Pour Skinner, quand on répond juste, c'est déjà un renforcement. Dans un livre, c'est en passant à l'élément suivant que je découvre la réponse vraie : si ma réponse est juste, je lis la suite, qui, d'ailleurs, commence par m'expliquer en d'autres termes pourquoi ma réponse est juste ; si elle est fausse, je recommence (fig. 2). Pour Skinner, il est capital que l'élève ne puisse pas faire de faute : il considère que le programme est mauvais si l'élève, quel qu'il soit, en fait 5 %.

Toutes les connaissances ne peuvent pas aisément se réduire à une superposition de réflexes intellectuels. D'autre part, la faute ne se juge pas seulement d'après un comportement : appuyer à tort sur un des deux boutons vrai/faux. D'où le second programme, dit ramifié, qui est dû à un auteur américain, Crowder. C'est lui qui est le point de départ de l'utilisation des machines à calculer.

Chaque élément (fig. 3) propose une question en face de laquelle plusieurs réponses sont proposées en vrac : à l'élève de choisir. Naturellement, il n'y en a qu'une de vraie, et dans ce cas l'élève passe à l'élément suivant. Les autres correspondent aux divers degrés dans l'erreur. Différentes erreurs requièrent différentes explications et différents rappels de notions déjà acquises : d'où les sous-programmes, qui peuvent être parfois très complexes (fig. 4).

Le courant russe

C'est sur ces bases que se sont faites les recherches plus récentes ; l'utilisation des ordinateurs permet l'intégration de données plus complexes. La tendance générale des recherches américaines diverge nettement de celle des Russes et des Français.

Alors que les Américains semblent surtout préoccupés de réalisations technologiques spectaculaires (écrans de télévision en couleurs ; terminaux situés à des milliers de kilomètres de l'unité centrale du calculateur ; recours au time sharing), le professeur Landa, de l'université de la république de Russie, oriente la recherche dans une critique de la conception behaviouriste, somme toute américaine, de l'erreur (et du réflexe). Il entraîne à sa suite une petite partie des chercheurs d'outre-Atlantique et nombre de chercheurs français.

Nature des erreurs

Ce qui compte pour Landa, ce n'est pas le choix final de la réponse, c'est la stratégie pour y arriver. Or, cette stratégie est fonction de l'élève et du problème, et la part qui revient à l'élève dans cette stratégie pèse autant que la part qui revient à la nature du problème, puisqu'elles sont indispensablement liées et complémentaires.

Dans cette perspective, la nature des erreurs devient très importante et chacune est comparée aux autres (de même, les temps de réaction sont comparés, car la variation entre ces temps peut entraîner vers des sous-programmes où les explications divergent en abondance, en rappel, bref en possibilités de rappel de connaissances qui préstructureront et faciliteront la réponse adaptée). L'utilisation de sous-programmes a entraîné les chercheurs à la création de machines adaptatives.

Le congrès de Nice ne pouvait que refléter le courant russe, sans l'inviter à s'y exprimer.

Les thèmes proposés aux congressistes à Varna, en dehors de ceux qui recoupaient les préoccupations des congressistes niçois, comme par exemple les aspects logiques et psychologiques de la programmation, comprenaient notamment « l'efficacité de l'enseignement programmé et l'acquisition des connaissances : critères et méthodes d'évaluation », et « la formation des programmeurs et des utilisateurs de programme ».

Le professeur Gréco, qui présidait la troisième séance, a posé le problème de l'impact des méthodes d'apprentissage sur les résultats de l'enseignement et a souligné la nécessité d'en tenir compte au niveau du programme lui-même, malgré la difficulté souvent considérable de pouvoir la mesurer au niveau de chaque élève.

Clarté et rigueur

Si les réalisations pratiques de l'enseignement programmé restent surtout dans les laboratoires — en France du moins, malgré quelques exceptions —, il a cependant abouti à donner à la formulation du problème pédagogique plus de clarté et de rigueur au niveau de l'enseignement individuel.