Le débat du premier tour opposa essentiellement, d'une part, les candidats de gauche entre eux, et, d'autre part, G. Pompidou à A. Poher. Les risques de désordre, de dissolution de l'Assemblée et de retour à la IVe République en cas de succès d'Alain Poher furent les principaux thèmes de G. Pompidou, qui plaçait son entreprise sous le double signe de la continuité et de l'ouverture. De son côté, A. Poher s'étendait sur le bilan du régime, les polices parallèles, le fonctionnement de l'ORTF, l'indépendance de la magistrature, le coût des dépenses de prestige, et invoquait la nécessité d'un changement. Après le premier tour, le président du Sénat devait se montrer beaucoup plus incisif et entreprendre, lui aussi, un tour de France électoral, bien accueilli dans de nombreuses villes. Il annonçait son intention de réunir après le scrutin en « une force organisée » tous ceux qui l'avaient soutenu.

Les résultats

Les résultats du premier tour avaient fait apparaître que l'écart entre G. Pompidou et A. Poher était trop important pour pouvoir être comblé ; ils avalent montré aussi qu'un candidat unique de la gauche aurait largement précédé le président du Sénat et livré la bataille du second tour. Le succès relatif de J. Duclos, qui avait plus de voix que son parti en 1968, mais un peu moins qu'en 1967, l'effondrement de la candidature de G. Defferre n'avaient guère surpris.

Pour le second tour, un troisième camp se formait, face aux deux candidats. Pour la première fois dans son histoire, le Parti communiste appelait avec ardeur à l'abstention, après s'être refusé à choisir entre « la peste et le choléra ». La CGT, l'UNEF faisaient de même ; le PSU, d'autres mouvements de gauche conseillaient l'abstention ou le vote blanc. Finalement, acquise par le vote de 37,5 % du corps électoral, mais avec 58,21 % des suffrages exprimés, l'élection de Georges Pompidou n'était contestée par personne, et le nouveau président prenait ses fonctions à l'Élysée le vendredi 20 juin, date inaugurale de son septennat.