Il est prévu dans un premier temps la construction dans le nord des États-Unis de deux sites de missiles antimissiles, et ultérieurement une dispersion aux frontières d'une quinzaine de batteries similaires : une fusée Spartan interceptant les engins adverses à 300 km de portée, une seconde fusée Sprint — aux puissantes accélérations — atteignant 40 km d'altitude en cas d'échec du Spartan et un réseau complexe de radars (le système Sauvegarde). Ce projet n'a pas obtenu un avis unanime au Congrès américain, le principal opposant étant le sénateur Edward Kennedy.

Le Pentagone a organisé des manœuvres, notamment l'exercice Reforger One, entre les États-Unis et l'Allemagne fédérale, pour améliorer la mobilité des unités américaines. Un même souci de mobilité et de sécurité a poussé le Pentagone à répartir les bombardiers B 52 du Stratégie Air Command sur un plus grand nombre de terrains.

Pour des raisons financières, M. Laird a aussi décidé d'abandonner la construction de la version navale du chasseur-bombardier à flèche variable, le F 111, et renonce à doter l'armée de terre américaine des hélicoptères modernes Cheyenne. L'armée de l'air s'inquiète, enfin, du prix de revient croissant du cargo militaire géant C-5 A Galaxy, mis au point par la firme Lockheed pour le transport stratégique à longue distance de 900 hommes équipés : l'acquisition des cinquante-huit premiers appareils est évaluée à 1,62 milliard de francs.

Grande-Bretagne

De l'autre côté de l'Atlantique, le gouvernement britannique a fixé ses dépenses militaires à 27,2 milliards de francs, en diminution de 60 millions sur le budget précédent. Au début de 1969, il a confirmé sa volonté de réaliser des économies sur les commandes de matériels, la réduction des stocks et celle des effectifs stationnés outremer. Dans le domaine des forces stratégiques, la Grande-Bretagne limitera ses constructions à 4 sous-marins nucléaires lanceurs de missiles américains Polaris, dont 3 sont en service.

Les troupes stationnées à l'est de Suez seront évacuées au plus tard en 1971. La Grande-Bretagne reste membre du pacte de Bagdad (le Central Treaty Organisation créé en 1955) et de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (le pacte de Manille de 1954), tout en limitant sa contribution à ce dernier organisme.

Après l'évacuation de la Malaisie, il a été décidé que les porte-avions seront désarmés vers 1972.

En Europe et dans l'Atlantique Nord, où le gouvernement travailliste a décidé de concentrer ses forces de défense et de les réduire d'au moins 75 000 hommes, la Grande-Bretagne procède à une réorganisation des commandements et à une intégration des services appartenant aux trois armées, notamment les contrôles financiers. Dans le Bassin méditerranéen, la marine britannique expédie, au printemps de 1969, des commandos d'intervention avec un porte-hélicoptères, et deux escadrons de seize bombardiers nucléaires Victor et Vulcan prennent position à Chypre.

Le repli britannique s'accompagne, en revanche, d'un effort de défense en République fédérale d'Allemagne. Le budget militaire de Bonn en 1969 est estimé à l'équivalent de 23,5 milliards de francs.

Allemagne de l'Ouest

Après les événements de Tchécoslovaquie qui ont frappé l'opinion, impressionnée par la rapidité des blindés soviétiques et par l'absence de réaction de l'OTAN, le gouvernement ouest-allemand décidait de dégager 3 milliards de francs supplémentaires (étalés sur les cinq prochaines années) pour l'achat de nouveaux matériels et le renforcement du potentiel de la Bundeswehr. C'est ainsi notamment que la puissance de feu des bataillons d'artillerie sera accrue dans les brigades et l'armement antiaérien amélioré par la commande de canons bitubes de 20 mm.

Des effectifs seront récupérés sur les services, les primes d'engagement augmentées et la carrière des sous-officiers mieux assurée. Le gouvernement s'inquiète toutefois du nombre croissant des objecteurs de conscience en Allemagne fédérale, qui laisse présager une désaffection des jeunes envers l'armée.