On a décidé, en particulier, de faire du Syndesmos un véritable mouvement d'Église, au lieu de le regarder comme un simple lieu de contacts. La volonté de rendre l'Église effectivement présente dans le monde moderne s'est imposée comme un axe essentiel.

France

Mgr Pierre L'Huillier est intronisé le 26 septembre en l'église des Trois-Saints-Hiérarques, à Paris, sous la présidence du métropolite Antoine Bloom, exarque du patriarche de Moscou pour l'Europe occidentale, et en présence d'un grand nombre de personnalités orthodoxes, catholiques et protestantes.

Il avait préalablement reçu l'ordination épiscopale à Leningrad, des mains du métropolite Nicodème assisté de six évêques. Mgr Pierre, qui a été nommé évêque titulaire de Chersonèse, est né à Paris en 1926, se convertit à l'orthodoxie à vingt ans et devint moine-prêtre en 1954 ; depuis 1961, il était chargé de la paroisse franco-russe de Notre-Dame-des-Affligés, à Paris.

Pierre Struve, recteur de la communauté orthodoxe française de la rue Daru, a trouvé la mort, le 3 décembre 1968, dans un accident de voiture. Né en 1925 à Paris, après de brillantes études médicales, il reçoit la prêtrise en 1964. Dès lors, menant de front ses activités professionnelles et son sacerdoce, il s'efforce de consolider la cohésion interne entre les Églises orthodoxes et cherche à présenter aux chrétiens d'Occident un visage de l'orthodoxie généralement ignoré d'eux. Réalisateur de l'émission orthodoxe à l'ORTF, Pierre Struve collaborait au Journal de l'année. Marié, il était père de quatre enfants.

Grèce

L'Église de Grèce s'est abstenue d'envoyer des délégués à Uppsala ; elle reprochait, d'une part, au COE de s'être immiscé dans les affaires intérieures de la Grèce, d'autre part, à l'archevêque d'Uppsala, Josefsson, et à l'éditeur W. Trjem d'avoir tenu des propos « provocateurs et agressifs » à l'égard du régime grec actuel en prévoyant les manifestations que la délégation grecque pourrait soulever.

L'archevêque et l'éditeur ne pouvant pas retirer leurs paroles, Mgr Hiéronymos, archevêque d'Athènes et primat de Grèce, refusa définitivement d'envoyer les quatre théologiens laïcs représenter l'Église grecque en manière de compromis. Seul, un autre théologien laïc grec, H. Alivisatos, put assister à l'assemblée en tant que délégué du patriarcat de Jérusalem.

La réorganisation de l'Église se poursuit selon le plan de réformes décidé au début de 1968. Un séminaire de formation accélérée destiné au clergé a été fondé. Une limite d'âge a été fixée pour tous les évêques, même le primat, à 72 ans au lieu de 80. L'Église administre ses biens d'une façon autonome, mais elle est soumise au contrôle financier de l'État dans tous les cas prévus par la loi pour les personnes morales de droit public.

Contrairement aux dispositions jusqu'alors en vigueur, c'est le gouvernement qui désormais choisit l'archevêque d'Athènes sur une liste de trois noms proposée par l'Église. Cette constitution rencontre l'hostilité d'un certain nombre d'évêques, qui contestent sa valeur canonique.

URSS

En dehors de la participation nombreuse et active de l'Église russe à Uppsala, peu de faits semblent s'être produits dans le patriarcat de Moscou. Lors de la conférence de presse qu'il tint fin septembre 1968 à son retour d'URSS, Mgr Pierre L'Huillier déclara que, pour sa part, il avait été frappé par le manque d'intérêt que les jeunes manifestent à l'égard de la propagande athéiste officielle ; d'autre part, le nombre de jeunes qui assistent aux offices s'est accru considérablement par rapport à il y a quelque cinq ou six années seulement. Des recoupements avec d'autres sources d'information permettent de supposer que le nombre des Russes fréquentant les églises régulièrement se situe entre 30 et 60 millions.

Une réunion s'est tenue les 20 et 21 décembre 1968 à Zagorsk, près de Moscou, en présence des différents représentants de communautés chrétiennes ou non. Le patriarche Alexis, qui en était le promoteur, a invité tous les chefs des communautés du monde à se rassembler de nouveau à Zagorsk du 1 au 4 juillet 1969 pour « coopérer à la défense de la paix mondiale ». Un comité préparatoire a aussitôt été constitué. L'Église catholique romaine est représentée par un professeur du grand séminaire de la métropole de Riga et par le supérieur de celui de l'archevêché de Kaunas.