Le gouvernement fédéral, qui avait repoussé l'idée d'une trêve de Noël proposée par Paul VI, intensifie son effort de guerre. Il est paradoxalement aidé dans ce sens à la fois par la Grande-Bretagne, qui vend armes et munitions aux fédéraux, et par l'Union soviétique, qui poursuit ses livraisons d'avions, Mig notamment. Ainsi, tandis que la majorité des dirigeants africains refuse d'intervenir dans les affaires intérieures nigérianes, les grandes puissances européennes s'y immiscent directement, et mercenaires de toutes origines combattent dans les deux camps.

Ouganda

7 740 000. 33. 2,5 %. Consomm. énergie (*65) : 42 kg e.c.
Transports. Parc autos (*65) : 30 300 + 5 900.
Information. Journaux (64) : 4 quotidiens ; tirage global : 37 000. Récepteurs radio : *200 000. Téléviseurs : *5 000. Cinéma : 21 salles ; fréquentation : 2 M. Postes téléphone : 19 306.
Santé (64). 158 médecins.
Éducation (64). Prim. : 525 585. Sec. et techn. : 20 143. Sup. : 1 127.
Institutions. État fédéral indépendant le 9 octobre 1962. République proclamée le 9 octobre 1963. Constitution présidentielle de 1966. Président de la République et chef du gouvernement : Milton Obote, auteur du coup d'État du 22 février 1966 qui renverse le chef de l'État, Mutesa II, roi du Bouganda. Membre de la Communauté économique d'Afrique orientale, fondée le 1er décembre 1967.

République arabe unie

30 147 000. 30. 2,6 %. Consomm. énergie (*65) : 301 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 5 788 M pass./km, 3 314 M t/km. Parc autos (*65) : 97 700 + 26 000. Mar. march. : 237 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 594 029 000 pass./km.
Information. Journaux (63) : 9 quotidiens ; tirage global : 409 000. Récepteurs radio : 1 613 000. Téléviseurs : *323 000. Cinéma : 266 salles ; fréquentation : 63,3 M. Postes téléphone : 330 000.
Santé (64). 12 120 médecins.
Éducation (64). Prim. : 3 334 738. Sec. et techn. : 845 948. Sup. : 144 496.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953, après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renverse le roi Farouk. Constitution de 1964. Président de la République et chef du gouvernement : colonel Gamal Abdel Nasser, réélu le 25 mars 1965. Parti unique : Union socialiste arabe.

Nasser parvient à assurer la survie de son régime

En un an, le régime nassérien, que beaucoup d'observateurs tenaient pour perdu, a réussi à se maintenir. Fin juin 1967, l'État autoritaire échafaudé en quinze ans est pratiquement inexistant. L'armée, orgueil de la nation, s'est effondrée. Vaincue, décimée, abandonnée ou trahie par ses officiers supérieurs, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. La révolte gronde dans certaines unités et, pour la première fois depuis de nombreuses années, le président Nasser, selon l'un de ses intimes, ne se couche plus qu'armé d'un pistolet.

Le chef de l'État égyptien ne peut même plus compter sur ses services de sécurité, dont le chef est entré en dissidence. Il peut difficilement s'appuyer sur l'Union socialiste arabe (le parti unique), ce « géant aux pieds d'argile », dont les 6 millions de membres inscrits se trouvent en plein désarroi, tout autant qu'une administration frappée de paralysie par la soudaineté et l'étendue de la défaite.

Dans la presse, de violentes polémiques éclatent. Il s'agissait à la fois de désigner les responsables d'une catastrophe nationale sans précédent et de tracer une nouvelle ligne de conduite. La principale tête de turc est Mohamed Hassanein Heykal, rédacteur en chef de l'officieux Al Ahram, confident et conseiller du chef de l'État. La contestation vise la politique intérieure et extérieure de Nasser, à un moment où celui-ci, tiraillé par des forces contradictoires, est condamné à l'immobilisme.

De profonds remaniements

Comme à l'accoutumée, le Raïs se dégage progressivement et successivement de ses adversaires, louvoyant au besoin, et n'avançant qu'avec précaution. Il change de gouvernement en tenant compte des centres du pouvoir et des barons, qu'il devait dénoncer par la suite. Son discours du 23 juillet, dans lequel il affirme que « la génération de dirigeants issus de la révolution doit laisser la place à de nouvelles équipes », annonce en quelque sorte l'arrestation, le 25 août, du maréchal Amer et de ses amis, la formation, en mars 1968, d'un ministère de techniciens, pour la plupart des nouveaux venus à la politique, la démission, toujours en mars, de Zakarya Mohyeddine, le no 2 du régime, l'élimination d'Ali Sabri de la direction du parti unique, et de profonds remaniements dans l'armée, les services spéciaux et la police.