Divers événements contribuent à apaiser les esprits. Mgr Vicente Enrique y Tarancon, considéré comme progressiste, est nommé, le 2 février 1969, au siège de Tolède et à la primatie d'Espagne. L'archevêque de Madrid, Mgr Morcillo, se démet de ses charges politiques le 26 mars. Mgr Cirarda, l'évêque de Santander, se solidarise publiquement avec le vicaire général de Bilbao, récemment arrêté par l'armée.

Le décalage semble néanmoins s'accentuer entre la majeure partie du corps épiscopal, très lié au régime franquiste, et la minorité soutenue par un jeune clergé soucieux de décléricaliser l'action sacerdotale par une révision fondamentale du concordat.

Europe de l'Est

L'autorisation enfin accordée au cardinal Wyszynski de se rendre à Rome en novembre 1968 témoigne d'une amélioration sensible des rapports entre l'Église et l'État polonais. L'atmosphère se rassérène aussi en Tchécoslovaquie, où les Offices des cultes tchèque et slovaque sont mis en place et où, en février 1969, est officialisée la reconstitution des communautés religieuses. Dans le même temps, les séminaires, dépeuplés, s'ouvrent à de nouveaux élèves. Le 18 juin 1969, enfin, malgré le durcissement politique de Prague, 9 ecclésiastiques, condamnés en 1950 pour haute trahison, sont réhabilités.

En Hongrie, le gouvernement reconduit l'accord signé, voici vingt ans, avec le Vatican, qui prévoit une subvention d'État pour l'entretien du clergé. La nomination, en janvier 1969, de nombreux évêques laisse présager une amélioration des relations entre le Vatican et Budapest.

États-Unis

Le problème du célibat ecclésiastique sensibilise de plus en plus l'opinion américaine. L'épiscopat, réuni en assemblée semestrielle, le 19 avril 1969, à Houston, réaffirme collectivement et unanimement son attachement au célibat des prêtres. Mais des sondages révèlent que 1 200 prêtres américains ont, en deux ans, renoncé à leur état.

Amérique latine

Depuis longtemps déjà, le bas clergé d'Amérique latine et une partie de l'épiscopat prennent fait et cause pour la population aliénée par une société où une majorité de pauvres est subordonnée à une minorité de privilégiés.

Attitude qui provoque l'hostilité du haut clergé (généralement conservateur) et des gouvernements. En Colombie, un grand nombre de jeunes prêtres veulent associer la réforme interne de l'Église à la réforme totale de l'État dans le sens du socialisme ; certains préconisent même un recours à la violence.

Le pape, lors de son séjour à Bogota, où il doit présider le Congrès eucharistique international, invite l'Église américaine à transformer les « anxiétés des hommes non en colère et en violence, mais en énergie pacifique ».

Au cours de ce même congrès, Mgr Helder Camara, archevêque de Recife, appelé l'« évêque des pauvres », affirme qu'il sera « toujours prêt à lever le drapeau de la révolution pour autant que celle-ci ne soit pas sanglante et qu'elle soit faite par les masses marginalisées du continent ».

L'opposition entre progressistes et conservateurs se manifeste avec éclat à Medellin, du 28 août au 6 septembre 1968, au cours de la 2e Conférence épiscopale du continent. On la retrouve aussi dans chaque pays. À Rosario (Argentine), le 18 mars 1969, pour protester contre l'attitude apathique et antisociale de leur archevêque, 27 prêtres démissionnent ; 270 de leurs confrères se solidarisent publiquement avec eux.

Au Brésil, c'est l'État qui intervient brutalement en faisant arrêter, le 2 décembre 1968, trois pères assomptionnistes français et un séminariste brésilien en activité à Belo Horizonte (Minas Gerais). On les accuse de « collusion avec le marxisme ». Quelques jours plus tard, trois assomptionnistes en résidence à Santos sont à leur tour inquiétés. Ces poursuites contre les prêtres étrangers ou contestataires visent indirectement la ligne conciliaire, dont l'animateur est Mgr Helder Camara. L'un de ses collaborateurs, l'abbé Neto, est d'ailleurs assassiné en mai 1969.

France

Une innovation spectaculaire, l'intervention publique de trois laïcs et d'une religieuse, marque l'Assemblée plénière de l'épiscopat qui tient sa session à Lourdes, du 2 au 9 novembre 1968.