Journal de l'année Édition 1968 1968Éd. 1968

Philatélie

Trois événements ont marqué l'année philatélique.

D'abord, la publication du sondage effectué par l'Institut français d'opinion publique, à la demande du ministère des PTT, pour connaître « l'importance et les caractéristiques socio-démographiques de la population des philatélistes français ».

Ce sondage révèle qu'il existe parmi les Français âgés de plus de onze ans 3200 000 philatélistes dont 900 000 vrais collectionneurs. Ces deux chiffres ont surpris ; les vrais collectionneurs estimaient qu'ils devaient atteindre à peine le demi-million.

Deuxième événement : l'arrêt presque brutal de la progression des cotes. Bon an mal an, les principaux catalogues, chaque année, laissaient apparaître une majoration sensible de la valeur des timbres. L'augmentation de la collection mondiale atteignait de 10 à 15 %, mais, pour les timbres français, le pourcentage était souvent plus élevé encore. Les catalogues 1968 se sont montrés nettement moins... généreux. Celui d'Yvert et Tellier a même abandonné la majorité des vignettes françaises à leur cote de l'année précédente.

Pourquoi ce coup de frein ? Il est dirigé, dit-on, contre les spéculateurs qui, devant la montée constante de la valeur des bons timbres, déréglaient le marché. Après avoir acquis puis stocké les lots intéressants, ils ne les remettaient en circulation qu'au compte-gouttes, provoquant ainsi une surcote, dont ils demeuraient les seuls bénéficiaires. Le blocage doit les inciter à ne plus conserver des pièces dont le prix en principe risque de ne plus bouger pendant plusieurs années.

Troisième événement ; d'automnale, l'émission EUROPA est devenue printanière. Son exposition s'est tenue à Paris du 27 au 29 avril et elle a connu un grand succès.

Discréditées par la spéculation et par les émissions annexes (on a vu des séries EUROPA de l'île d'Herm, de Lundy, de la Roumanie libre... et le Paraguay a eu, en 1961 et en 1962, un timbre EUROPA !), les vignettes européennes ont marqué longtemps le pas. Elles sont, semble-t-il, reparties du bon pied.

Le sujet choisi pour l'exposition était, cette année, la philatélie thématique. Ce choix confirmait l'orientation suivie désormais par les philatélistes du monde entier.

Dans le programme 1968 annoncé par les PTT, le timbre de 0,40 F commémorait avec, d'ailleurs, un an de retard, le 150e anniversaire de la naissance de Pierre Larousse. Il a été émis hors série sans que personne ne puisse expliquer pourquoi il n'a pas été placé dans la galerie des Hommes célèbres avec Desaix, François Couperin, Saint-Pol Roux et Claudel.

Le programme 1968 comprenait 36 timbres (dont douze avec surtaxe), mais tout collectionneur savait déjà quand on le présenta qu'il serait dépassé, comme il l'est chaque année. À noter que les jeux Olympiques d'hiver ont été prétexte à une série finement gravée (malgré une Flamme par trop flamboyante), mais qui accusait pour cinq timbres une valeur de 4 F.

À noter enfin le Grand Prix de l'Art philatélique 1967, décerné lors du Salon philatélique d'automne, attribué à un humble timbre de petit format et de série courante, puisqu'il s'agit du 25 c. République dessiné par Cheffer et gravé par Durrens. Une information donnée par le Daily Sketch a fait rêver les philatélistes du monde entier : le milliardaire américain propriétaire du timbre le plus rare et le plus cher du monde (il s'agit du Un cent 1856 de la Guyane britannique qui n'existe qu'à un seul exemplaire) avait décidé de le vendre aux enchères.

Il l'avait acheté en 1940 pour 210 000 francs et il espérait en tirer 2 800 000 francs ! Le 30 juin, la vente mirifique n'avait pas encore eu lieu. En revanche, un collectionneur célèbre a bel et bien dispersé ses pièces en expliquant qu'il avait désormais trop mauvaise vue pour prendre plaisir à contempler ses timbres. Le maréchal Montgomery s'est séparé de sa collection en commençant par les deux albums qui lui avaient été offerts par Mao Tsé-toung et Khrouchtchev.