Le général Ongania se heurte aussi à l'hostilité des milieux syndicaux, en dépit de certaines ouvertures faites dans leur direction. Une partie du mouvement syndical apporte bien un appui timide au régime, mais c'est au prix d'une grave scission au sein de la Confédération générale du travail (CGT). La répression qui vise les syndicalistes rétifs ne fait qu'ajouter à la précarité de la situation. Le chef de l'État est, d'autre part, amené, en mars 1968, à dénoncer les « hommes ordinaires » qui l'entourent et la paralysie de son gouvernement. Cette semi-autocritique s'accompagne du remplacement d'un certain nombre de gouverneurs de province.

Résolument pro-américain et anticastriste, le général Ongania s'est beaucoup rapproché de la Bolivie à l'occasion de la tentative insurrectionnelle de Che Guevara. Il en va de même à l'égard du Paraguay, dont le chef, le général Stroessner, vient en visite officielle à Buenos Aires. Cette ligne anticommuniste s'accompagne d'un certain antiaméricanisme (notamment dans les secteurs ultranationalistes des forces armées) et d'un rapprochement avec la France, symbolisé par la conclusion d'un important accord d'armement entre les deux pays.

Deux conflits territoriaux rebondissent d'autre part : l'un avec le Chili, à propos des droits sur le canal de Beagle, et l'autre avec la Grande-Bretagne, à propos des îles Malouines (Falklands).

Barbade

245 000. 565. 1,0 %. Consomm. énergie (*65) : 422 kg e.c.
Transports. Parc autos (*65) : 10 500 + 3 200.
Information. Journaux : 2 quotidiens ; tirage global : 27 000. Récepteurs radio : *43 000. Téléviseurs : *6 000. Cinéma (*63) : 8 salles ; fréquentation : 1,6 M. Postes téléphone : 15 488.
Santé (64). 94 médecins.
Éducation (64). Prim. : 39 173. Sec. et techn. : 15 431. Sup. : 407.
Institutions. État indépendant le 30 novembre 1966, après 339 ans de tutelle britannique. Constitution de 1966. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir John Premier ministre : Errol Walton Barrow.

Bolivie

3 748 000. 3. 1,4 %. Consomm. énergie (*65) : 185 kg e.c.
Transports. Parc autos (63) : 14 500 + 26 600. Aviat. civ. (*65) : 49 945 000 pass./km.
Information. Journaux : 9 quotidiens ; tirage global : 95 000. Récepteurs radio : *525 000. Cinéma (64) : 120 salles ; fréquentation : 3,2 M. Postes téléphone : 25 235.
Santé (63). 977 médecins.
Éducation. Prim. : 526 833. Sec. et techn. : 92 880. Sup. : 11 090.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1947. Président et chef de l'exécutif : général René Barrientos Ortuño, élu le 3 juillet 1966. Ces élections légalisaient le coup d'État du général Alfredo Ovando Candia du 4 novembre 1964.

La seconde moitié de 1967 est marquée par l'écrasement du foyer de guérilla implanté dans l'est du pays par Che Guevara et une cinquantaine de partisans.

La liquidation de la guérilla — qui coïncide avec la fin du procès intenté à Régis Debray — est suivie par une vague d'arrestations, en particulier dans les milieux universitaires et syndicaux, et par de nombreuses rumeurs de coups d'État contre le général-président Barrientos, que certains militaires accusent de « mollesse » dans la lutte contre la subversion.

Un « révolutionnaire intellectuel »

Niant les crimes dont on l'accusait — et qui ne devaient jamais être prouvés —, Régis Debray s'est défini lui-même devant les juges militaires de Camiri, comme un « révolutionnaire intellectuel ».

En décembre 1965, Régis Debray part pour Cuba. Il y restera jusqu'en 1967 en tant que professeur (détaché dans le cadre de la coopération) à l'université de La Havane. Très remarqué en janvier 1966, au moment de la Conférence tricontinentale, pour ses relations amicales avec Fidel Castro, Régis Debray publie au début de 1967 son premier ouvrage : Révolution dans la révolution ?, dans lequel il développe les thèses du commandant Ernesto Che Guevara.

Peu après, après un crochet par Paris, il se rend en Bolivie. Il y est arrêté le 20 avril 1967, dans la zone de guérilla bolivienne, en civil et sans armes ; il est condamné à trente ans de prison, le 18 novembre de la même année, par le tribunal militaire de Camiri.