Pêche et chasse

Repeuplement des rivières et des campagnes

À partir du 1er janvier 1968, les pêcheurs français, qui sont au nombre de quelque 3 millions, ont été obligés de payer un peu plus cher pour satisfaire leur plaisir de prendre du poisson d'eau douce : dans les rivières de la première catégorie (celles où les salmonidés sont en nombre dominant), ils ont continué à payer d'abord 4 F pour le timbre de la taxe piscicole de base, mais, en plus, ils ont dû acquitter le timbre taxe lancer de 8 F.

Dans les cours d'eau de la deuxième catégorie (ceux où les salmonidés sont en minorité), ils doivent désormais coller ces deux timbres sur leur carte de membre d'une association de pêche et de pisciculture agréée par le ministère de l'Agriculture, pour avoir le droit de capturer les poissons carnivores : brochet, perche, black-bass, sandre, etc.

Opposition aux projets

Cette augmentation de l'assiette de la taxe piscicole va permettre tout juste au Conseil supérieur de la pêche de continuer à payer ses gardes, ses travaux et son réempoissonnement.

Il ne faut pas oublier que le produit de la taxe piscicole — 22 584 549 F en 1967 — est intégralement restitué aux pêcheurs sous la forme de l'entretien du domaine piscicole, moins les frais de gestion du Conseil supérieur de la pêche. À ce propos, on notera que le ministère des Finances semble s'intéresser de plus en plus à cette taxe parafiscale. Un contrôleur a été spécialement nommé, en 1968, qui est chargé d'éplucher très attentivement les comptes du Conseil supérieur de la pêche et qui s'oppose assez régulièrement aux projets de ce dernier.

Devant cette attitude des ministères de gestion du Conseil supérieur de la pêche, les pêcheurs, qui tiennent farouchement à leur taxe et qui craignent de la voir revenir un jour au budget général du pays, ont vivement manifesté leur réprobation. Au mois d'avril, plusieurs fédérations départementales de pêche et de pisciculture, en la personne de leur président, ont décidé de porter l'affaire devant le Conseil d'État.

Lutte contre la pollution

L'autre grand souci des pêcheurs, dont la masse, au point de vue électoral, n'est certainement pas à dédaigner, reste la pollution des rivières. L'année 1968 a vu continuer les travaux d'inventaire des cours d'eau français. Il s'agit de prélever de l'eau dans 2 000 points de rivières ou de fleuves, d'analyser ces prélèvements et de faire ensuite, en quelque sorte, la carte de la pollution en France.

À partir de cela pourra s'appliquer la fameuse loi « sur l'eau », votée en décembre 1964, qui devrait avoir pour effet de lutter utilement contre la pollution, en obligeant les utilisateurs d'eau propre à la restituer, après usage, aussi propre qu'au moment où ils l'ont empruntée.

La pollution des rivières, si elle frappe au premier chef les pêcheurs amateurs, est tellement grave qu'elle doit également retenir l'attention de tous ceux qui sont chargés de protéger la santé et l'hygiène publiques, le tourisme, le camping, le caravaning et la navigation de plaisance.

La mer, elle-même, se trouve de moins en moins à l'abri de cette terrible pollution et le souvenir du naufrage du Torrey Canyon n'est pas près de s'effacer des mémoires. Il semble monstrueux que les navires pétroliers ne soient pas obligés de suivre des routes sans danger et puissent vider leurs soutes souillées à proximité des côtes...

Nouvelles réglementations

Au sujet de la chasse, la loi dite « Verdeille » continue à diviser l'opinion des chasseurs. On sait qu'elle a pour but de réglementer leur sport, d'instituer des plans de chasse et de réglementer l'activité des porteurs de fusil. En fait, elle semble surtout destinée à récupérer des territoires de chasse nouveaux sur le compte des petits propriétaires. En effet, dans les départements qui ont opté pour cette loi — une minorité, d'ailleurs, les autres préférant le statu quo ante —, beaucoup de propriétaires de terrains de moins de 20 ha, enclavés dans des terres communales, seront purement et simplement dépouillés de leurs droits.