Tous ont en commun trois points, qui, sans doute, seront les dénominateurs communs des villes de l'an 2000 :
– La suppression de la ségrégation. Plus de zones de travail, d'habitat ou de loisirs. Les zones, pour éviter les cités-dortoirs, les transports interminables, le manque d'aliments aux loisirs (en l'an 2000, les hommes ne devraient plus travailler que quatre à cinq heures par jour), se mêleront dans le même tissu urbain ;
– Les automobiles n'y circuleront plus. Enterrées dans des voies de circulation — catacombes — ou rejetées sur des boulevards périphériques, elles laisseront, en ville, la place aux piétons et à des moyens de transport collectifs, silencieux et ne dégageant pas de gaz nocifs ;
– L'habitat, enfin, y sera évolutif. Les constructions, où seules les arrivées d'électricité, de chauffage, d'eau, seront fixes, seront composées de cellules juxtaposables et transformables selon les besoins des habitants.

Il reste à savoir comment, des cités d'aujourd'hui, avec leurs contraintes : le prix du terrain et de la construction, les espaces utilisables et le poids du passé, on passera à ces cités radieuses de demain.

Réforme de l'enseignement
18 unités sont créées

Au printemps de 1969, l'École nationale supérieure des beaux-arts a rendu son dernier soupir en tant que seule école habilitée à décerner le diplôme d'architecte. Elle a été remplacée par 18 unités pédagogiques (13 en province, 5 à Paris) autonomes, et délivrant, chacune, un diplôme national. La durée des études y est fixée à six ans, par cycles de deux ans, chaque cycle étant sanctionné par un diplôme permettant à l'étudiant désireux de changer d'orientation de passer dans une autre discipline de l'enseignement supérieur. L'enseignement de l'architecture n'est cependant ni intégré ni même rattaché à l'Université ; il continue à dépendre des Affaires culturelles. Aucun programme de départ n'a été fixé à ces unités ; elles l'ont élaboré elles-mêmes, en cours d'année. Presque toutes semblent préconiser un premier cycle dispensant une culture de nature scientifique (mathématiques nouvelles, biologie, etc.), littéraire (culture générale, historique, sociologique) et économique, qui constituerait une sorte d'initiation aux sciences de l'environnement. Elle serait suivie de deux cycles de spécialisation (constructeurs, urbanistes, paysagistes, architectes d'intérieur, etc.) et d'expérimentation.

Nouvelle conception de la maison individuelle

La maison individuelle continue d'inspirer, cette année, les créateurs. Si toutes les manifestations qui se sont succédé, Arts ménagers, Foire de Paris, Construrama, etc., ont eu leur lot habituel de maisons traditionnelles ; on y a vu aussi, de plus en plus, des prototypes de constructions faisant appel à des matériaux nouveaux, composées d'éléments industrialisés, et conçues pour un nouveau mode de vie.

Maisons évolutives

Les bulles en plastique moulé d'Hausermann, la maison escargot de Guy Rothier, mettront sans doute un certain temps à s'imposer au public. D'autres propositions, en revanche, paraissent promises dès cette année au succès. Ainsi les deux types de maison évolutive présentés à Construrama, à Grenoble, puis à Eurodesign, à Nancy, par le designer Robert Anxionnat. L'une est octogonale, à structure d'acier ; l'autre, cubique, à toit en terrasse, construite en matériaux plus traditionnels, mais standardisés et industrialisés. Elles se montent en quelques jours, sans fondations particulières.

Salles de bains et cuisines viennent s'y intégrer sous forme de blocs prééquipés. Seul l'emplacement de ces équipements sanitaires est fixe, et par un jeu de cloisons montables sur vérins, c'est l'occupant qui décide, selon ses besoins, de la dimension et de l'implantation de chacune des pièces : salle de séjour, chambres, atelier, espace de jeux pour les enfants, etc.

Premier programme

La maison d'acier peut grandir par l'adjonction de cellules rattachées par un sas au bâtiment principal. La seconde croît par un système de cubes supplémentaires qui viennent s'y intégrer comme dans un jeu de construction. Prix de revient : 800 F environ au mètre carré, tout équipé, avec moquette, lave-vaisselle, etc. Logeco a déjà adopté ces constructions pour la réalisation d'un programme de 600 logements dans la région nancéienne.

L'esthétique à l'usine

Cours de mâchefer semées d'herbes faméliques, cheminées noires, murs gris, vitres passées au bleu défense passive ; de Zola à nos jours, le paysage industriel n'avait guère changé. Puis la grâce de l'esthétique a touché quelques PDG, et insensiblement l'univers des usines se modifie. On découvre tout à la fois la lumière, les couleurs, les espaces verts, et, parfois même, les audaces de l'art contemporain. Première réalisation : à Fontenay-le-Comte (Vendée), construction d'une usine œuvre d'art, commande au peintre Georges Mathieu.