C'est le 13 décembre qu'a lieu la tentative. Elle est dirigée contre le général Omar Torrijos, chef de la junte militaire qui avait elle-même renversé en octobre 1968 le président Arnulfo Arias, dix jours après son élection. Dès le début de 1969, le général Torrijos s'affirme le chef incontesté de la junte.

Surpris au Mexique, où il assistait à des réunions hippiques, le général Torrijos rentre aussitôt. La majorité de la garde nationale lui est restée fidèle et en quelques heures, sans combat, il chasse les deux officiers qui avaient levé l'étendard de la révolte. Il affirme son intention de remettre le pouvoir entre les mains des civils. Des élections pour une Assemblée constituante sont prévues pour décembre 1970.

Paraguay

2 303 000. 6. 3,1 %.
Économie. PNB (67) 224. Production (67) : A 33 % + I 20 % + S 47 %. Énerg. (67) : 127. C.E. (67) : 10 %.
Transports. (*69) : 14 M pass./km, 17 M t/km. (*67) : 6 400 + 6 500.
Information. (66) : 8 quotidiens. (62) : *160 000. (60) :*15 000 fauteuils ; (67) : 16 048.
Santé (65). 1 095.
Éducation (65). Prim. : 356 728. Sec. et techn. : 33 689. Sup. (64) : 3 782.
Institutions. République. Constitution de 1940. Président : général Alfredo Stroessner, réélu le 11 février 1968, pour la troisième fois depuis 1954. Le Parlement est constitutionnellement composé, aux deux tiers, par le parti gouvernemental (Colorado). Actions de guérilla.

Pérou

13 172 000. 10. 3,1 %.
Économie. PNB (67) 283. Production (63) : A 22 % + I 26 % + S 52 %. Énerg. (67) : 620. C.E. (67) : 24 %.
Transports. (65) : 236 M pass./km, 646 M t/km. (*67) : 195 100 + 111 800.  : 288 000 tjb. (*67) : 622 322 000 pass./km.
Information. (59) : 53 quotidiens ; tirage global : 492 000. (66) : *275 000. (61) : 319 200 fauteuils. (67) : 152 136.
Santé (66). 7 136.
Éducation (64). Prim. : 1 876 825. Sec. et techn. : 325 535. Sup. (63) : 46 334.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1933. Président de la République : général Juan Velasco Alvarado, qui renverse Fernando Belaunde Terry le 2 octobre 1968. Parlement dissous, partis politiques interdits.

Les militaires péruviens poursuivent systématiquement, mais prudemment la mise en place de nouvelles structures économiques et sociales destinées, selon eux, à assurer l'indépendance du pays. En dépit de multiples appels du pied des autorités américaines, ils refusent de revenir sur le principe de la nationalisation des biens de l'International petroleum Company.

La réforme agraire se poursuit dans les régions côtières ; elle entraîne l'expropriation de nombreuses plantations de canne à sucre. Dans le domaine industriel et commercial, la junte procède à la nationalisation de plusieurs compagnies de télégraphe et de téléphone, dont la succursale de l'entreprise américaine ITT.

À la fin de 1969, après avoir procédé à une réforme de l'administration municipale destinée à accroître leurs pouvoirs, les dirigeants péruviens décident de donner à l'État le contrôle de la vente de tous les minerais extraits, du cuivre en particulier. Washington, qui a repris la vente d'armes a Lima, réagit avec modération à toutes ces mesures et veut, manifestement, éviter une rupture totale avec un régime qui maintient encore sous les verrous de nombreux prisonniers politiques.

Deux réformes entraînent une certaine agitation sur le plan intérieur : à plusieurs reprises étudiants et forces de l'ordre s'opposent assez violemment. Les étudiants protestent contre une réforme des institutions universitaires qui diminue leurs pouvoirs dans l'administration des universités.

La promulgation d'un nouveau statut de la presse entraîne, d'autre part, une grève des principales publications. Ce statut, très attaqué par tous les propriétaires de journaux, supprime la censure en temps de paix, mais punit très sévèrement la moindre critique contre l'action des forces armées. En recommandant la création de coopératives de presse, il cherche, d'autre part, à désolidariser les journalistes de leurs employeurs, favorables en général à une politique conservatrice.

Le plus tragique tremblement de terre depuis quarante ans

Le 31 mai 1970, à 15 h 20, heure locale (soit 22 h 20, heure de Paris), la terre a tremblé au Pérou : le littoral (de Huarmey à Trujillo) et la haute vallée du rio Santa (le Callejon de Huaylas) sont ravagés par l'une des grandes catastrophes sismiques qui frappent notre planète de temps en temps. Le bilan du désastre s'élève de 50 000 à 60 000 morts, plusieurs milliers de blessés et plusieurs centaines de milliers de sans-abri ; la plupart des victimes ont trouvé la mort dans la vallée de Huaylas. La principale ville de la vallée, Huaraz, aurait perdu 20 000 à 30 000 habitants sur une population probable de 50 000 personnes, et la ville de Yungay 15 000 à 20 000. Bien que les régions côtières semblent avoir subi plus de dégâts matériels, les victimes y sont beaucoup moins nombreuses. La ville de Chimbote, pourtant détruite aux trois quarts, n'aurait eu que 400 à 500 morts. Dans les hautes vallées andines, deux facteurs ont contribué à multiplier les victimes :
– la construction est peu solide ; les maisons construites en adobe (briques crues de ferre et de paille hachée), tassées l'une contre l'autre — au moins dans les agglomérations de quelque importance —, élevées (à Huaraz des immeubles d'adobe comportaient quatre ou cinq étages) et surmontées d'une lourde toiture imposée par le climat froid et humide. Sur la côte, au contraire, les habitations d'adobe ne sont couvertes que d'une toiture légère, simple claie de roseaux enduite de boue, qui suffit, dans cette région désertique, à abriter les habitants ;
– les avalanches de glace, fréquentes dans les Andes, lancent dans les vallées des aluviônes de millions de mètres cubes de glace, de rochers, de terre. C'est ce qui s'est passé à Yungay et dans la vallée du Santa, située en aval de cette localité. Les agglomérations qui venaient d'être réduites à l'état de tas de briques ont été recouvertes quelques minutes après le tremblement de terre par un torrent qui a enseveli une zone de 16 km2 sous une couche de 3 m d'épaisseur de terre, de roches et de débris divers.