Contrairement à Lyndon Johnson, qui se satisfaisait souvent de gestes spectaculaires, le nouveau président n'est cependant pas favorable à un sommet américano-soviétique dans l'immédiat. Pour lui, une telle rencontre doit être soigneusement préparée pour ne pas soulever de vains espoirs. La négociation ne doit pas, d'autre part, porter uniquement sur la limitation des armes nucléaires, mais sur l'ensemble des problèmes internationaux du moment.

Sirhan Sirhan

Sirhan Bishara Sirhan, l'assassin du sénateur Robert Kennedy, est jugé sur les lieux de son crime, à Los Angeles. Alors que la responsabilité de Sirhan ne fait aucun doute — de multiples témoins l'ont vu tirer sur le sénateur Robert Kennedy, le 5 juin 1968, à l'hôtel Ambassador —, on assiste à un procès fleuve. Commencé le 7 janvier 1969, ce procès se termine le 23 avril suivant par la condamnation à mort de l'accusé. Tous les débats ont tourné autour du degré de la responsabilité de Sirhan a-t-il agi avec préméditation ou non ? La peine recommandée par les jurés prouve qu'ils ont retenu la préméditation, même si, durant tout le procès, l'aspect politique de l'affaire est laissé de côté (Sirhan, un émigré palestinien, a toujours affirmé qu'il a tué Robert Kennedy parce que ce dernier soutenait inconditionnellement Israël). En dépit de sa condamnation, S. Sirhan a de bonnes chances de n'être jamais exécuté. Les procédures d'appel dont il dispose sont nombreuses et la peine de mort est de moins en moins appliquée aux USA.

L'affaire de l'avion espion EC 121

L'Union soviétique a l'occasion de donner une preuve de sa bonne volonté quand éclate l'affaire de l'EC 121, cet avion espion américain abattu par la chasse nord-coréenne au début du mois d'avril. Plusieurs bâtiments russes participent aux recherches de l'épave, en compagnie de navires américains. Aucun survivant de l'équipage de trente et un membres n'est retrouvé.

Le président réagit avec sang-froid à la destruction de l'avion espion, qui n'a jamais, dit-il, violé l'espace aérien nord-coréen. Il n'ordonne aucunes représailles, mais n'arrête pas pour autant les vols de reconnaissance : les missions se poursuivent sous la protection d'une importante force navale et aérienne.

Le réseau antimissiles « Sauvegarde »

Avant de quitter la Maison-Blanche, le président Johnson avait fini par accepter — en partie contre son gré — la mise en place d'un réseau de missiles antimissiles mince (coût : entre 5 et 7 milliards de dollars). Cette décision avait soulevé un tollé non seulement dans les milieux libéraux, mais aussi parmi la plupart des experts scientifiques, qui estiment qu'il est impossible de mettre au point un réseau parfaitement étanche. Vu les ravages effectués par un seul engin nucléaire, tout réseau perd donc sa raison d'être ; qui plus est, son installation se fait au détriment des besoins sociaux de la nation.

Finalement, Nixon n'accepte pas ces arguments : le 15 mars 1969, il annonce que le réseau Sentinelle, rebaptisé Sauvegarde, sera construit à un coût légèrement moindre. Pour tenir compte des protestations de nombreux parlementaires, il précise que les antimissiles ne seront pas installés à proximité des grandes villes (les citadins craignent qu'une telle mesure, sans les protéger efficacement, les désigne aux premiers coups d'un éventuel agresseur), mais autour des silos abritant les missiles intercontinentaux américains.

Cet allégement du programme initial ne suffit pas à faire taire les critiques, bien au contraire. Au premier rang de ceux-ci, le sénateur Edward Kennedy — qui s'est imposé, au mois de janvier, comme leader virtuel des démocrates en se faisant élire chef adjoint de la majorité au Sénat —, le sénateur Fulbright, sévère censeur de la politique vietnamienne de Johnson et président de la puissante commission des Affaires étrangères. Des républicains participent aussi à la campagne contre les antimissiles : les sénateurs Percy (Illinois) et Cooper (Kentucky), et même d'anciens conseillers scientifiques d'Eisenhower.