Les délégués appartenaient aux deux grands rites du judaïsme : le rite occidental, appelé ashkénaze, et le rite oriental (essentiellement les Juifs du Bassin méditerranéen), appelé sépharade. Ces deux rites varient en ce qui concerne la prononciation de l'hébreu et dans leur liturgie.

Une importante délégation représentait la France : elle avait à sa tête le grand rabbin Kaplan, Alain de Rothschild (président du Consistoire central) et Jean-Paul Elkann (président de l'Association consistoriale israélite de Paris).

La conférence mondiale de Jérusalem a permis pour la première fois aux Juifs du monde entier de confronter les problèmes de leurs communautés respectives. Mais, composée de rabbins et de laïcs, n'ayant pas reçu l'adhésion de certaines hautes autorités religieuses des États-Unis, elle n'était pas qualifiée pour prendre des décisions nouvelles en matière de dogme ; elle s'est donc préoccupée de trouver des solutions aux problèmes quotidiens que posent le maintien et le rayonnement des synagogues dans le monde.

Le judaïsme français

C'est un événement politique qui a surtout retenu l'attention : le passage de la conférence de presse du général de Gaulle consacré aux Juifs « peuple d'élite, sûr de lui-même, et dominateur ». Cette déclaration suscita de nombreux remous au sein de la communauté juive.

Ce fut l'occasion pour le grand rabbin de France d'avoir avec le président de la République un entretien particulier, à l'issue de la cérémonie protocolaire qui voit chaque année le plus haut représentant du judaïsme français présenter au chef de l'État les vœux de la communauté juive. Le général de Gaulle demanda au grand rabbin de France de faire savoir que ses propos ne se voulaient nullement injurieux et discriminatoires. Le grand rabbin déclara plus tard que « l'incident était clos ».

Le grand rabbin Kaplan, que cette entrevue plaçait au premier plan de l'actualité, avait connu, quelques mois auparavant, une distinction dont s'honora la communauté juive tout entière. Pour la première fois dans l'histoire du judaïsme français, un grand rabbin de France devenait membre de l'Institut.

On a beaucoup remarqué, également, la série de dialogues sur les nouvelles relations entre juifs et chrétiens, auxquels le grand rabbin a participé, en compagnie du R. P. Riquet.

Nouvelles synagogues

Les grandes institutions juives ont connu cette année des modifications importantes. Le poste de président du Consistoire central, vacant depuis la mort de l'ingénieur général Louis Kahn, a été pourvu : Alain de Rothschild, vice-président du Consistoire central et président de l'Association consistoriale de Paris, a été élu à l'unanimité. À la tête de l'Association consistoriale de Paris lui succède Jean-Paul Elkann.

Une des premières tâches du nouveau président fut d'inaugurer, en compagnie du grand rabbin de France, plusieurs synagogues, qui attestent la renaissance du judaïsme dans le Sud-Ouest. À Libourne, à Limoges et à Périgueux, la présence de Juifs rapatriés d'Afrique du Nord a permis de renforcer les anciennes structures existantes, parfois même de les ressusciter.

Dans le Sud-Est également une fédération des communautés israélites s'est créée. Depuis quelques années, l'idée régionale fait, en effet, son chemin dans la Communauté juive, qui fait de réels efforts pour arriver à une véritable décentralisation.

Quelques publications importantes auront également marqué cette année. Tout d'abord : la parution du premier traité de la Mishna (la loi orale, recueil des lois et traditions sur lesquelles se fonde le Talmud) et de deux chapitres d'un Traité du Talmud, également avec traduction française. La première Bible bilingue est également parue, avec la traduction française du rabbinat.

Enfin, depuis septembre 1967, les émissions télévisées de la Source de vie proposent chaque mois deux émissions nouvelles consacrées à la Bible.