Quant aux moins jeunes, leurs loisirs sont invariablement un des principaux sujets de discussion lors des conférences consacrées aux problèmes du maintien de l'ordre public, qui se multiplient, après le plénum d'avril, dans toutes les régions du pays. Car l'expérience de la généralisation de la semaine de cinq jours, décidée l'année précédente, est finalement assez décevante.

Comme le signale la Pravda du 22 mai, les deux jours chômés sont trop souvent consacrés « à des beuveries et aux jeux de hasard ». Les syndicats, aussi, portent une grande attention à cette situation et son amélioration devient une de leurs principales tâches. Puisque le développement de la productivité en est également une, ils font d'une pierre deux coups. Désormais, les activités culturelles (concerts, lectures publiques, conférences) ne devront plus avoir lieu, comme c'était souvent le cas, pendant les heures de travail, mais pendant le temps libre. Les animateurs de loisirs collectifs et sains rencontreront ainsi plus de succès à la fin de la semaine.

Défense de la famille

La presse soviétique, qui accompagne souvent ses critiques sur les incartades des jeunes de remarques très dures sur la responsabilité de leurs parents, a ouvert ses colonnes pendant plusieurs mois à une passionnante discussion : le nouveau « Code de la famille », adopté au mois de juin. Spécialistes et simples citoyens ont manifesté une volonté ferme de voir renforcées l'institution du mariage et la famille.

Beaucoup de lecteurs ont demandé que la cérémonie de l'« enregistrement du mariage » revête un caractère plus solennel, et ils ont obtenu satisfaction. La nouvelle loi rend plus difficile le divorce dans certains cas ; le mari ne peut le demander sans l'accord de son épouse, si elle est enceinte ou mère d'un enfant de moins d'un an. Certains emballements regrettables seront freinés : pas de mariage moins d'un mois après la déclaration initiale. Mais le divorce par consentement mutuel sera automatique au bout de trois mois pour les époux sans enfants.

Un pouvoir stable

Ce qui a le moins changé, c'est l'organisation de la direction du pays à tous les niveaux, à Moscou comme dans les Républiques et les Régions. Les « communistes », c'est-à-dire les membres du parti, sont maintenant un peu plus de 13 millions. La progression ralentit. On applique, en fait, plus rigoureusement les conditions d'entrée et de maintien dans le groupe des « meilleurs fils et filles du peuple ».

Peu d'hommes nouveaux, si l'on excepte K. F. Katouchev, parmi ceux qui occupent des postes de premier plan. La perte d'influence d'Alexandre Chelepine semble s'être confirmée ; d'autres paraissent, au contraire, avoir acquis une position plus solide : le chef du parti en Ukraine, Chelest, par exemple, et surtout André Kirilenko, autre Ukrainien, dont certains pensent qu'il a l'étoffe d'un secrétaire général du parti.

Cette stabilité se retrouve au niveau des rapports entre citoyens et administration. C'est pourquoi beaucoup de lecteurs de la Pravda du 26 avril ont dû lire avec quelque scepticisme la « loi sur la procédure d'examen des propositions, déclarations et plaintes ». Ce texte vise, en quelque sorte, à favoriser le dialogue entre administrateurs et administrés, à promouvoir la participation de l'ensemble des citoyens à la gestion des affaires du pays. Les administrés ont dû estimer que les juristes du Soviet suprême qui l'ont rédigé ne manquent pas d'humour : désormais « une plainte ne doit plus être examinée par le fonctionnaire qu'elle met en cause... ».

K. F. Katouchev

Konstantin Fedorovitch Katouchev (41 ans), qui a été nommé, le 10 avril 1968, secrétaire du Comité central, en remplacement d'Alexandre Chelepine, a gravi successivement tous les échelons de la hiérarchie du parti, sans quitter Gorki (le Billancourt soviétique, la ville de l'automobile), où il avait été auparavant ingénieur. Depuis sa montée à Moscou, il a été plus spécialement chargé de représenter la direction du parti dans les discussions avec les dirigeants des pays socialistes.

120 fois plus de communistes

La préparation des festivités d'octobre battait son plein ; la Pravda publie alors une statistique à laquelle elle semble attacher une grande signification : depuis la victoire du parti de Lénine, le nombre des communistes dans le monde a augmenté de 120 fois.