Au pouvoir depuis douze années, président de la République du Mali depuis l'accession de ce pays à l'indépendance en 1960, Modibo Keita est renversé, le 19 novembre 1968, par une junte militaire, conduite par le lieutenant Moussa Traoré. Un gouvernement est constitué sous la présidence du capitaine Yoro Diakite, avec le concours des principaux négociateurs des accords franco-maliens conclus en février 1967. Arrêté, l'ancien président Keita est placé en résidence surveillée dans le nord du pays. Les nouveaux dirigeants lancent un appel aux capitaux étrangers et promettent des élections pour fin 1969.

L'éviction de M. Keita, accueillie avec satisfaction dans les États africains modérés, s'explique d'abord par la volonté des officiers maliens de mettre un terme aux exactions des miliciens, police du parti unique. Il faut y ajouter le souci d'ordre et d'efficacité de ces jeunes cadres qui refusaient d'assister en spectateurs à la dégradation lente et continue de l'économie malienne. Enfin, il ne faut pas sous-estimer l'impopularité d'un régime autoritaire et l'attrait qu'exerçait l'expérience économique libérale des pays voisins, notamment la Côte-d'Ivoire.

Les querelles intestines qui divisaient et affaiblissaient l'Union soudanaise ont empêché les militants de s'opposer efficacement aux putschistes. Le coup d'État n'a rencontré aucune résistance. Le succès des conjurés a été accueilli par des explosions de joie populaire. Seuls quelques lycéens essayèrent de manifester en faveur de Keita.

L'élimination de M. Keita s'est traduite par une libéralisation du régime malien et par un rapprochement entre les dirigeants de Bamako et la France, d'une part, entre le nouveau gouvernement malien et les États modérés de l'Ouest africain francophone, d'autre part.

Maroc

14 580 000. 31. 2,7 %.
Économie. PNB (65) 196. Production (65) : A 32 % + I 27 % + S 40 %. Consomm. énergie (*66) : 174 kg e.c.
Transports. (*66) : 449 M pass./km, 2 216 M t/km. (*66) : 168 600 + 68 000.  : 65 000 tjb. (*66) : 238 410 000 pass./km.
Information. (63) : 10 quotidiens ; tirage : 220 000 sur 8 quotidiens. (66) : *748 000. (66) : 36 000. (64) : fréquentation : *19,4 M. (66) : 143 074.
Santé (65) : 1 099 .
Éducation (65). Prim. : 1 124 078. Sec. et techn. : 184 927. Sup. : 8 535.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1962. Souverain : roi Hassan II, qui succède, le 3 mars 1961, à son père Mohammed V, décédé. Premier ministre : Mohammed Benhima.

Hassan assure ses positions

Stabilité à l'intérieur et certains succès diplomatiques à l'extérieur ont marqué la quatrième année du pouvoir personnalisé du roi Hassan II. Alliant la fermeté à la souplesse, le jeune souverain a pu résister, sans mal, aux pressions des partis et de certains secteurs de la population urbaine — ouvriers et étudiants notamment —, qui revendiquent la fin de l'état d'urgence instauré en 1965 et l'élection d'une assemblée qui établirait une constitution fondée sur la souveraineté du peuple.

Un certain libéralisme

Les résolutions adoptées dans ce sens par l'Union nationale des étudiants marocains (UNEM), le 30 juillet 1968, sont restées sans effet. Elles ont été néanmoins partiellement à l'origine de l'agitation qui s'est manifestée dans les lycées et dans les universités au cours de l'automne 1968 et jusqu'au début de l'été 1969.

Le roi a tout autant fait la sourde oreille à l'appel lancé par l'Union nationale des forces populaires (UNFP), qui, à la mi-octobre 1968, se déclarait prête à « prendre ses responsabilités dans une atmosphère de confiance », tout en demandant la libération de ses militants et le rétablissement de toutes les libertés. Ce parti progressiste s'est abstenu de passer à l'action directe, mais a accru son potentiel d'influence en mettant un terme à la querelle qui le séparait de la puissante centrale syndicale, l'Union marocaine du travail (UMT), dirigée par Mahjoub ben Seddik.