Il est prouvé, d'autre part, que les progestatifs de synthèse peuvent favoriser la formation de caillots sanguins. Une enquête britannique a montré que chez les femmes de moins de quarante ans utilisant la pilule, la probabilité d'un accident circulatoire grave est sept fois plus élevée que chez celles qui n'en prennent pas. Mais ce risque est minime : un décès pour 100 000 femmes dans cette tranche d'âge. Néanmoins, les médecins sont d'accord pour ne pas prescrire la pilule aux femmes qui présentent des troubles circulatoires, varices, phlébites ou tendance à des migraines répétées.

Celles-ci peuvent d'ailleurs, depuis peu, bénéficier d'une variété de contraceptif chimique dépourvu d'œstrogène, qui n'a pas cet inconvénient et semble, de ce fait, constituer un progrès par rapport aux différentes formules existantes.

Le lendemain

L'avenir ne semble pas, pourtant, appartenir à la pilule classique, quels que soient les progrès dont elle a bénéficié récemment : minidoses quotidiennes, injection mensuelle (et même trimestrielle) à l'essai actuellement aux États-Unis.

La pilule dite « du lendemain matin » qui s'oppose à la nidation de l'œuf fécondé sur la paroi utérine, en accélérant le transit de l'ovule dans la trompe, paraît une meilleure solution. Elle n'interfère pas avec le cycle menstruel ni avec l'ovulation. Elle est prise après coup, dans un délai de six jours après le rapport supposé fécondant. Les premières expérimentations cliniques ont commencé dans plusieurs pays. Elles sont très encourageantes.

Les retombées de l'exploration spatiale

L'essor de l'astronautique s'accompagne de retombées qui n'intéressent pas seulement diverses branches de la technologie, mais aussi la biologie et la médecine. C'est ce qu'a révélé la conférence sur la physiologie de l'homme dans l'espace, réunie en novembre 1968 à Genève par l'Organisation mondiale de la santé.

La médecine traditionnelle, par vocation, fait porter l'essentiel de sa recherche sur l'homme malade. La médecine spatiale, au contraire, étudie de façon approfondie l'homme en bonne santé. Les explorateurs de l'espace doivent se porter aussi bien que possible, ce qui pousse à définir, mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, les critères de la normalité. La gérontologie, en particulier, est appelée à bénéficier d'une telle recherche et à en tirer d'intéressants développements, puisqu'on verra plus clairement en quoi s'altèrent, avec l'âge, les caractères normaux.

D'autre part, la nécessité de mesurer et de surveiller à distance le pouls, le rythme cardiaque, la température, la respiration et d'autres paramètres physiologiques des cosmonautes a conduit à mettre au point des appareils à la fois très légers et très sûrs, qui pourront être utilisés pour des examens médicaux et des diagnostics à distance, dans les régions à faible densité médicale ; les mesures seront prises par des auxiliaires et transmises par radio au médecin compétent.

L'homme sans pesanteur

C'est surtout l'étude des effets de l'absence de pesanteur qui a conduit à de grands progrès dans la connaissance de certains mécanismes physiologiques. Le professeur Grandpierre, de la faculté de médecine de Bordeaux, a établi qu'en agissant sur le système nerveux central par l'intermédiaire de l'oreille interne, la pesanteur entretient la vigilance.

Les réactions du sujet sont diminuées dans les conditions du vol spatial, où il ne ressent pas l'action de la pesanteur. Dans les conditions terrestres ordinaires, des lésions de l'oreille interne (dont on sait déjà qu'elles s'accompagnent de vertiges) peuvent engendrer les mêmes conséquences.

Afin de créer à bord des astronefs, durant les voyages au long cours, une légère pesanteur artificielle, on a proposer d'imprimer à la cabine un mouvement de rotation. Les expériences tentées par la marine américaine dans un dispositif de simulation spatiale, où des sujets sont restés enfermés durant un mois, ont fait apparaître chez ces derniers les symptômes caractéristiques du mal des transports.

Ils se manifestent pour des vitesses de rotation données, variables selon la sensibilité du sujet. Des notions nouvelles ont été ainsi établies sur le mécanisme du mal des transports, et aussi sur les meilleurs moyens de le prévenir ou de le traiter. Il faut souligner qu'une dizaine de médicaments ont été essayés, dont plusieurs se sont révélés très efficaces dès leur application.

L'interféron : une nouvelle thérapeutique

Trois conférences internationales consacrées à l'interféron — janvier 1969 (Lyon), mai (Japon) et juin (New York) — montrent l'importance que les médecins attachent à cette substance, découverte il y a onze ans par les Anglais Lindenmann et Isaacs.