Sur le plan des véhicules utilitaires, la pénétration étrangère passe de 10,3 à 12 % (21 522 véhicules vendus en 1968, contre 15 663 en 1967).

En regard, les exportations françaises de voitures particulières ont, elles aussi, progressé très fortement, passant de 749 410 unités en 1967 à 872 877 en 1968 (+ 16,5 %), tandis que celles des véhicules utilitaires (85 293 contre 85 630) restaient au même niveau.

46 % de la production française a été exportée, dont, performance exceptionnelle, 55 % de la production de voitures particulières et commerciales. Chaque fois qu'un constructeur étranger vend une voiture en France, les constructeurs français en vendent 3,3 hors des frontières. Pour les véhicules utilitaires, la proportion est de un à quatre.

Fait significatif, parmi les 12 entreprises françaises (contre 10 en 1966) qui ont réalisé en 1967 un chiffre d'affaires à l'exportation supérieur à 500 millions de francs, on trouve toutes les grandes firmes automobiles : Renault (1er), Peugeot (2e), Simca (4e), Citroën (9e), et aussi le fabricant de pneus Michelin (12e).

Aéronautique

Renouveau des programmes civils

Le gouvernement confirme, en février 1969, le principe de la fusion Nord-Aviation-Sud-Aviation-SEREB, qui aboutira pratiquement à la constitution d'une Société nationale de construction aérospatiale, groupant environ 40 000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires annuel de 2,5 milliards de francs. Les modalités de cette fusion, prévue pour 1970, ont été mises à l'étude : une structure décentralisée par grandes branches techniques et par organismes fonctionnels.

Dans le secteur de la propulsion, la SEPR (Société d'études de la propulsion par réaction) et la Division Engins-Espace de la SNECMA sont en voie de fusion au sein de la Société européenne de propulsion, créée en mai 1969. Cette société regroupe 1 800 personnes et sera probablement un pôle d'attraction pour d'autres sociétés ou organismes étudiant et réalisant des gros moteurs-fusées.

Le programme de l'Airbus européen est officiellement lancé après des négociations longues et difficiles qui ont échoué sous l'angle tripartite — la Grande-Bretagne s'est retirée officiellement le 10 avril 1969 — et réussi sous l'angle bipartite — l'Allemagne fédérale et la France signant un accord définitif, le 29 mai, au Bourget.

L'Airbus A 300 B entrera en service en 1974, sous forme d'un avion de 132 t, capable de transporter 250 passagers à 900 km/h, sur des étapes de 200 à 2 200 km. Il sera donc finalement un peu plus petit que les Airbus américains, mais sera mieux adapté au trafic sur des étapes courtes et moyennes. Le moteur devait être choisi au cours de l'été 1969.

Un autre programme d'avion de transport civil est lancé en décembre 1968 : le Mercure, du groupe Dassault-Breguet, qui sera un court-courrier pour 130-150 passagers, offrant un prix de revient au siège-kilomètre extrêmement bas. Fiat et des industriels belges, suisses et espagnols seront associés à ce programme.

Sud-Aviation, leader français de l'Airbus, a décidé de lancer également, afin d'améliorer son plan de charges, une dernière version de la Caravelle : la Caravelle 12, dont le fuselage allongé offrira 120 places.

Deux nouveaux programmes d'avions d'affaires sont lancés : le Minifalcon (ou Mystère 10), de Dassault, qui volera en 1970, et le SN 600 Corvette, de Sud et Nord-Aviation, qui volera également en 1970. Ces deux biréacteurs de 6-10 places seront les premiers clients pour le nouveau turboréacteur de 1 000 kg de poussée que la SNECMA et Turbomeca réalisent en commun et qui a tourné pour la première fois en mai 1969.

Enfin, les deux prototypes de Concorde ont brillamment commencé leurs essais, l'un à Toulouse le 2 mars 1969, l'autre à Bristol le 9 avril. La mise en service est prévue pour 1974.

Le domaine militaire

Dans le domaine militaire, le Jaguar franco-britannique a commencé ses essais en vol à Istres en septembre 1968, et une commande de 400 machines (200 pour la France, 200 pour la Grande-Bretagne) a été passée. Une première commande de 35 Mirage F1 a été passée à Dassault, sur 85 prévus, et la construction du Mirage G4, biréacteur à flèche variable de 25 t, a été activement poussée.