La théorie a, plus encore que l'année précédente, été débattue au cours de nombreux colloques. Parmi les plus intéressants :
– Aix-en-Provence (14 et 20 janvier 1968) ; journées de sociologie urbaine sur le thème les fonctions urbaines et la structure de la ville ;
– Gif-sur-Yvette (29 mars 1968) ; dans le cadre du premier colloque sur l'aménagement du territoire et les techniques avancées : journée consacrée à l'urbanisation ;
– Royaumont (1er, 2 et 3 mai 1968) ; le colloque urbanisme et sociologie a confronté sociologues et urbanistes.
Ces trois rencontres ont, sous des angles divers, mis en évidence la complexité des problèmes d'urbanisation contrôlée dans la société industrielle contemporaine, soulevé les modalités de la participation des sciences humaines dans la recherche urbanistique, souligné le rôle de l'informatique ;
– Agadir (28 avril - 5 mai 1968) ; dans la ville reconstruite s'est tenu un congrès relatif à l'habitat du plus grand nombre, dans les pays en voie de développement. Les positions des urbanistes marocains ont été particulièrement remarquées. Elles se fondent, en particulier, sur les thèses de W. Turner, l'expert américain, et se résument dans le renoncement à une politique effective de construction par le gouvernement (impossible à assumer financièrement à une échelle adaptée aux besoins) au profit d'une politique de canalisation et de localisation des secteurs d'urbanisation. En apparence, cette attitude peut sembler patronner les bidonvilles. En fait, en contrôlant les zones d'urbanisation, elle permet de promouvoir un authentique aménagement du territoire, non contraignant et susceptible de faire appel à la spontanéité et aux ressources inventives des habitants.
– Aux USA, le général B. A. Schriever, anciennement chargé des engineering systems pour le programme américain des missiles et vaisseaux spatiaux, tente actuellement d'organiser l'application systématique aux problèmes d'urbanisation des méthodes et outils mathématiques, tels que techniques input et output, linear et non linear programming, modèles de stimulation et de feedback, etc. À cet effet a été constitué un consortium des grandes sociétés, telles que Aerojet general, Lockheed, General Electric, IBM, Rand Corporation, etc., qui ont antérieurement mis en œuvre les programmes de recherches militaires.

Les Halles de Paris

La rénovation du quartier des Halles et du plateau Beaubourg a pour la première fois passionné l'opinion et on peut estimer que les réactions de la Presse et du public ont déterminé les décisions du Conseil municipal. Celles-ci concernent deux types de problèmes relatifs au contenu et à la forme.

D'une part, il s'agit de l'élaboration du programme, c'est-à-dire des activités à implanter dans ce secteur, en particulier pour remplacer les anciens marchés alimentaires de gros, qui vont s'installer à Rungis à partir d'octobre 1968. D'autre part, il s'agit de l'élaboration de la forme, de l'option concernant le style dans lequel traiter le programme adopté : option rendue particulièrement délicate par la situation névralgique du quartier à rénover, au cœur historique de Paris, à la croisée de ses deux grands axes traditionnels de développement.

Des esquisses et maquettes sont demandées à cinq architectes désignés par le préfet : Arretche, Charpentier, Faugeron, Marien, Marot, et à un groupe d'architectes : l'Atelier d'urbanisme et d'architecture est désigné par le ministère des Affaires culturelles.

Le Conseil municipal demande, en juillet 1967, la mise au point de ces esquisses et maquettes en vue d'avant-projets qui devraient lui être présentés en février 1968. En même temps est précisé le programme dont devront tenir compte les derniers avant-projets. Il leur est demandé de le traiter « à l'échelle humaine en tenant compte des servitudes d'harmonie qu'implique le caractère des quartiers voisins » ; d'accentuer « plus nettement la vocation culturelle du quartier », de consacrer à l'habitat la moitié de la surface totale disponible et aux espaces verts une surface de 5 ha. La surface totale à rénover s'élevant à 35 ha.