Le même jour, réunis à Königstein, les évêques allemands déclarent que « l'explication de questions importantes de morale conjugale, de même que le développement de certaines affirmations de l'encyclique, doivent être poussés plus loin ».

En France, le P. Daniélou adopte une attitude favorable et il constate que « les violents remous qu'a suscités l'encyclique attestent à quel point elle a touché un point essentiel ; elle a déchaîné la fureur de tous ceux qui, sous prétexte de réconcilier l'Église et le monde, ne font que configurer l'Église au monde ».

À l'inverse, Jean-Marie Paupert — l'un de ceux qui connaissent le mieux le dossier secret de la commission créée par Jean XXIII — déplore, dans les colonnes du Monde du 12 août, l'attitude du pontife romain, qui a choisi le parti de « la conservation des structures sclérosées », fermant ainsi définitivement la porte de Vatican II.

L'épiscopat français

On attendait avec curiosité la prise de position de l'épiscopat français. Individuellement, MMgrs Lefebvre, Marty, Renard, Pallier avaient exprimé des sentiments de gratitude et d'obéissance à l'égard de l'enseignement pontifical ; mais on savait les évêques français très divisés en ce domaine.

En prévision de la réunion plénière de l'épiscopat français à Lourdes, un projet de déclaration commune avait été envoyé à chacun des évêques. Quand s'ouvrit l'assemblée, le 4 novembre 1968, 497 amendements avaient déjà été incorporés au texte primitif.

La note pastorale de l'épiscopat français sur l'encyclique Humanae vitae, publiée le 8 novembre, est un texte plus pastoral que juridique. Il met l'accent sur la lutte commune qui doit être menée contre les effets égoïstes d'une civilisation de production.

Le passage le plus remarqué — et le plus discuté — est celui où les évêques déclarent que « la contraception est toujours un désordre », mais que « ce désordre n'est pas toujours coupable ». Et de mettre l'accent sur « les angoisses spirituelles où se débattent des époux sincères, notamment lorsque l'observance des rythmes naturels ne réussit pas à donner une base suffisamment sûre ».

Pays-Bas

Les grands problèmes doctrinaux et pastoraux qui agitent l'Église catholique trouvent à plusieurs reprises leur origine dans l'Église des Pays-Bas.

Clercs et fidèles hollandais sont les enfants terribles de l'Église catholique. Aux initiatives qu'ils prennent, aux idées qu'ils lancent, fait écho un vif mécontentement des milieux romains. Ainsi, le 7 octobre 1968, la Congrégation pour la doctrine de la foi examine en séance plénière le dossier des propositions reprochées au P. Schillebeeckx, dominicain, professeur à l'université de Nimègue, considéré généralement comme le plus grand théologien néerlandais.

Le procès Schillebeeckx provoque des protestations : une lettre collective est adressée à leur Maître général par 300 dominicains de divers pays. Un remous semblable se manifeste quand l'évêque de Bois-le-Duc, Mgr Bluyssen, est écarté momentanément par Rome du Conseil pour la liturgie, en raison de son attitude libérale à l'égard des prêtres mariés.

Le problème du célibat ecclésiastique, replacé d'ailleurs dans un contexte doctrinal plus général, reste au premier plan des préoccupations de l'Église hollandaise. Le 31 octobre 1968, une conférence à laquelle participent tous les évêques du pays et un certain nombre de prêtres adopte une motion qui préconise que soit autorisé l'accès à la prêtrise des personnes mariées et que les prêtres qui se marient puissent continuer à exercer certaines activités pastorales. Cette dernière question intéresse directement 135 prêtres qui ont quitté la vie ecclésiastique et qui assistent à la conférence de Noordwijkerhout.

Le catéchisme hollandais

Une Église perpétuellement mise en cause, c'est bien ainsi qu'apparaît l'Église néerlandaise au cours de la troisième (5-8 janvier 1969) et de la quatrième (9-11 avril) assemblée plénière du Concile pastoral. Le président de l'assemblée, le cardinal Alfrink, tout en affirmant la volonté de son Église de rester unie à l'Église universelle, revendique un « pluralisme légitime » à l'intérieur de celle-ci.