La position sur le marché de la nouvelle marque de carburant ELF, lancée en 1967, signale la place croissante prise dans l'industrie pétrolière française par le groupe ERAP, à capitaux d'État majoritaires.

À partir des entreprises créées depuis vingt ans par l'État pour développer la recherche du pétrole brut, notamment au Sahara, le groupe ELF-ERAP se développe rapidement sur le modèle des grandes compagnies internationales, intégrant toutes les activités pétrolières : recherche, production, transport, raffinage, distribution, chimie.

Le gaz naturel

Vers la fin de 1968, les gisements de gaz naturel de Meillon et de Saint-Faust, découverts en 1967, seront mis en exploitation. Leur capacité fait plus que compenser les quantités de gaz extraites du gisement de Lacq depuis l'origine de son exploitation, 60 milliards de mètres cubes.

Le gaz naturel importé du gisement de Groningue (Pays-Bas) a atteint Paris en octobre 1967. La construction des canalisations pour la distribution de ce gaz se poursuit vers Lille, Amiens et Nancy.

Vers 1974, la France consommera 5 milliards de mètres cubes par an de gaz néerlandais. Enfin, un accord conclu en juin 1967 avec l'Algérie prévoit l'importation en France de 3,5 milliards de mètres cubes par an de gaz du Sahara à partir de 1970.

Ce gaz sera transporté sous forme liquide, selon la technique expérimentée par le Jules-Verne, et distribué à partir du Havre et de Marseille.

L'électricité

Le courant électrique est une forme d'utilisation de l'énergie qui peut provenir de toutes les sources d'énergie primaires. Longtemps, en France, l'électricité a été fournie à peu près à égalité par la houille noire et la houille blanche. Comme les barrages coûtent cher et que la plupart des sites intéressants sont déjà équipés, depuis quelques années, tout en continuant à progresser, l'électricité hydraulique perd de son importance devant l'électricité thermique.

Les sources de l'électricité produite se sont réparties ainsi en 1967 : charbon 42 %, hydraulique 40 %, fuel oil 11 %, gaz naturel 3,5 %, énergie atomique 2,5 %.

L'évolution doit se poursuivre dans le même sens : si l'on considère les investissements récents achevés ou programmés par l'Électricité de France, on voit qu'ils concernent pour environ 50 % des installations thermiques (charbon et fuel), pour 25 % des installations hydrauliques et pour 25 % des installations nucléaires.

Parmi les sources nouvelles, il faut mentionner la centrale marémotrice de la Rance, mise en service en 1967 (Journal de l'année 66-67). Malgré le brio de l'étude théorique et son apparence séduisante sur le plan économique, puisqu'elle ne consomme rien, il ne semble pas que ce type de centrales puisse tenir une place importante dans la production d'électricité : les sites susceptibles d'en être équipés sont rares et les investissements encore trop considérables.

L'avenir, c'est l'énergie nucléaire, dont il paraît désormais assuré qu'elle a franchi, au moins sur le papier, le seuil de la compétitivité face à toutes les autres énergies primaires.

Mais son développement industriel reste suspendu à des choix difficiles. Les centrales nucléaires de la génération actuelle présentent plusieurs variantes. L'Électricité de France, responsable du programme civil français, en est encore au stade des prototypes et a misé sur les différents tableaux : filière française à Chinon et à Saint-Laurent-des-Eaux, filière américaine à Chooz (avec les Belges), eau lourde à Brennilis (EL-4).

Mais ces différentes directions ont donné lieu à de sérieux mécomptes. À peine mise en service au début de 1967, la première centrale de taille réellement industrielle (480 MW) de Chinon, EDF 3, a subi trois avaries graves, qui ne sont totalement réparées que depuis octobre 1967. En février 1968, c'est la centrale de Chooz (260 MW), puis celle de Brennilis (80 MW) qui, à leur tour, devaient être stoppées.

On est donc encore loin, avec l'atome, d'une exploitation commerciale. Les Américains eux-mêmes ont des difficultés avec leur formule. Au moment où il deviendra nécessaire de passer du prototype à la fabrication en série, quelle filière choisir ?