Sur les douze derniers mois cumulés à fin juin 1969, les importations totales atteignent 80,6 milliards de francs. Le plan n'a envisagé un tel niveau, en année mobile, que pour la fin 1970.

Le retour à l'équilibre n'est pas en vue, même si des améliorations semblent possibles à l'endroit de la balance commerciale avec la fin de certains comportements spéculatifs. Des incertitudes subsistent, en effet, sur l'évolution de la conjoncture internationale pour la fin de l'année 1969.

Dans ce contexte difficile, le développement des exportations demeure bien une contrainte majeure de la compétition.

Sécurité sociale

Les travailleurs indépendants contestent l'assurance obligatoire

Trois aspects de la Sécurité sociale ont retenu l'attention depuis l'été 1968 : l'évolution du régime général, le problème des honoraires médicaux et surtout le démarrage du régime des travailleurs indépendants.

Bilan excédentaire du régime général

Pour la première fois, la situation financière du régime général présente, en 1968, un équilibre légèrement favorable :

Recettes : 58 979 millions

Dépenses : 58 130 millions

Solde : + 849 millions

Les assouplissements

Vivement combattues, dès leur promulgation, par la plupart des organisations syndicales, les Ordonnances d'août 1967 réformant le régime général de Sécurité sociale ont fait l'objet, en juillet 1968, d'un débat de ratification au Parlement (conformément aux engagements pris par Georges Pompidou lors des négociations de Grenelle).

Outre l'abaissement du ticket modérateur de 30 % à 25 %, les grèves de mai ont provoqué des assouplissements notables.

– La composition et les pouvoirs des conseils d'administration ont été élargis : les représentants des professions de santé, de la mutualité, des associations familiales obtiennent voix consultative ; les conseils sont obligatoirement consultés sur les programmes d'action sanitaire et sociale du gouvernement.

– Pour les prestations, la suppression du ticket modérateur pour les longues maladies est étendue ; les indemnités journalières en cas de cures thermales sont rétablies, etc.

– Le ministre des Affaires sociales prend l'engagement de présenter chaque année au Parlement un bilan de l'évolution des prestations sociales et d'étudier la modulation des prestations familiales selon le revenu des ménages.

La situation financière du régime général (son déficit était la cause première des Ordonnances) est restée équilibrée en 1968. Les recettes nouvelles, dues notamment au relèvement du plafond des salaires soumis à cotisation, ont compensé l'augmentation des dépenses provenant de la réduction du ticket modérateur et d'un relèvement des tarifs médicaux conventionnés.

Médecins mécontents

Les honoraires médicaux ont d'ailleurs provoqué, à l'automne 1968, de sérieux remous. Arguant de l'augmentation générale des salaires décidée à Grenelle, et devant le peu d'empressement des pouvoirs publics, les syndicats de médecins décidèrent unilatéralement d'augmenter leurs tarifs d'environ 12 % à compter du 7 octobre 1968. Ce n'est qu'après de laborieuses négociations avec la Sécurité sociale qu'un accord est trouvé. Les augmentations sont effectuées en deux temps : en octobre pour les généralistes, en mai pour les spécialistes.

Au-delà des honoraires, le conflit a montré l'existence des problèmes délicats qui ne pourront manquer de rebondir. Il s'agit d'abord du malaise des professions médicales incertitudes sur le régime des études médicales, réglementation fiscale, affiliation à la Sécurité sociale, organisation de la médecine de groupe, etc. Il s'agit aussi de l'avenir de la médecine conventionnée. Cette dernière et importante question se trouve compliquée par le fait de l'opposition des deux syndicats de médecins : la Confédération des syndicats médicaux français (le plus puissant, animé par le Dr Jacques Monier) et la Fédération des médecins de France (présidée par le Dr P. Belot).

Après presque trois ans de difficile maturation, c'est dans un climat de contestation que commence à fonctionner, le 1er avril 1969, le régime d'assurance maladie des travailleurs indépendants, plus exactement intitulé « régime obligatoire d'assurance maladie-maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles ». Enjeu : la couverture sociale de près de 2 000 000 d'assujettis actifs, 630 000 retraités et 2 000 000 d'assurés « à charge ».