Ce genre d'opération tend d'ailleurs à devenir la règle pour chaque marché important, et les Français semblent bien placés pour associer effectivement des pays étrangers au développement, et non à la simple fabrication de matériel de pointe.

Deux nouveaux avions militaires ont vu le jour. L'un est le Mirage G à flèche variable, qui a effectué son premier vol, à Istres, le 18 novembre 1967. L'appareil a rapidement dépassé mach 2, et le chef d'état-major de l'Air a précisé qu'un dérivé bi-réacteur du Mirage G était envisagé pour 1972-1975.

L'autre est le Jaguar, destiné à l'école de combat et à l'appui tactique, qui a été commandé à 400 exemplaires, le 9 janvier 1968, par les gouvernements français et britannique. Cet appareil, dont cinq versions ont été déjà annoncées, a commencé ses essais en juin. Il entrera en service en 1971-72 et sera le cheval de bataille des exportations des années à venir. Ses moteurs sont également construits en coopération (Rolls-Royce et Turbomeca). Par contre, le projet d'avion franco-britannique à géométrie variable a été abandonné officiellement.

Concurrence acharnée

Dans le domaine de l'aviation civile. Concorde et Airbus sont restés au centre des préoccupations des ministères de tutelle. À Toulouse, le prototype no 1 de l'avion de transport supersonique est sorti d'usine le 11 décembre 1967, mais ses essais préliminaires au sol, plus longs que prévus, se sont poursuivis durant tout le premier semestre 1968.

Concorde doit commencer ses essais en vol à l'automne, à peu près en même temps que le prototype no 2, assemblé en Grande-Bretagne. La certification de l'avion reste prévue pour la mi-71. Concorde s'est encore alourdi : il pèsera, en série, plus de 170 t, avec 132 passagers transportables sur l'Atlantique Nord.

Le projet d'Airbus européen (A-300) a été étudié en détail avant que les gouvernements allemand, britannique et français se décident, au milieu de l'année, à lancer définitivement l'opération. Les grandes lignes de l'avion sont restées inchangées, ainsi que son but : le transport ultra-économique de 250 à 300 passagers sur des étapes de 200 à 2 200 km. Son poids total est passé de 120 à 135/140 t, tandis que la poussée unitaire demandée aux deux moteurs Rolls-Royce (RB-207), étudiés spécialement pour lui, passait à 25 t.

Face aux futurs Airbus américains, beaucoup plus lourds, car étudiés pour des étapes moyennes deux fois plus longues, le projet A-300 reste mieux adapté aux besoins européens et à ceux de nombreuses compagnies étrangères. Néanmoins, on prévoit déjà une concurrence acharnée entre le A-300 et les Lockheed 1011 ou Douglas DC-10.

Avions d'affaires

La chaîne des Caravelle a continué à tourner au ralenti (elle sera sans doute arrêtée en 1969, au 270e appareil) ; en revanche, celle du petit biréacteur d'affaires Fan let Falcon (ex-Mystère 20) fonctionne à cadence élevée (7 avions par mois) chez Dassault et Sud-Aviation.

L'appareil a bénéficié de quelques améliorations, et son utilisation commence, après les États-Unis, à se répandre aussi en Europe. Une version allongée est à l'étude.

Dassault pense à conquérir une nouvelle tranche de marché, et a lancé la fabrication d'un prototype de l'Hirondelle, biturbopropulseur deux fois plus léger que le Mystère 20, moins rapide (500 km/h, contre 800), mais plus économique et capable de se poser sur tous les terrains. L'Hirondelle volera à la fin de l'automne et aura un marché aussi bien civil que militaire.

Sud-Aviation et Nord-Aviation, de leur côté, ont lancé l'étude du SN-600, petit biréacteur qui sera concurrent de l'Hirondelle. Le secteur privé et le secteur nationalisé de l'industrie aéronautique s'affronteront ainsi très directement.

Nord-Aviation a livré son cinquantième petit biréacteur Nord 262, et sort chaque mois un avion cargo militaire type Transall, construit en coopération avec l'industrie allemande.

Liaisons intervilles

Le Nord 500, avion expérimental à rotors basculants, a commencé ses premiers vols à Villaroche ; il préfigure une nouvelle famille d'avions à décollage vertical, capable de se translater horizontalement aussi rapidement qu'un avion moderne.