La formule retenue prévoit trois filières :
– une voie en deux ans à temps plein dans un établissement scolaire préparant au brevet d'éducation professionnelle. Cet enseignement sera donné dans les collèges d'enseignement technique (CET), qui prendront le nom de collèges de second cycle. Les élèves titulaires de ce BEP pourront soit trouver directement un emploi, soit avoir accès à l'enseignement professionnel long conduisant aux baccalauréats de techniciens ;
– une voie en deux ans comportant un apprentissage et préparant au certificat d'aptitude professionnelle (CAP). Il s'agit d'une formation plus spécialisée et plus étroite donnée en milieu professionnel ;
– une formation en un an, soit dans un établissement d'enseignement technique, soit par un apprentissage en milieu professionnel, sanctionnée par un certificat de formation professionnelle (CFP).

En fin de troisième

La réforme de l'enseignement stipule que l'enseignement est obligatoire jusqu'à seize ans et que la quasi-totalité des enfants seront accueillis dans les CES. Dans la situation actuelle, la plus grande partie des élèves s'engouffrent dans les voies classiques et modernes des lycées et aboutissent au bac, alors que souvent il aurait été préférable pour eux d'être orientés vers des voies techniques et professionnelles.

Ces considérations ont incité le gouvernement à prévoir un système d'orientation plus vigoureux à la fin de la troisième. Cette procédure aura pour objectif de faire appliquer les prévisions du Ve plan, selon lequel 35 % des enfants devraient être accueillis dans la voie longue (menant aux baccalauréats) et 40 % dans le second cycle court, les 25 % restants entrant dans la vie active à seize ans.

Un corps spécial de personnel, les professeurs-conseillers, sera chargé d'informer les élèves et les familles sur les débouchés scolaires et professionnels qui s'offrent à eux. Ces professeurs ne dépendront pas d'un établissement, mais seront rattachés à des centres d'orientation qui auront compétence sur un ensemble d'établissements. Ils seront assistés par des psychologues et des orienteurs professionnels.

À titre expérimental

La composition des conseils d'orientation qui examinent les dossiers des élèves sera modifiée de façon à rendre ces conseils plus stricts. Les représentants des parents d'élèves ne siégeront plus qu'à titre d'observateurs. Les professeurs des élèves examinés n'assisteront plus aux délibérations. L'examen d'appel pour les élèves qui n'acceptaient pas le verdict du conseil est supprimé. Le seul recours consistera en un nouvel examen du dossier par une instance supérieure.

Des organismes nouveaux seront créés : un Service central d'orientation, rattaché au secrétariat général du ministère de l'Education nationale, un Office national d'information pour l'orientation pédagogique et professionnelle, qui assurera la mise au point de la documentation et la formation des professeurs-conseillers.

Cet Office regroupera certains services existant déjà, notamment le bureau universitaire de statistique (BUS). La mise en place de ces nouveaux mécanismes de l'orientation doit se faire progressivement. Elle commencera à titre expérimental dans deux académies en 1968-69.

Des réformes aussi importantes posent de considérables problèmes : information des familles, adaptation des enseignants et des administrateurs, construction ou transformation d'établissements, définition des programmes et des débouchés des nouvelles sections.

La carte scolaire

Deux questions soulèvent des difficultés particulières. La distinction entre établissements de premier et de second cycle conduit à transformer complètement la carte de l'implantation des établissements scolaires. Les CES vont être multipliés dans les petits centres (ils recruteront sur une aire de 10 000 habitants environ).

En revanche, les lycées n'accueillant plus que les élèves de second cycle, leur nombre va être réduit. Des villes de moyenne importance ou des quartiers des grandes villes voient ainsi leur lycée transformé en CES et amputé par conséquent du second cycle.