Enfin, le Cabinet des dessins du Louvre, après avoir montré un choix de dessins de l'école napolitaine du xvie au xviiie siècle, exposait la donation des œuvres de Steinlen, que la fille de l'artiste venait de lui faire.

Van Dongen
(musée national d'Art moderne, Paris, 13 octobre - 26 novembre 1967)
(Museum Boymans-van Beuningen, Rotterdam, 8 décembre 1967-28 janvier 1968)

Kees Van Dongen, le plus fauve des fauves, celui qui le fut le plus profondément, en tout cas le plus naturellement et le resta le plus longtemps, atteignit ses quatre-vingt-dix ans le 26 janvier 1967. La rétrospective de son œuvre présentée à Paris (où il vint à l'âge de vingt ans et où il demeura), l'exposition de Rotterdam (où il naquit) commémoraient ce 90e anniversaire.

Peintre d'instinct, doué d'un tempérament puissant, aimant les couleurs violentes, les mises en page insolites, sans indulgence, faisant d'Anatole France un vieillard gâteux, ne cachant rien de l'aspect déplaisant de Rappoport, il demeura fidèle à lui-même quand, devenu peintre mondain, il fit le portrait des gens de la haute société et des étoiles de la scène. Il s'imposa et imposa son style, sa manière de voir.

Ce sont certainement ses toiles de jeunes filles, de femmes de condition modeste, de nus sensuels, de gens de cirque, qui le montrent le plus grand.

On a découvert aussi le paysagiste qu'il fut à certaines époques et on s'est aperçu que Van Dongen reste un des peintres les plus importants de son temps.

Ingres
(Petit Palais, Paris, 27 octobre 1967 - 29 janvier 1968)

Jean Auguste Dominique Ingres mourait le 14 janvier 1867 dans son appartement du quai Voltaire. Il avait quatre-vingt-sept ans. Cette remarquable exposition marquait donc le centenaire de sa mort, retraçant la longue carrière parfois difficile d'un homme fier, intransigeant, qui connut des échecs, mais aussi la gloire, régnant à la fin de sa vie en véritable dictateur sur la peinture.

Encore que les surréalistes tentèrent de l'annexer, la postérité fut ingrate envers lui. Cette exposition, vaste résumé de son œuvre, fut donc l'occasion de juger sur pièces, d'évaluer la place et l'importance d'Ingres dans l'histoire de la peinture. Ce fut aussi, pour beaucoup, et notamment pour les jeunes, qui vinrent nombreux, une heureuse circonstance, qui, dans les temps de confusion artistique où nous vivons, leur permit de découvrir et d'apprécier le dernier des grands classiques ; un homme dont la prestigieuse technique lui a toujours permis de maîtriser son art, même quand les sujets abordés n'étaient pas de la meilleure inspiration.

Peintre d'histoire

Cet hommage ne rassemblait pas moins de deux cent soixante-cinq pièces, peintures et dessins, dont un certain nombre d'études rapprochées des œuvres achevées.

Si les dessins ne sont pas contestés, non plus que les portraits, il est d'autres aspects de son œuvre certainement plus discutables, et ce ne sont pas ceux qui lui tenaient le moins au cœur. Ne répondit-il pas, un jour, à un visiteur qui demandait s'il était bien chez le portraitiste : « Vous vous trompez, ici vous êtes chez le peintre d'histoire », refusant ainsi ses titres les plus certains à la gloire. Michel Laclotte, responsable de l'exposition, n'a rien voulu dissimuler. Les grandes compositions mythologiques, d'histoire, religieuses étaient présentes : Œdipe et le sphinx, l'Apothéose d'Homère, Jupiter et Thétis, dont les déformations soulevèrent tant de polémiques, Romulus vainqueur d'Acron, le surprenant Songe d'Ossian, le Vœu de Louis XIII, qui remporta un succès éclatant au Salon de 1824, et le Martyre de saint Symphorien, si mal accueilli dix ans plus tard que son auteur repartit pour Rome, directeur, cette fois, de l'Académie de France.

Il y avait même les cartons de vitraux qu'il fit pour les chapelles élevées à la mémoire du duc d'Orléans. Tentative malheureuse, il faut bien le reconnaître.

Les portraits

Ainsi, le dossier ouvert contenait toutes les pièces. Il nous révélait même des domaines peu connus de l'œuvre, comme celui du paysage, par exemple.