L'installation, les années précédentes, de la CSF et du Matériel magnétique à Brest, du CNET, entre autres firmes, à Lannion, constituait la première phase d'un plan d'ensemble. Poursuivi par les mesures prises pour l'installation du CELAR (Centre électronique de l'armement), chargé à la fois de contrôler le matériel électronique de l'industrie et de mettre en train un certain nombre d'études dans des domaines particuliers : guerre électronique, composants électroniques, matériels électroniques spéciaux, etc.

Cette orientation a pris un caractère définitif, en décembre 1967, quand fut décidé le transfert à Rennes de trois grandes écoles : l'École supérieure technique des transmissions de l'armée de terre, l'École supérieure d'électricité, dont les secteurs « radar-espace », « électronique-physique » et « métrologie-capteur-télécommande » ont été installés dès 1968 à Rennes, et l'École nationale supérieure de télécommunications. L'installation de l'ensemble de leurs sections serait terminée en 1970.

C'est à la fois pour souligner l'essor de la ville de Rennes et les perspectives qui lui sont ouvertes que le prix 1967 de l'Expansion régionale lui a été attribué.

Autre réalisation dans le domaine de la recherche, la mise en activité, début 1968, du complexe océanographique de Brest précise encore l'image nouvelle de la Bretagne.

L'agriculture inadaptée

L'action des pouvoirs publics, en 1967-68, s'est également orientée dans trois autres directions, avec un succès très inégal.

L'agriculture bretonne éprouve de grandes difficultés à s'adapter à l'évolution actuelle, et d'abord aux tendances de la consommation. Elle n'en conserve pas moins toutes ses chances dans un pari de rattrapage.

C'est dans cet esprit que la Bretagne a été classée zone d'économie rurale dominante, devant bénéficier des actions de rénovation. Une Commission à l'action rurale et à la reconversion a été créée par le décret du 16 novembre 1967. À sa tête, Jacques Ferret, chargé jusqu'alors des questions économiques et d'aménagement à la préfecture régionale du Languedoc-Roussillon.

Les syndicats d'exploitants agricoles bretons restent sceptiques sur les résultats de cette action. En fait, leur attitude est surtout fondée sur une opposition à la politique agricole commune définie à Bruxelles.

L'effort d'industrialisation a été poursuivi. En 1967, des primes d'équipement spéciales, pouvant aller jusqu'à 40 % des investissements, étaient offertes aux industriels qui accepteraient de s'installer dans les zones de Brest et de Lorient. Les résultats n'ont pas revêtu l'ampleur escomptée.

L'industrialisation

La conversion des Forges d'Hennebont soulève, elle aussi, de graves difficultés. La main-d'œuvre était, semble-t-il, relativement surclassée, ce qui freine son intégration dans d'autres entreprises. Tout le département du Morbihan est dominé par ce problème, rendu plus aigu encore par l'arrivée d'une classe importante de jeunes sur le marché de l'emploi.

La réussite des implantations nouvelles et leur extension corrigent sensiblement ce bilan peu favorable. Michelin, à Vannes, a créé début 1968 plusieurs centaines d'emplois. Le Joint français, à Saint-Brieuc, s'étend et crée 200 emplois. Fairchild, à Rennes, atteignait près de 1 000 salariés à la fin de 1967, tandis que l'installation de la Société parisienne de lingerie indémaillable à Rennes permettait la création de 500 emplois nouveaux.

Le cadre maritime

Les conditions naturelles de Brest lui permettent de se poser en candidat sérieux pour le port pétrolier relais, décidé dans le cadre du Ve plan. Chambre de commerce et mairie en ont fait, cette année, un élément essentiel de leurs revendications.

Le développement exceptionnel de la navigation de plaisance donne une chance unique aux ports de Bretagne, à ceux du Finistère en particulier. L'année 1967-68 aura vu la réalisation ou la mise en chantier de ports de plaisance à La Forêt-Fouesnant, Douarnenez, Saint-Pol-de-Léon, Saint-Servan... Ces équipements permettront d'accuser la vocation touristique de la Bretagne, tout comme le Parc régional d'Armorique, dont la réalisation constituera une expérience modèle.

Pays de la Loire

L'appellation même de cette région, sans racine historique ni géographique, souligne son aspect arbitraire. À l'heure du découpage, il fallait bien rassembler des départements qui n'avaient pas été intégrés ailleurs ; le pays de la Loire est ainsi né.