Amérique

Canada

20 772 000. 2. 1,9 %.
Économie. PNB (66) 2 660. Production (66) : A 7 % + I 39 % + S 54 %. Consomm. énergie (*66) : 7 878 kg e.c.
Transports. (*66) : 4 164 M pass./km, 138 840 M t/km. (*66) : 5 499 500 + 1 427 800.  : 2 306 000 tjb. (*66) : 8 976 251 000 pass./km.
Information. (65) : 115 quotidiens ; tirage global : 4 271 000. (66) : *12 M. (66) : *5 700 000. (65) : 653 000 fauteuils ; fréquentation : 99,9 M. (66) : 7 893 000.
Santé (66). 23 990 . Mté inf. (66) : 23,1.
Éducation (65). Prim. : 3 566 019. Sec. et techn. : 1 332 415. Sup. : 323 625.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Daniel Roland Michener. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.

Le désenchantement après l'enthousiasme

Après l'enthousiasme, un certain désenchantement : tel est le sentiment qui prévaut au Canada un an après l'arrivée au pouvoir de Pierre Elliott Trudeau, le jeune Premier ministre de la Confédération.

Ce désenchantement est surtout perceptible parmi la population anglophone, dont une bonne partie comptait sur un Premier ministre francophone pour faire rentrer le Québec dans le rang. Tout en décevant les anglophones, Trudeau ne s'est pas pour autant gagné les faveurs des Québécois, dont bon nombre lui reprochent sa politique favorable à l'unité canadienne.

Les divergences fondamentales

La déception causée par Trudeau auprès des anglophones est à la dimension des espoirs qu'il avait soulevés durant la campagne législative de juin 1968. Après un an d'exercice du pouvoir, il est en effet évident que le problème québécois reste le problème numéro 1 du Canada et que le Premier ministre libéral est loin de l'avoir résolu.

Aucune des parties en présence n'a abaissé ses prétentions : la province francophone, qui se considère toujours comme le foyer national des Canadiens français, continue à concevoir le Canada comme étant formé de deux nations bien distinctes (française et anglaise), alors que le Premier ministre affirme toujours que le pays est formé de dix provinces égales, dont il se trouve qu'une est francophone.

La conséquence de ces divergences fondamentales : Trudeau (qui se dit bien décidé à lutter contre les injustices dont souffrent encore les francophones) raisonne en termes de droit individuel, alors que les dirigeants du Québec raisonnent en termes de droit collectif et sont conduits à réclamer un statut particulier pour le Québec à l'intérieur de la Confédération.

L'accord de toutes les provinces

La position du Premier ministre est devenue d'autant plus difficile que la relative bonne volonté dont avaient semblé faire preuve les anglophones à l'égard de sa politique visant à instaurer un véritable bilinguisme dans tout le Canada s'est évanouie.

Ce durcissement d'une partie de l'opinion publique anglophone est nettement sensible en février 1969, lors de la conférence fédérale-provinciale qui réunit à Ottawa les dix Premiers ministres provinciaux et Pierre Elliott Trudeau. C'est un dialogue de sourds qu'ont engagé à cette occasion les Québécois et leurs partenaires anglophones, ces derniers ne parvenant pas à envisager une refonte radicale de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique — nom de l'actuelle Constitution — ou ne le voulant pas.

L'hostilité des anglophones aux thèses du Québec comme à celles du Premier ministre fédéral est particulièrement vive dans les provinces de l'Ouest (Colombie britannique, Saskatchewan, Alberta), traditionnellement tournées vers les États-Unis.

Or, la politique de justice dans l'unité de Pierre Elliott Trudeau n'est réalisable qu'avec l'accord de toutes les provinces. La réforme fondamentale qu'elle prévoit est la création de districts réellement bilingues partout où la population francophone atteint ou dépasse 10 % de la population totale. Par district bilingue, le gouvernement entend que les autorités doivent offrir dans ces districts tous les services publics (enseignement, justice, administration, etc.) dans les deux langues officielles du pays. Une telle réforme exige non seulement un surplus de dépenses, mais aussi une bonne volonté qui n'est pas encore évidente.

Le successeur de Daniel Johnson

La conférence fédérale-provinciale de février 1969 n'a pas été la seule occasion de heurts entre Québec et Ottawa.