Quelques shows remarqués : Marcel Amont en octobre, Maurice Chevalier en novembre, Zizi Jeanmaire en décembre, Brigitte Bardot en janvier, Gilbert Bécaud en avril, Nancy Sinatra en mai. Mais une demi-douzaine d'hirondelles ne font pas le printemps.

Les jeux (Pas une seconde à perdre, Un contre tous, Monsieur Cinéma*) suscitent moins d'enthousiasme, malgré l'appât de gains éventuels parfois importants.

Il en est de même pour les feuilletons (les Habits noirs, Lagardère, les Chevaliers du ciel, les Globe-Trotters, Sylvie des trois ormes, Max le Débonnaire, Sébastien parmi les hommes). On se souvient avec un certain étonnement des milliers de lettres reçues il y a quelques années par l'ORTF et les hebdomadaires spécialisés lors de la diffusion de Janique aimée. Le problématique mariage de Janique enlevait alors le sommeil à bon nombre de spectateurs. Cinq ans plus tard, la vie quotidienne, projetée sur le petit écran dans ce qu'elle a de plus sinistre (Saturnin Belloir), de plus banal (les Saintes chéries, animées pourtant par deux acteurs de talent, Micheline Presle et Daniel Gélin) et de plus stupide (Une mère pas comme les autres, aventures d'un jeune homme dont la mère s'est réincarnée dans un teuf-teuf doté de la parole), laisse indifférent.

Espoirs déçus

Seules, deux périodes éclairent cette longue hibernation : les fêtes de fin d'année et les jeux Olympiques.

Pour élaborer, avec le réalisateur Jean-Paul Carrère, les programmes de fin d'année, on a fait appel à un homme de théâtre, Jean Desailly. Malgré ce choix prometteur, bien des espoirs seront déçus. Les programmes traditionnels, bien pensants et familiaux, manquent de fantaisie et se révèlent fort ternes. Le feuilleton quotidien, Jean de la Tour Miracle, n'est « qu'une piteuse bande dessinée » (le Monde, 5-1-68). Les après-midi destinés à la jeunesse tirent leur succès relatif d'une série de films d'aventures (l'Aigle des mers et Capitaine Blood, avec Errol Flynn ; les Conquérants d'un nouveau monde, avec Gary Cooper ; Aventures fantastiques, d'après Jules Verne ; Tarzan, homme singe, avec Johnny Weissmuller ; la Caravane héroïque, avec Humphrey Bogart). Disparates, les émissions dramatiques tombent en avalanche et donnent parfois dans le mélodrame (la Bouquetière des Innocents). Avec la Vie parisienne* d'Offenbach, le Festival Gérard Philipe* et le show Brigitte Bardot* (accueilli de façons diverses par la critique, mais qui se vendra très bien au Marché international des programmes de télévision, en mars, à Cannes, et sera diffusé en mai sur la première chaîne), le réseau couleurs est un peu plus attrayant. Mais à l'issue de ces dix jours de programmes qui devraient cependant compter parmi les meilleurs de l'année, on évoque avec regret les Noëls des années passées.

En février, se produit un accès de fièvre avec les Olympiades. Les moyens mis en œuvre sont énormes. L'opération terminée, les plus sceptiques sont obligés de s'incliner devant la réussite. C'est la consécration de la télévision en couleurs. Les hommes et le matériel ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Ils sont largement récompensés par les résultats.

Les jeux Olympiques

Le 6 février, 600 millions de téléspectateurs assistent, en direct de Grenoble, à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques.

Pendant 12 jours, 90 % du potentiel technique de l'ORTF est mobilisé. L'Office sert en son et en images les pays du monde entier intéressés par les compétitions.

25 organismes de télévision membres de l'UER (Union européenne de radiodiffusion) et de l'intervision et 6 organismes non assimilés retransmettent 115 h 30 de programmes proposés par l'ORTF.

Grâce à 101 caméras électroniques, protégées du gel et de la neige par des capuchons spéciaux, dont 41 pour la couleur et 45 pour le film, les téléspectateurs français peuvent suivre 140 h 30 de programmes, dont 111 en direct.

Au centre Malherbe, l'ORTF dispose (sur plus de 6 000 m2) de 2 centres de distribution images et son, d'un laboratoire (où sont développés 1 000 à 1 500 m de pellicule à l'heure), de 4 studios, de 13 salles de montage et de 25 cabines de commentateurs.