Quant à notre commerce avec les pays et territoires de la zone franc, les importations (7 509 millions) et les exportations (7 799 millions) n'ont figuré respectivement que pour 12,3 et 13,9 % dans l'ensemble des importations et exportations nationales. Ces parts, en pourcentage de nos approvisionnements et fournitures dans la zone, ne cessent de décroître d'année en année. Les principales raisons de cette évolution en 1967 résident dans la diminution marquée des mouvements de marchandises dans les deux sens, surtout avec l'Algérie, la Tunisie et le Sénégal, et de nos achats au Maroc.

En définitive, entre 1966 et 1967, on enregistre, avec les pays hors zone franc, une augmentation des importations de 6 % et des exportations de 4,6 %, ce dernier taux de croissance étant, sur la base des valeurs courantes, le plus bas enregistré depuis une décennie. Avec la zone franc, les importations ont baissé de 3,5 %, tandis que les exportations se sont accrues du même taux.

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Le solde débiteur apparent avec les pays étrangers a été supérieur de près de 20 % à ce qu'il était en 1966, passant de 4 466 à 5 343 millions de francs. C'est la crise allemande qui a pesé le plus lourdement dans ce déficit, en touchant de plein fouet le courant majeur de nos ventes. Et cela dans la plupart des secteurs, sauf rares exceptions (automobile, chimie, matériel de précision ou matériel électrique).

Le solde négatif de la balance commerciale avec l'Allemagne fédérale a atteint le niveau record de 2 705 millions, soit presque le triple de ce qu'il était un an auparavant. C'est plus de la moitié du solde négatif global sur l'étranger. Si, en 1967, nos exportations vers l'Allemagne s'étaient au moins maintenues à leur étiage de 1966, la progression de nos ventes toutes zones aurait été de 5,6 (au lieu de 4,5 %).

Insuffisance patente

Si l'on fait abstraction de nos livraisons outre-Rhin, on s'aperçoit que le pourcentage d'augmentation de nos exportations vers tous les autres pays est globalement de l'ordre de 7 %.

De surcroît, pour compenser la dépression sévissant sur leur marché national, les entreprises allemandes ont appuyé sur l'exportation. En livrant à la France 10 % de plus qu'en 1966, les Allemands ont pris 20,3 % du marché d'importation français.

Le déficit persistant sur les États-Unis s'est alourdi (2 746 millions de francs). N'y avoir, en 1967, accru nos ventes que de 0,6 %, n'avoir participé que pour 2,6 % à peine dans les importations américaines, cela témoigne d'une insuffisance patente des exportateurs français.

Enfin, pour la première fois depuis l'après-guerre, la balance a été déficitaire de 133 millions avec l'Union économique belgo-luxembourgeoise. Nos exportations ont été quelque peu stagnantes (+ 2,3 % seulement), et nos importations ont fait un sérieux bond en avant (+ 11,9 %).

Le paradoxe anglais

S'il existe d'autres sujets d'insatisfaction (par exemple, l'extension du solde débiteur avec les Pays-Bas, la modestie de l'avance de nos exportations vers la Suisse, la difficulté d'atteindre le niveau 1966 des ventes à destination de l'Espagne ou de l'Autriche), il y a malgré tout des motifs de satisfaction.

Le plus paradoxal, si l'on sait dans quelle mauvaise passe économique se débat le Royaume-Uni depuis quelques années, se situe à l'endroit de ce pays.

Nos exportations outre-Manche ont fait un spectaculaire saut en avant de près de 17 %, grâce à l'intensification des livraisons de produits pétroliers, produits agricoles et alimentaires, produits sidérurgiques, moteurs d'avions, biens d'équipement ou de consommation. Pour la première fois depuis 1961, la balance commerciale est devenue pratiquement excédentaire pour la France, passée 5e fournisseur de la Grande-Bretagne.

D'appréciables, voire de brillants résultats à l'exportation sont intervenus en direction d'autres pays d'Europe occidentale : Italie (+ 17 %), Pays-Bas (+ 9 %), Suède (+ 10 %), Grèce et Norvège (+ 21 %), Yougoslavie (+ 53 %). De même vers certains pays du continent africain : Côte-d'Ivoire (où, à Abidjan, devait se dérouler en février 1968 une importante Semaine technique française, + 18 %), République d'Afrique du Sud (+ 12 %), Cameroun (+ 19 %). Également encore sur le Canada (+ 9 %), avec lequel nous avons enregistré pour la première fois un excédent commercial de 50 millions.