L'étude des pulsars serait alors d'une importance considérable et pourrait, sans doute, faire avancer les travaux des astrophysiciens qui s'efforcent de comprendre la naissance et l'évolution des étoiles.

Des molécules d'ammoniac dans les espaces interstellaires

Des astrophysiciens de Berkeley (USA) ont décelé de grandes quantités de molécules d'ammoniac dans un nuage de poussière interstellaire situé dans lu direction du centre de la Galaxie. C'est la première fois qu'une telle densité de matière à l'état moléculaire est observée dans l'espace interstellaire. Or, les théories récentes sur l'origine de la vie voient dans l'ammoniac le précurseur de la matière organique.

L'astronomie extra-terrestre

Deux expériences ont marqué, en 1968, la naissance de l'astronomie extraterrestre.

Les Soviétiques ont placé, le 19 avril, sur une orbite 261/496 km, inclinée à 48,5°, un satellite-observatoire muni de huit télescopes, lancé discrètement sous le nom de Cosmos 215. Les astronomes avaient choisi cette faible altitude afin d'éviter le bruit de fond qu'aurait pu engendrer la proximité des ceintures de radiations.

Ce Cosmos 215 — stabilisé selon ses trois axes avec un système d'amortissement magnétique — était porteur de miroirs de 70 mm ayant un champ de 1° pour étudier le rayonnement ultraviolet jusqu'à 1 225 Å de longueur d'onde (Å : angström, ou dix-millionième de millimètre). Un télescope était sensible au rayonnement X entre 0,5 et 5 Å. Deux photomètres grand angulaire, enfin, avaient pour mission d'étudier la couronne d'hydrogène neutre qui entoure la Terre. Ce satellite astronomique resta en service jusqu'au 8 juin. Il retomba au début de juillet dans les couches denses de l'atmosphère, sa vie active ayant permis 150 séances de liaisons avec la Terre.

Observatoire orbital

À Cap Kennedy, le 7 décembre, une fusée Atlas-Centaur a placé un satellite astronomique américain d'une très haute technicité sur une orbite quasi circulaire à 770 km, inclinée à 35°. Nommé OAO 2, ce satellite de 2 006 kg avait pour corps un prisme octogonal haut de 2,20 m et large de 1,28 m, l'énergie électrique étant produite par des ailes mesurant chacune 2 × 3,30 m. Le premier satellite de la série (OAO : Orbiting Astronomical Observatory) avait connu, en 1966, un échec retentissant : l'engin, qui avait coûté trois fois le prix de l'observatoire de Palomar, était, en effet, tombé en panne par suite d'un court-circuit, sans avoir pu pratiquement fonctionner.

Cette fois, toutes les précautions avaient été prises, les sécurités avaient été doublées. Le succès passa les espérances : les techniciens américains apprirent en quelques heures plus de choses qu'ils n'avaient pu le faire en quinze années de lancements de ballons, et, à certains égards, plus qu'en trois siècles d'astronomie traditionnelle.

Pouvoir effectuer des observations à partir de l'espace interplanétaire, c'est, en effet, une révolution. C'est le début de la véritable astronomie, dont l'histoire des sciences retiendra sans doute que, depuis Galilée, nous n'avions vécu que le prologue. Jusqu'ici, entre le ciel et les instruments avec lesquels les hommes tentaient de l'étudier, s'interposait une atmosphère parfois fort gênante, ne serait-ce que parce qu'elle est turbulente. Cela signifie que les ouvertures des instruments soit limitées à 5 ou 6 m. En tout état de cause, il serait impossible, depuis la surface de la Terre, de situer une étoile sur une carte du ciel avec une précision relative supérieure à 2 secondes d'arc, car, en raison de la turbulence, les images des étoiles s'agitent.

Depuis l'espace, cette précision relative ne connaît aucune limite autre que la stabilité du système d'observation. Sur les futurs OAO, on espère que la stabilité sera garantie à 1 seconde d'arc près et peut-être fera-t-on encore beaucoup mieux. Ainsi l'on commencera à dresser une carte cohérente du ciel.

L'astronomie de position

L'astrophysique est devenue la discipline la plus importante dans la connaissance de l'Univers, mais la vieille astronomie de position n'en continue pas moins son œuvre propre. C'est ainsi qu'elle a apporté des précisions nouvelles sur les distances et les dimensions des astres du système solaire. Mettant à profit le passage de Neptune devant une étoile très lumineuse, des observateurs japonais, australiens et néo-zélandais ont rectifié la valeur jusqu'ici attribuée à son diamètre ; il est de 50 000 km, c'est-à-dire plus qu'on ne l'estimait généralement. De leur côté, les Soviétiques ont publié les photographies de l'astéroide Icare prises fin juin 1968 à l'observatoire de Crimée, lorsque Icare, suivant son orbite excentrique, est passé au plus près de la Terre (6,5 millions de kilomètres). Sur ces images, obtenues grâce à un dispositif de télévision monté sur télescope, Icare apparaît comme un corps rond, mais de forme irrégulière. Cet aspect, déjà observé sur d'autres astéroïdes, suggère une origine fragmentaire et vient à l'appui de l'hypothèse suivant laquelle ces petites planètes dont les orbites sont pour la plupart comprises entre celles de Mars et de Jupiter, constituent les débris d'une grande planète qui, dans un lointain passé, a éclaté.

Univers en ultraviolet

Surtout, le grave défaut de notre atmosphère est de laisser passer seulement quelques radiations du spectre électromagnétique, essentiellement la bande visible, un peu d'infrarouge et deux bandes hertziennes. Pour le reste du spectre, l'atmosphère est opaque. Elle intercepte les rayonnements ultraviolets, X ou gamma. Ainsi l'astronomie se trouvait privée de très nombreuses informations, avec lesquelles elle aurait pu mieux connaître l'univers, ces informations étant parfois plus importantes que celles que porte la lumière visible.