Enfin, l'avènement de l'ordinateur à l'hôpital devrait permettre prochainement, en fonction d'un donneur déterminé, de sélectionner d'après les tests d'histocompatibilité, parmi une série de candidats possibles, traités dans des hôpitaux divers, le meilleur receveur, c'est-à-dire celui qui aura les plus grandes chances de survie.

Le cancer : progrès dans le dépistage et espoirs sérieux avec des remèdes spécifiques

En face du drame du cancer, les progrès semblent toujours infimes. Des pas importants ont cependant été franchis au cours de l'année écoulée : progrès dans le dépistage de certaines variétés de tumeurs ; nouveauté dans les traitements, dont quelques-uns autorisent à rayer le terme incurable attaché à une certaine forme du mal, la leucémie ; espoirs sérieux, enfin, dans l'avènement de nouveaux médicaments actifs et spécifiques.

Quant à la détection du mal, le congrès international de dépistage des tumeurs cancéreuses, qui s'est tenu à Spa, en Belgique, au mois de septembre 1968, a mis l'accent sur l'intérêt du dépistage systématique chez des gens en bonne santé.

Les statistiques françaises présentées à ce congrès par le Dr Jean Micholet sont significatives. Deux séries, l'une portant sur le cancer du rectum, l'autre sur le cancer de l'utérus, ont été réalisées sous sa direction dans le cadre de la Caisse primaire d'assurance maladie de la région parisienne. Le cancer du rectum (12,5 p. 100 des 160 000 nouveaux cas de cancers dépistés chaque année) se guérit dans 75 p. 100 des cas s'il est décelé assez tôt. L'examen systématique de 4 568 assurés sociaux a permis de découvrir 340 tumeurs bénignes et 10 tumeurs malignes chez des gens qui se croyaient bien portants.

Autodépistage

Les résultats sont encore plus frappants en ce qui concerne le cancer de l'utérus : sur 5 691 femmes prises au hasard, le pap'test, c'est-à-dire l'examen au microscope de cellules prélevées sur la muqueuse vaginale, a permis de mettre en évidence 47 cancers gynécologiques totalement insoupçonnés.

Une expérience d'autodépistage a débuté dans la région de Bordeaux selon les méthodes utilisées en Amérique et en Scandinavie. Chaque femme effectue à domicile son propre prélèvement grâce à une cytopipette en matière plastique remplie de sérum physiologique, qu'elle renvoie ensuite par la poste au laboratoire. Elle est convoquée en cas de résultats douteux.

Procédés de diagnostic

Dans le diagnostic du cancer du sein, une nouvelle méthode de radiographie utilisant des plaques au sélénium chargées positivement, la xérographie, s'est révélée plus pratique et surtout incomparablement plus précise que les techniques classiques de mammographie. Mise au point aux États-Unis par une équipe de Détroit, la méthode commence à être appliquée en France avec succès.

Un test de dépistage sanguin du cancer primitif du foie, exceptionnel chez nous, mais très fréquent dans les pays chauds, a été mis au point conjointement par une équipe de biologistes de l'hôpital de Dakar, dirigée par le professeur René Masseyef, et l'équipe du professeur Pierre Grabar, de l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif.

Ces chercheurs ont découvert qu'une protéine embryonnaire, la fœtuine, présente dans le sang du fœtus, est absente du sang des adultes en bonne santé. Quand on l'y trouve, elle signe le diagnostic de cancer du foie. Ce test particulier constitue peut-être un pas vers la découverte d'un test sanguin général du cancer (quelle que soit sa localisation), à la recherche duquel s'attachent plusieurs équipes dans le monde.

Le test cutané

Peut-être le test simple, qui constituerait un symptôme d'alarme précoce, sera-t-il épidermique. Un biologiste de New Jersey, aux États-Unis, le Dr Jack Georg Makari, a publié en 1968 les résultats de travaux qu'il poursuit depuis une dizaine d'années.

En déposant au niveau de la peau, comme on fait dans les tests cutanés de dépistage de l'allergie, un mélange complexe de substances provenant de tissus cancéreux, il obtient des réactions tantôt nulles, tantôt positives. Cette seconde éventualité atteste la présence d'une tumeur évoluant à bas bruit dans quelque point de l'organisme, ou signale l'existence d'un état précancéreux vis-à-vis duquel il s'agit de se montrer vigilant. Les premiers sujets testés avec cette technique (TST) qui se sont révélés positifs ont développé un cancer quatre ou cinq ans plus tard.