Ce freinage atmosphérique est incroyablement énergique : à un moment donné, il équivaut à celui d'une voiture qui, roulant à 100 km/h, s'arrêterait net en un centième de seconde ! Ensuite, la capsule effectue très lentement ses derniers 25 km de descente, soutenue par des parachutes faits d'un tissu spécial.

L'équipement de la sonde doit être exceptionnellement robuste et simple. D'une part, il doit résister à la brutale décélération (qui équivaut à une brusque multiplication par 300 du poids des différents éléments) ; de l'autre, il ne peut compter sur d'autres réserves d'énergie électrique que la charge des accumulateurs, alors que l'énorme distance oblige à envoyer à la Terre des signaux suffisamment puissants.

Il n'est qu'un moyen de bien tirer parti de l'énergie disponible : limiter de façon draconienne le nombre des signaux élémentaires attribués à chacune des informations à transmettre.

Dans la pratique, cela se traduit par une extrême simplification des mesures. La température et la pression de l'atmosphère sont les seules grandeurs mesurées continuellement pendant toute la descente de la sonde ; le radioaltimètre ne fournit qu'un seul signal, à 25 000 m du sol de la planète ; la composition chimique de l'atmosphère n'est mesurée que deux fois et au moyen de cartouches chimiques et de résistances électriques.

La teneur en oxygène est déduite une première fois de la combustion d'un filament de tungstène chauffé à 800 °C, puis de l'évaporation du phosphore ; le dosage du gaz carbonique découle de son absorption par de la potasse ; la présence d'eau est révélée par son éventuelle absorption par l'anhydride phosphorique, puis par le chlorure de calcium ; l'azote est dosé par du zirconium porté à 1 000 °C.

Dès le 3 mars 1966, Vénus 3 réussissait à atteindre le sol de la planète, mais, la température et la pression de l'atmosphère vénusienne ayant été sous-estimées, la sonde fut mise hors d'état d'accomplir sa mission. Le 18 octobre 1967, Vénus 4 put transmettre de précieuses informations sur la composition et les caractéristiques chimiques et physiques de l'atmosphère de Vénus. Malheureusement, il semble qu'une fois encore la fournaise vénusienne soit venue à bout des instruments avant même que la sonde ait pu atterrir.

De ce fait, les dernières mesures transmises concernent non pas le sol, mais la couche atmosphérique se trouvant à 18 000 m d'altitude.

Deux sondes de ce type, quoique très perfectionnées, ont été lancées le 5 et le 10 janvier 1969. Vénus 5 a pénétré dans l'atmosphère vénusienne le 16 mai à 7 h 1 mn, cette heure d'arrivée ayant été choisie avant même le départ — et respectée par l'engin après un voyage de plus de 350 millions de kilomètres ! — parce que la planète se trouvait alors au méridien du centre de télécommunications qui, en Crimée, devait recevoir les informations transmises par la sonde.

Descendant en parachute, la sonde, qui se trouvait alors à l'altitude de 36 000 m, a transmis des données pendant 53 minutes. Le lendemain, c'était au tour de Vénus 6 d'engager sa traversée de l'atmosphère vénusienne à 7 h 00 mn, et d'émettre des informations vers la Terre pendant 51 minutes avant d'atteindre le sol à 300 km de la sonde atterrie la veille.

Premiers résultats

Les informations transmises par les deux sondes ont confirmé le caractère inhospitalier de la planète sœur de la Terre, qu'une nature impitoyablement hostile rend impropre à toute velléité colonisatrice. L'atmosphère est constituée de gaz carbonique (de 93 à 97 %), avec de 2 à 5 % d'azote et moins de 0,4 % d'oxygène. Sa température est infernale : au sol — au moins aussi accidenté que celui de la Terre —, elle est de quelque 400 °C dans les hauteurs et d'environ 530 °C dans les dépressions profondes. La pression atmosphérique y serait respectivement de 60 et 140 atmosphères terrestres. Pour qu'un astronaute puisse la supporter, il lui faudra revêtir un scaphandre aussi résistant que... la coque d'un sous-marin. Rien d'étonnant à ce que, une fois encore, les deux Vénus de l'année aient été mises hors de service avant d'atteindre le sol.

Vers Mars

Nous voici donc bien loin de l'image que beaucoup d'astronomes se faisaient de Vénus il y a une trentaine d'années : un monde chaud et humide, à la végétation luxuriante, rappelant les conditions qui régnaient sur la Terre au carbonifère.