Éducation

Classes enfantines et primaires : manque de locaux et d'enseignants

Plus de 12 millions de jeunes Français ont fréquenté en 1968-69 les établissements scolaires ou universitaires, soit environ 200 000 de plus que l'année précédente.

Les effectifs des classes enfantines ont connu une augmentation qui s'explique moins par l'évolution démographique que par une demande plus forte des familles.

Les mères de famille sont de plus en plus nombreuses à exercer une activité professionnelle ; cette situation les incite à envoyer le plus tôt possible leurs enfants à l'école.

Pour accueillir les enfants des classes enfantines, 56 000 places nouvelles ont été créées dans les écoles maternelles. Ces créations ont pu endiguer le flot, mais n'ont pas permis de réduire les effectifs des classes. Les créations de classes ne suivent pas l'évolution de la population, en particulier dans les banlieues des grandes villes, où le maximum théorique de 50 enfants par classe est fréquemment dépassé.

Dans l'enseignement primaire, la diminution sensible de l'effectif des enfants et la création de 183 000 places nouvelles ont globalement amélioré la situation, sauf dans les villes, où l'insuffisance des postes d'instituteurs s'est fait cruellement sentir. À la suite des négociations de Grenelle, pourtant, 4 000 postes supplémentaires avaient été créés par le ministère.

Parents, professeurs et élèves sont désormais responsables de leur lycée

Héritier direct des collèges jésuites de l'Ancien Régime et du centralisme napoléonien, le lycée traditionnel est mort en 1968. Ébranlé par les événements de mai, au cours desquels les lycéens avaient été à la pointe de la contestation, le lycée a été l'objet d'une remise en question radicale. Un ensemble de réformes importantes élaborées au cours de l'été 1968 sont peu à peu entrées en vigueur.

Depuis longtemps, les fédérations de parents d'élèves et les organisations syndicales d'enseignants demandaient que parents et professeurs soient associés plus étroitement à la marche des établissements. Les élèves, à leur tour, manifestent le désir très net de ne plus être des usagers irresponsables.

Le conseil d'administration

Le grand principe qui anime les réformateurs est celui d'une participation réelle de tous les membres du lycée. Trois organismes de participation sont créés ou rénovés : le conseil d'administration, la commission permanente (et son corollaire, le conseil de discipline), enfin le conseil de classe, rebaptisé « conseil de division ».

Les conseils d'administration des établissements constituent désormais un véritable Parlement. Des conseils existaient déjà dans la plupart des établissements secondaires (à l'exception cependant des CEG, considérés comme dépendant du primaire), mais ils ne disposaient que de pouvoirs restreints. En outre, les parents et les professeurs y étaient très faiblement représentés. Quant aux élèves, ils en étaient exclus.

Les nouveaux conseils ont des pouvoirs élargis. Ils votent le budget de l'établissement, établissent et modifient à leur gré le règlement intérieur (qui ne sera plus fixé autoritairement et uniformément pour tous les lycées par le ministère de l'Éducation nationale) ; ils disposent des fonds de réserve (soit 10 % du budget de fonctionnement) ; ils contrôlent et facilitent le fonctionnement du foyer des élèves, discutent de questions proprement pédagogiques ; ils étudient les demandes de dotation en postes de personnel, enseignant ou administratif, fixent les lignes directrices de l'emploi du temps, etc.

Le conseil d'administration est composé pour un sixième de représentants de l'administration, pour deux sixièmes de représentants des diverses catégories de personnel (enseignant, administration et service), pour un sixième de représentants des parents d'élèves, pour un sixième des délégués des élèves (des classes de second cycle seulement), pour un sixième, enfin, de personnalités extérieures à l'établissement, qui pourront être, par exemple, des représentants des collectivités locales.

Mode d'élection

Le mode d'élection des délégués des diverses catégories représentées a été fixé avec précision. Parents et enseignants votent au scrutin de liste ; la représentation est proportionnelle. Pour les élèves, c'est un système d'élection à deux degrés qui a été choisi : dans chaque classe, deux responsables sont élus au début de l'année (ils pourront être remplacés si les élèves le demandent). Tous les responsables participent au conseil des responsables, qui doit désigner les délégués des élèves du deuxième cycle (seconde, première et terminale) au conseil d'administration.