennent en contrepartie un relèvement de salaires. Les exhortations du gouvernement en faveur de la mise en veilleuse des revendications ouvrières, à un moment où la sécurité du pays est en jeu, n'ont pas pu venir complètement à bout d'un certain malaise social.

En janvier 1970, un problème se pose au ministre des Finances Pinhas Sapir : il manque environ 500 millions de dollars aux 2,5 milliards nécessaires aux dépenses prévues dans le budget 1970-71. Les crédits de la défense, en augmentation d'environ 125 millions de dollars par rapport à 1969, représentent 40 % du budget et absorbent 80 % de l'ensemble des recettes de l'État. Fin janvier, Pinhas Sapir se rend aux États-Unis, où il obtient des ressources qui lui permettent de réduire à approximativement 162,5 millions de dollars, l'impasse budgétaire.

Les élections du 28 octobre

Cependant, un groupe important d'économistes israéliens, peu satisfaits des aménagements du ministre des Finances, font valoir, dans un mémorandum soumis au gouvernement en juin 1970, qu'il faudrait procéder à la dévaluation de la monnaie, à la restriction des dépenses de l'État et à l'augmentation des impôts. Les auteurs du mémorandum estimaient que faute de mesures draconiennes, Israël connaîtrait une récession aussi sévère que celle qu'il avait connue dans les deux années qui ont précédé la guerre de juin 1967.

Le Front travailliste (Maarakh), majoritaire au Parlement et au Gouvernement, hésite cependant à aliéner une partie de l'opinion par des mesures qui seront forcément impopulaires. Aux élections législatives du 28 octobre 1969, le Maarakh enregistre un recul en s'assurant à la Knesseth 58 sièges (au lieu de 63) tandis que le Gahal (droite nationaliste) obtient 26 sièges (quatre de plus), cela toutefois aux dépens de quelques groupuscules d'extrême droite, pratiquement éliminés. Un nouveau gouvernement de coalition nationale, qui inclut aussi le parti socialiste de gauche Mapam, est formé le 11 décembre. Il est dirigé par Golda Meir.

L'attentat d'El-Aksa

Les attentats terroristes, dont les victimes sont très souvent des arabes accusés de coopérer avec les Israéliens, sans constituer une menace pour l'ordre public, ont cependant été suffisamment nombreux pour inciter les autorités à davantage de vigilance et de fermeté. L'incendie à Jérusalem de la mosquée d'El-Aksa, le 21 août 1969, a failli provoquer une crise majeure avec la population arabe. Celle-ci, à l'instar du président du Conseil suprême musulman de la ville, attribue l'entière responsabilité du sinistre aux autorités israéliennes et exige une enquête internationale. Malgré l'arrestation le lendemain d'un jeune Australien du nom de Michael Rohan, une grève générale est observée dans les territoires occupés. Ouvert le 6 octobre le procès du pyromane s'achève le 30 décembre : considéré comme totalement irresponsable Rohan est interné dans un hôpital psychiatrique.