Le dimanche après-midi, l'Invité du dimanche*, qui pouvait être un heureux mariage entre les variétés, le document et le magazine, reste irrégulier ; la valeur personnelle de l'invité décide de tout. À l'affiche du monde est une intéressante tentative de deux jeunes journalistes : Claude Fléouter et Christophe Izard. Il ne s'agit pas de présenter des variétés, mais plutôt des reportages sur les coulisses des variétés ; le Cinq Colonnes à la une du music-hall en quelque sorte. En décembre, Salves d'or, show d'Henri Salvador, bénéficie d'une audience exceptionnelle (80,6 %).

Discorama, qui poursuit une carrière discrète, intelligente et efficace, est devenu le banc d'essai de la qualité. Sacha show et la Piste aux étoiles continuent à satisfaire le public. À cheval entre les variétés et les sports, Télédimanche fête son dixième anniversaire le 2 février. Mais la formule s'essouffle.

Nouvelles speakerines

Au printemps 1969, deux nouvelles speakerines font leur apparition. Évelyne Dhéliat, vingt et un ans, les yeux verts, est l'épouse, depuis quatre ans, d'un publiciste et la maman d'une petite fille de dix-huit mois, Olivia. Elle parle couramment anglais et allemand, et fut choisie comme hôtesse du Congrès international de la télévision scolaire, ce qui devait la mener aux studios de la rue Cognacq-Jay.

Sylvette Cabrisseau. Martiniquaise, pratique l'équitation, la voile, le tennis et le parachutisme. Speakerine et animatrice de radio depuis trois ans à Fort-de-France, cette jeune fille de vingt-deux ans décida, en mai 1968, de venir passer ses vacances en France. Contrainte par les grèves à prolonger son séjour, elle a pris goût à la métropole et y est restée. Après quelques remplacements d'été à Radio-Luxembourg, elle anima à la télévision le jeu d'Armand Jammot le Premier des six et assura la présentation des programmes scolaires. Le 22 mars, elle apparaissait officiellement comme speakerine à la télévision française.

Théâtre et cinéma

L'absence d'une politique de programmes équilibrée renforce le public dans son goût pour ce que ne devrait pas être la télévision : le théâtre et le cinéma.

Rares sont les dramatiques dont la réalisation soit télévisuelle. La deuxième diffusion, dix ans après la création, de la Marie Stuart réalisée par Lorenzi amène plusieurs critiques à regretter que dans les émissions théâtrales actuelles il n'y ait plus ni recherche ni invention.

Quelques titres sont cependant à retenir : Don Juan revient de guerre*, avec Jean Rochefort ; la Séparation, de Maurice Cazeneuve, avec Charles Vanel (qui obtient le prix Albert-Ollivier) ; le Roi se meurt*, monté avec adresse et sensibilité par Odette Collet ; Du vent dans les branches de sassafras, avec l'incomparable Michel Simon ; Marie Walewska*, avec Roger Coggio dans le rôle de Napoléon.

Disparues en novembre, les Cinq Dernières Minutes recommencent une carrière régulière au printemps. Maigret, avec Jean Richard, ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme. Au théâtre ce soir remporte cette année encore la faveur de la majorité du public (la Locomotive, avec Popesco ; Azaïs, avec Jean Le Poulain et Jean-Pierre Darras ; le Congrès de Clermont-Ferrand, avec Pierre Destailles).

Souvent, le public prétend ne souhaiter que des films. En juin, alors que seul un film était présenté en soirée, un abondant courrier a été adressé à l'ORTF, réclamant la remise en place rapide d'émissions produites pour la télévision. Cependant, à dose normale, le film est un genre qui continue à plaire.

Les Dossiers de l'écran* (D'homme à hommes*, Capitaine sans loi*, Viva Zapatta*, De Mayerling à Sarajevo*, Marie Octobre*, le Renard du désert*, De la Maison-Blanche à Dallas*, Boulevard du Crépuscule*) intéressent toujours grâce au débat. Mais le film, trop souvent médiocre, n'est plus qu'un prétexte.

Les feuilletons (la Grande Vallée*, Valérie et l'aventure, les Incorruptibles, les Chevaliers du ciel, les Secrets de la mer Rouge*, Thibaud ou les Croisades, l'Homme du Picardie, Gorri le Diable, les Compagnons de Baal, le Fugitif*, Mannix) suscitent encore un certain intérêt, mais leur audience diminue d'année en année. L'engouement pour le feuilleton semble révolu.

L'année Napoléon

La grande opération de prestige de la saison porte sur le bicentenaire de la naissance de Napoléon. Roger Stéphane est chargé de la coordination de près de cinquante heures de programmes. Tout commence en avril avec un feuilleton hebdomadaire en 39 épisodes (Bonaparte tel qu'en lui-même), composé à l'aide d'images d'Épinal. Puis toutes les grandes séries consacrent un numéro spécial, voire plusieurs, à l'Empereur : Bonnes Adresses du passé, les Grandes Batailles, Portrait-souvenir, Eurêka... L'opération Napoléon se poursuivra tout au long de l'été et jusqu'à la fin de l'année.