Après dix années de disputes et de réconciliations spectaculaires, l'ancienne colonie belge décide de normaliser ses rapports avec Bruxelles. En dépit des rancœurs accumulées de part et d'autre et malgré les séquelles d'une décolonisation manquée, le général Mobutu et le roi Baudouin mettent tout en œuvre pour renouer un dialogue fructueux pour l'ensemble de leurs compatriotes. En novembre, le chef de l'État congolais effectue un voyage officiel de trois jours en Belgique et, scellant solennellement les retrouvailles belgo-congolaises, invite les souverains belges en visite d'État au Congo pour le dixième anniversaire de la proclamation de l'indépendance. Le 29 juin, le roi Baudouin se rend à Kinshasa. La visite se termine par la signature d'un traité d'amitié entre les deux pays.

Simultanément, le général Mobutu se rapproche de la France, avec laquelle les rapports étaient médiocres depuis l'expulsion, en octobre, du consul français de Kinshasa. Jacques Foccart, secrétaire général pour la Communauté et les Affaires africaines et malgaches, se rend en mars dans la capitale congolaise et invite le chef de l'État congolais en août à Paris.

Les frères ennemis

En revanche, avec deux États voisins, la République centrafricaine et la République populaire du Congo, les relations ne cessent de se détériorer. Les dirigeants de Brazzaville, qui ont rompu avec Kinshasa depuis octobre 1968, date de l'enlèvement et de l'exécution du chef rebelle Pierre Mulele, mènent depuis juillet 1969 une campagne d'intimidation contre le gouvernement du général Mobutu. À plusieurs reprises, la Voix de la Révolution accuse les dirigeants de Kinshasa de conspirer contre leur voisin septentrional, de se livrer à des violations de frontières et de s'ingérer dans les affaires intérieures du Congo-Brazzaville. Fermetures, puis réouvertures de la frontière, arrêts puis reprises des liaisons fluviales sur le Congo engendrent une tension permanente que vient aggraver une guerre des ondes. En novembre, les adversaires semblent prêts à en venir aux mains, mais une fois de plus la guerre des deux Congos n'aura pas lieu. Il s'agit d'une simple escalade verbale sans conséquences graves.

Néanmoins, une rencontre prévue en janvier entre les présidents Marien Ngouabi et Joseph Désiré Mobutu est annulée au dernier moment. De même, une conférence prévue à Garoua, entre les chefs d'État d'Afrique centrale, se déroule en l'absence des présidents Mobutu et Bokassa, ceux-ci ayant refusé de se rencontrer. Toutes les tentatives de médiation ont échoué les unes après les autres.

En avril, à la suite d'un brusque regain de tension entre les deux pays frères, c'est au tour des dirigeants de Kinshasa de perdre patience et Adoula, ministre des Affaires étrangères du président Mobutu, lance un sévère avertissement aux dirigeants de Brazzaville.

Mais le 16 juin, c'est la réconciliation Mobutu-Ngouabi. Le manifeste du 16 juin scelle l'amitié retrouvée et consacre le rétablissement des relations diplomatiques rompues en octobre 1968.

L'économie nationale traverse une période de prospérité exceptionnelle qui s'explique par le rétablissement de l'autorité de l'État sur toute l'étendue du territoire, par l'intérêt que, pour des raisons politiques et stratégiques, les grandes puissances portent au Congo, enfin par la variété et l'importance des richesses naturelles du pays. La hausse des cours du cuivre entraîne un accroissement substantiel des rentrées budgétaires. Avec l'aide du gouvernement américain, le général Mobutu, qui s'était d'abord engagé sur la voie du dirigisme, adopte une attitude libérale.

Le réajustement autoritaire des prix des denrées agricoles, la revalorisation des salaires de 40 à 50 %, la suppression des contingentements rétablissent un climat de confiance et attirent les investissements étrangers. Belges, Français, Américains, Italiens, Allemands, Japonais construisent des usines ou participent à l'extension de celles qui sont déjà installées. La Communauté économique européenne promet de participer au financement de la construction du barrage d'Inga, considéré comme l'une des plus importantes réserves d'énergie hydroélectrique du monde. La découverte au Katanga de nouveaux gisements de cuivre recelant d'immenses réserves suscite de sérieux espoirs.